Qui aurait cru que l'Iran pays à "l'une des flottes aériennes de combat et civile les plus désuètes" au monde en arrive un jour à fabriquer des pièces détaches d'avion pour le géant russe et le faire alors même que le Nord Stream I, principal pipeline reliant le gaz russe à l'Europe attend que les Iraniens fabriquent des turbines pour le remettre en état? Et pourtant c'est ce qui est en train de se produire à la faveur des sanctions, quelques 10 000 cas que l'Occident a infligé à la Russie et ce suivant une logique kamikaze parfaitement ahurie, la même logique qui a fait dans le temps fuir Renault-Peugeot ou encore Tatal du marché iranien. Mais ce n'est pas tout : car les Iraniens pourraient ne pas se contenter de fabriquer des pièces d'avions en Iran en échange du rouble ou du rial deux monnaies qui tendent à la bourse iranienne à remplacer le dollar et devenir une devise d'échange. Que pourrait-il faire d'autres? Et bien à l'heure des grands débats sur la présence des centaines de drones iraniens sur le front ukrainien, il se pourrait que la fabrique des pi-ces d'avion soit troqué contre une usine d'assemblage ou pourquoi pas de carrément construction des Su-30 en Iran! Ce serait extraordinaire que les conseillers et ingénieurs iraniens partis pour la Russie apprendre comment faire voler le Shahed 129 aux collègues russes se voient être remplacés par les ingénieurs russes apprenant aux Iraniens non pas faire monter mais fabriquer des Su-30. Et puisqu'on connait aux Iraniens les talents de "rajout" les Russes pourraient être sûrs que le produit final ne les décevra pas. Top War-ru , la revue militaire russe revient sur cette étrange information.
"Des responsables iraniens et russes ont signé un accord de coopération concernant la livraison de pièces d'avions de fabrication iranienne à la Russie, ont rapporté les médias iraniens.
Selon l'agence de presse iranienne Mehr News, l'accord a été signé en même temps qu'un protocole d'accord pour augmenter la fréquence des vols entre les deux pays. L'accord permettrait également aux entreprises iraniennes d'effectuer des réparations, de la maintenance et de l'assistance technique sur les avions russes. Mardi 26 juillet, le porte-parole de l'Organisation de l'aviation civile iranienne (CAO) a annoncé la signature d'un protocole d'accord entre l'Iran et la Russie qui stipule le passage des vols civils entre les deux pays à 35 par semaine. Mir-Akbar Razavi a déclaré que le vice-ministre russe des Transports s'était entretenu mardi avec le chef de l'Organisation de l'aviation civile iranienne Mohammad Mohammadi-Bakhsh.
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En vertu du protocole d'accord, les compagnies aériennes des deux pays sont autorisées à exploiter des vols de fret sans restriction de capacité dans le cadre de l'accord susmentionné. Il a également été décidé de signer un accord de coopération avec la Russie en vue d'offrir la possibilité d'exporter des pièces et des équipements fabriqués en Iran vers la Russie ainsi que d'effectuer des services de réparation et de maintenance et d'assistance technique des avions russes par les centres de réparation iraniens, a ajouté le porte-parole du CAO. Les accords respectifs sont intervenus au lendemain des réunions du 19 juillet à Téhéran impliquant le président russe Vladimir Poutine et le président iranien Ebrahim Raïssi. Le 25 juillet, lors d’une réunion de son cabinet, Poutine a déclaré que le secteur du transport aérien a fait l’objet de sanctions. « Avec toutes les difficultés , la situation actuelle offre une occasion unique d'entrer dans un nouveau niveau de développement fondamental », a déclaré le chef de l’Etat russe.
Depuis le février 2022 et l’opération spéciale russe contre l’Ukraine, l’Union européenne a adopté plusieurs paquets de sanctions, en coordination avec ses partenaires, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et les autres pays du G7. Elle a surtout interdit l'exportation vers la Russie de biens et de technologies utilisées dans l'industrie aéronautique et spatiale. En outre, l'assurance et la maintenance des équipements liés à l'aviation et à l'espace sont interdites. Des restrictions ont été imposées aux compagnies aériennes russes. Cependant, le 21 juillet, l'UE a assoupli certaines restrictions et autorisé la fourniture de biens et services aéronautiques à la Russie à un niveau lui permettant de respecter les normes de l'Organisation de l'aviation civile internationale.
La société américaine Boeing a décidé de cesser de desservir et de soutenir les compagnies aériennes russes, ainsi que de leur fournir des pièces de rechange et des composants pour les avions. Selon l'expert en aviation, le rédacteur en chef du portail avia.ru, Roman Gusarov, dans une situation où la Russie et son industrie aéronautique sont soumises à des sanctions sévères, toute coopération est utile et profite aux parties. Selon lui, l'Iran surmonte les sanctions depuis longtemps. Il fournit des pièces de rechange pour les avions occidentaux et effectue des travaux de réparation.
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« Bien sûr, l’expérience de l’Iran est extrêmement intéressante pour Moscou. L'Iran est également intéressé par cette coopération. Il pourra nous transmettre son expérience dans la fourniture de pièces de rechange », a-t-il estimé. « Je crois que la Russie signera des accords avec les pays qui font eux-mêmes l’objet de sanctions, comme l'Iran. Certains pays appréhende un partenariat avec la Russie par crainte des sanctions. La Chine qui achète le pétrole russe, est menacée. Des sociétés pourraient établir une coopération avec la Russie de manière clandestine. » L'ancien vice-ministre de l'aviation civile de l'URSS et président de la Fondation partenaire de l'aviation civile, Oleg Smirnov, a déclaré qu'après la visite du président Vladimir Poutine à Téhéran, les deux parties envisageaient un partenariat dans le domaine aéronautique.
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« On peut dire qu'avec certains partenaires importants, des liens se sont renoués après la tentative de l'Occident de nous mettre à l’isolement. Dans l'aviation, l'Iran jouit d’une expérience riche sous sanctions. Il détient le record de la durée des restrictions. Les Iraniens peuvent nous transférer leur expérience précieuse sur la façon d'agir dans des conditions aussi difficiles. Je dois dire qu'ils développent de nombreuses technologies aéronautiques », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : « J'ai travaillé en Iran dans les années 1990 et je sais comment ils ont agi, quelles décisions ils ont prises. Ils ont une population de 90 millions d'habitants, le pays est couvert de montagnes et l'aviation est d'une importance capitale pour le réseau de transport de l'État. Au moment de l'imposition des sanctions, ils avaient exclusivement des avions américains, donc la situation était très difficile au début - ils ont refusé de leur fournir des pièces de rechange, de réparer des navires et les ont privés de technologie. »
En ce qui concerne les aides de l'Iran à la Russie, il a déclaré : « Ils nous proposent une aide en consommables - pneus d'avion, plaquettes de frein, que nous ne fabriquons pas. De plus, ils proposaient une assistance en matière d'aviation d'affaires - maintenance de ces types d'avions. Je pense que la liste s'allongera à l'avenir. »
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« Ils ont fait des progrès, ils ont de l'expérience, des technologies. Soit dit en passant, les choses vont plutôt bien là-bas. Ils s'occupent de l'électronique et de l'intérieur de l'avion. Et ils sont l'un des leaders mondiaux des avions sans pilote. Nous avons donc un champ de coopération assez large », a-t-il conclu.
Rappelons que le think tank américain Atlantic Council a abordé dans un article du 10 novembre 2021 l'achat d'avions de combat par l'Iran. Or désormais cet achat pourrait se transformer en un troc parfaitement bénéfique aux Iraniens et aux Russes : car si l'Iran fabrique des pièces de MLiG 29, du Su-24 ou 30 ou 35, pourquoi il n'en fabriquerait pas des avions entiers? Mais de cela Atlantic n'avait à l'époque aucune idée, lui qui écrivait : " La Russie est un fournisseur approprié de matériel militaire à l'Iran.
« Le Su-30 serait un bon atout si l'Iran pouvait également obtenir le Su-35, un avion de chasse bimoteur monoplace, également développé à partir du Su-27. Alors que les deux types sont capables d'attaquer des cibles au sol et en surface, le Su-35, qui a fait ses débuts internationaux en 2013 lors du salon aéronautique du Bourget en France, est mieux conçu pour les tâches dites de dominance aérienne (c'est-à-dire pour les opérations air-air) », lit-on dans l'article de l'Atlantic Council. En raison de ses systèmes de ciblage et de ses armements, le Su-35 est désormais l'avion le plus avancé de l'armée de l'air russe. Grâce à son radar Irbis, chaque Su-35 iranien peut suivre jusqu'à trente cibles aériennes et engager des cibles à longue distance. Cependant, le coût serait encore une fois un obstacle majeur.
Néanmoins, l'Iran pourrait être tenté de rechercher une option plus économique et de se procurer les chasseurs MiG-29 conçus à l'époque soviétique. Bien que l'Iran dispose de deux escadrons de variantes A/UB, ils constituent toujours l'épine dorsale de la flotte aérienne de Téhéran.L'autre option est le Yak-130 : un avion d'entraînement bimoteur subsonique, qui peut également être utilisé comme chasseur léger ou avion d'appui rapproché. Il est proposé par la Russie mais a été co-conçu en coopération avec l'Italie. Cet avion donnerait à l'armée de l'air iranienne un coup de pouce technologique et industriel indispensable. Il sert à surveiller l'espace aérien national et soutenir les forces terrestres."... Désormais il y a une autre option ... Fabriquer des avions russes.