Lundi dernier, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a affirmé que l'Iran se préparait à envoyer en Russie plusieurs centaines de drones censés être utilisés dans l'opération militaire de Moscou en Ukraine, ce que l'Iran a rejeté avec véhémence.
Washington se méfiait du programme de drones de l’Iran avant même que la Russie ne lance son opération militaire en Ukraine. En novembre dernier, les États-Unis ont introduit des sanctions contre des entreprises privées iraniennes pour leur implication présumée dans la production de drones de combat et de reconnaissance.
Denis Fedutinov, rédacteur en chef du magazine Drone Aviation, a déclaré à la chaîne russe RT que les drones iraniens revêtent une importance particulière pour être examinés. Faisant référence à l'expérience de l'Iran dans la conception et la construction de drones depuis les années 1980, il a déclaré : « Actuellement, l'Iran possède plusieurs dizaines de systèmes de drones, des drones miniatures aux modèles de la classe dite medium-altitude long-endurance UAV (MALE). »
Selon Fedutinov certains drones iraniens ont été inspirés par les conceptions américaines. Par exemple, les drones Gaza et Yasir ont été conçus sur la base du drone américain Boeing Insitu ScanEagle intercepté par les Iraniens en 2012, tandis que les drones Shahed-171 Simorgh et Saegheh-2 ont beaucoup en commun avec le RQ-170 Sentinel qui, lui, a violé l'espace aérien iranien en 2011.
Les drones d'attaque Shahed-129, visuellement similaires au MQ-1 Predator américain, revêtent une importance particulière pour leur rôle actif dans la guerre en Syrie depuis 2014, indique Denis Fedutinov. Et de poursuivre : « L'Iran n'aime pas trop partager des informations sur ses drones, ne révélant que ce qui lui est bénéfique. Mais sans aucun doute, sa vaste expérience dans le développement de drones est un atout majeur. »
Pourquoi la Russie a-t-elle besoin de drones iraniens ?
Notant que Moscou développait également ses propres drones depuis un certain temps, le vice-Premier ministre russe Yuri Borisov, en charge de la supervision de l'industrie de la défense, a déclaré le mois dernier que son pays disposait de presque tous les types de systèmes de drones, y compris les modèles de reconnaissance, d'attaque, tactiques, opérationnels et opérationnels-tactiques.
Répondant à la question de RT sur "une pénurie de drones" que connaît la Russie, Borisov a promis d'en augmenter la production, mais que cela prenait du temps. Ce qui, selon le rapport, pourrait être interprété comme un signe que Moscou considère les drones iraniens comme une solution temporaire jusqu'à la mise en service de nouveaux drones russes.
Fedutinov a poursuivi qu’en cas de la conclusion d’un accord militaire, Moscou serait principalement intéressé par les systèmes de drones de reconnaissance et d'attaque lourds, affirmant : « S'ils avaient été à la disposition de l'armée russe, je ne vois aucun obstacle à la mise en service de tels systèmes [en Ukraine]. Et en ce qui concerne les pertes civiles ou les tirs amis, les drones transportent des systèmes d'armes de haute précision qui minimisent ces risques ».
L'Iran pourra-t-il couvrir la demande russe de drones ?
« Il semble que les entreprises iraniennes aient pu lancer la production de masse de drones. Et nous pouvons même dire qu'ils ont commencé à vendre leurs systèmes de drones à certains clients », a déclaré Fedutinov lorsqu'on lui a demandé si l'Iran était capable d'exporter des drones.
En convergence avec Fedutinov, le colonel russe à la retraite Litovkine a indiqué que l'Iran avait fabriqué un nombre important de drones actuellement stockés dans ses entrepôts d’armes.
« L'Iran n'est engagé dans aucune guerre, il n'a donc pas besoin de tous ces drones, alors que la Russie pourrait les utiliser dans sa campagne en Ukraine. Il n'est donc pas étonnant que nous ayons pu acheter différents types de drones à l'Iran », s’est-il exprimé en ces termes l’expert militaire.