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Riyad s'est-il tourné le dos à Biden?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L’Occident ne tolère plus MBS. (Illustration)

Avec plus d'une demi-douzaine de livres écrits sur le prince héritier saoudien, les décideurs occidentaux ont choisi d'ignorer sa caractéristique la plus évidente qui est la trahison, d’après Middle East Eye.

L'euphorie de certains journalistes qui se sont envolés pour Riyad pour rencontrer et interviewer le prince héritier s'estompe et laisse place à une nouvelle image. Après avoir été surnommé un grand réformateur, il est maintenant mieux connu comme un méchant dictateur, a écrit Madawi al-Rasheed dans un article publié 26 avril par Middle East Eye.  

MBS a défié ses protecteurs à Washington en ignorant l'appel du président Joe Biden à augmenter la production de pétrole et à sauver les États-Unis et le monde d'une crise économique imminente. Alors que le monde continue de souffrir de la flambée des prix de l'énergie, les partenaires occidentaux de MBS, parfois qualifiés d'alliés, ne l'ont une fois de plus pas compris.

Avec plus d'une demi-douzaine de livres écrits sur MBS par des journalistes bien connus, les décideurs politiques ont choisi d'ignorer sa caractéristique la plus évidente à savoir, la trahison. Mais la diffamation contre le prince héritier trouve ses origines dans la guerre contre l’Ukraine plutôt que dans le meurtre en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens.

La CIA a confirmé dans un rapport en 2018 que Mohammed ben Salmane a ordonné le meurtre de Khashoggi, cependant, les États-Unis et leurs alliés occidentaux se sont abstenus d'imposer des sanctions au futur roi d'Arabie saoudite, espérant que l'engagement avec lui valait mieux que de le punir. Or maintenant, le prince héritier saoudien est un dictateur méchant indigne de confiance qui refuse de respecter le vieux marché dans lequel les États-Unis offraient une protection en échange de la soumission.

L'erreur de MBS persiste dans le fait qu’il poursuit son propre intérêt national, à savoir reconstituer les caisses vides saoudiennes avec les revenus pétroliers dont il a tant besoin et profiter de la hausse des prix de l'énergie, tout en étant également exposé à l'inflation mondiale, car il continue de dépendre de l’importation d’un large éventail de biens essentiels, à des prix premium actuellement. Le prince héritier saoudien n'est pas quelqu'un qui pense en termes d'équilibre entre perte et gain. Il est déterminé à gagner à tout prix, même la perte du soutien de ses suzerains à Washington.

Dans un article récent publié par le Wall Street Journal, MBS est décrit comme présentant des tendances infantiles lorsqu'il a accueilli l'envoyé américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, vêtu d'un short et lui a crié dessus lorsqu'il a prononcé le nom de Khashoggi. Auparavant, sa tenue aurait été louée pour être décontractée et moderne, reflétant son programme réformiste et son engagement envers la culture des jeunes. Désormais, la même tenue vestimentaire est interprétée comme un signe d'irrespect et d'enfantillage.

L’article du WSJ a été suivi d'un autre appel brutal dans le Chicago Tribune à « laisser l'Arabie saoudite aux loups ». Mais quels loups ? Elizabeth Shackelford, une ancienne diplomate et membre d'un groupe de réflexion, plaide en faveur de l'abandon du prince héritier pour le laisser faire face à un avenir incertain, rappelant aux décideurs politiques américains le sombre passé de l'Arabie saoudite, du radicalisme religieux à la discrimination à l'égard des femmes.

Pour Washington, le principal péché de MBS est d'ignorer les intérêts américains et de s'abstenir de condamner ouvertement l’opération militaire russe contre l'Ukraine. N'oublions pas que les excès antérieurs de l'Arabie saoudite - désormais considérés comme inacceptables par les médias et les cercles de réflexion américains - ont non seulement été tolérés, mais également renforcés et encouragés par la politique étrangère des États-Unis.

MBS était auparavant considéré comme un dirigeant autoritaire qui était non seulement toléré mais aussi félicité pour ses soi-disant réformes libérales. Les journalistes qui l'ont rencontré ont constamment rappelé qu'il ne fallait pas le juger selon les normes des démocrates ou de la démocratie.

Il devait être compris comme un jeune réformateur essayant de moderniser un pays conservateur et radical, bien qu'il ait détenu des centaines de militants et exécuté de nombreux autres, la dernière série d'exécutions massives a eu lieu récemment conjointement à la visite du Premier ministre britannique Boris Johnson en Arabie saoudite.

Mais les lignes séparant les dirigeants autoritaires et les dictateurs sont souvent floues. Ce n’est que six ans après être devenu l'homme le plus haut placé de la hiérarchie saoudienne, MBS a été condamné en tant que dictateur saoudien, qui poignarde les États-Unis dans et refuse de concéder à leurs demandes.

L'histoire se répète. Tant que les dictateurs sont au service des intérêts américains, ils sont non seulement tolérés mais sont aussi largement soutenus avec des armes qu'ils utilisent contre leur propre peuple et leurs voisins. MBS est le dernier ajout à la longue liste de dictateurs que les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont soutenus pendant des décennies et continuent de soutenir jusqu'à nos jours. Or, c’est inné chez les dictateurs, ils ne sont pas dignes de confiance et leur soumission à leurs protecteurs et facilitateurs est généralement transitoire.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV