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Ukraine : les EAU et l'Arabie saoudite s'opposent aux USA

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite entretiennent un partenariat solide avec la Russie, tant sur le plan politique qu'économique. ©Fars news

La position des EAU et de l'Arabie saoudite sur l'opération militaire russe de l'Ukraine a soulevé des questions sur ce que les deux pays cherchent à réaliser sous le parapluie de la guerre.

Selon le site Web Al-Khaleej Online, alors que les Émirats arabes unis se sont abstenus vendredi 25 février de condamner l’opération militaire russe en Ukraine lors du vote du Conseil de sécurité des Nations unies, ils ont fini par voter en faveur de la même résolution à l'Assemblée générale des Nations unies.

Le Kremlin a annoncé mardi 1er mars, que le prince héritier d'Abu Dhabi, Cheikh Mohammed ben Zayed, avait souligné lors d'un appel téléphonique avec le président russe, Vladimir Poutine, le droit de la Russie à protéger sa sécurité nationale.

Deux jours avant l'entretien téléphonique entre Poutine et le prince héritier d'Abu Dhabi, le vice-ministre saoudien de la Défense, le prince Khalid ben Salmane, s'est rendu à Abu Dhabi 27 février  et a rencontré ben Zayed et le conseiller à la sécurité nationale, Cheikh Tahnoun ben Zayed. La réunion a porté sur la coopération stratégique et le travail conjoint dans le domaine de la défense, ainsi que les développements régionaux et internationaux.

La crise ukrainienne a fait l'objet de discussions américano-saoudiennes peu avant le début de l’opération militaire russe en Ukraine. Le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, a rencontré ses homologues saoudien et qatari, en marge de la conférence de Munich sur le climat, et s'est entretenu avec eux concernant l'évolution de la situation dans la région.

Mais les Émirats arabes unis se sont abstenus 25 et 27 février de voter pour la résolution adoptée par Washington au Conseil de sécurité contre la Russie, et ont dit craindre que Moscou n'utilise son veto sur la décision de prolonger l'embargo sur les armes contre le Yémen, qui a été votée lundi 28 février 2022.

La position des EAU a suscité de nombreuses critiques de sorte que et l'agence de presse française, AFP, a rapporté 28 février que les Occidentaux étaient très déçus par la prise de position des EAU qui se sont abstenus de voter contre la Russie à deux reprises.

Le journal britannique Financial Times a fait savoir que Blinken avait appelé son homologue émirati, Abdullah ben Zayed, pour souligner l'importance d’une réaction internationale forte pour soutenir la souveraineté ukrainienne, mais lorsqu'il s'agissait de voter au Conseil de sécurité de l'ONU, les Émirats arabes unis ont ignoré les appels de Washington.

La plupart des États du golfe Persique, qui pendant des décennies considéraient les États-Unis comme leur garant de la sécurité, ont réagi en silence alors qu'ils tentaient de garder une position neutre pour maintenir la coopération avec Moscou sur les questions géopolitiques et énergétiques.

Mais les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite ont adopté  une politique étrangère semi-unifiée puisqu'ils sont engagés dans une guerre sanglante au Yémen depuis sept ans.

« Les États du golfe Persique ont construit de grands partenariats politiques et économiques avec les Russes, lorsqu'ils se sont assurés que les États-Unis ne sont plus un allié fiable comme ils l'étaient par le passé, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, en particulier, tiennent à ces partenariats », a rapporté l'analyste saoudien Ali Al-Shihabi.

L'écrivain, expert des affaires du golfe Peraique, Suleiman Nimr, estime que l'Arabie saoudite n'a pas pris position en faveur des États-Unis dans la guerre en l'Ukraine, car elle n'a publié aucune déclaration révélant son soutien à l'une des deux parties de la crise.

« Après la guerre, il y a eu un contact entre le président russe Vladimir Poutine et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, alors qu'aucun contact américain n'a été établi avec le prince héritier et l'Arabie saoudite », a-t-il poursuivi.

Selon Nimr, le Royaume n’entend pas donner aux États-Unis une position favorable, comme il en avait l'habitude dans le passé et sous précédentes administrations américaines.

Nimr estime que les pays du golfe Persique pourraient profiter de la guerre russo-ukrainienne avec la hausse des prix du pétrole. « Si l’Arabie saoudite avait l’habitude de donner son feu vert aux demandes américaines d’augmenter la production de pétrole afin d’en réduire le prix, elle n’a pas encore pris une décision définitive depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine », a-t-il noté.  

Selon Abdul-Khaleq Abdullah l'analyste politique et ancien conseiller du prince héritier d'Abu Dhabi, les EAU représentent tous les pays arabes au Conseil de sécurité, et par conséquent, leur vote sur une résolution nécessite également un consensus arabe et asiatique.

Abdullah a ajouté: « Les Émirats arabes unis aimeraient maintenir une neutralité politique flexible, ce qui pourrait leur donner une certaine marge pour jouer des rôles politiques qui leur conviennent ».

Le président du conseil d'administration de « Kuwait Industries Holding Company », Muhammad Ali Al-Naqi, souligne que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis représentent la partie la plus vaste et la plus importante de la péninsule arabique, et il est peu probable que leur position soit en faveur des États-Unis.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV