Où en est l'Amérique au Yémen? La trêve continue à être violée par une Arabie saoudite et un État émirati qui tendent à s'effacer au profit de l'Amérique et d'Israël qui continuent à prendre progressivement le devant de la scène : Et comment ? Alors que le roi Salmane a été hospitalisé pour cause d'une maladie incurable qui ouvre grand la voie à l'intronisation de MBS, allié de facto d'Israël comme il l'a reconnu lui-même, Ben Zayed vient de prendre les rênes aux Émirats après le décès de son frère. S'agit-il d’une reconfiguration de force à la tête de deux États affidés des USA parce que ces derniers veulent bien occuper eux-mêmes le devant de la scène ? Il y a peu, les USA ont annoncé avoir créé une coalition composée de 34 pays contre Ansarallah.
Les États-Unis prétendent que l'objectif principal de la présence de l’US Navy en mer Rouge et dans le golfe d'Aden est de lutter contre la piraterie et la contrebande des armes qui, selon eux, se retrouvent entre les mains des forces des Comités populaires du Yémen (Ansarallah). Mais à vrai dire, les Américains ont l'intention de saisir les navires yéménites qui transportent du carburant et des aliments pour aggraver davantage la pire crise humanitaire au monde qui sévit depuis sept ans au Yémen.
Brad Cooper, commandant de la 5ème flotte de l’US Navy, a annoncé que la nouvelle coalition dirigée par les États-Unis en mer Rouge se compose de 34 pays. L’annonce sur le déploiement de la marine américaine en mer Rouge a été faite environ une semaine après la formation du soi-disant « Conseil présidentiel » lors des pourparlers de Riyad qu’Ansarallah rejette fermement.
Mais les États-Unis vont-ils gagner la guerre à eux seuls, guerre qu'ils mènent depuis 2015 et qu'ils ont déjà perdue ? Au sujet de leur présence dans les régions pétrolifères, on sait que les Yankees et leurs pétroliers ont déjà débarqué à Chabwa. Mais cette présence est-ce une garantie ? Rien n'est moins sûr.
En vue de faire échouer les objectifs de la révolution yéménite, la coalition saoudienne dirigée par les États-Unis et le régime israélien, a lancé en mars 2015 une campagne militaire d’envergure contre le Yémen. Mais les différends entre les deux principaux acteurs de la coalition à savoir, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont dès le début de la guerre été évidents ; leur rivalité dans les régions du sud et de l'est du Yémen pour piller la richesse du pays et la fragilité de leur coalition en sont la preuve.
La récente annonce du cessez-le-feu onusien de deux mois au Yémen est en effet une nouvelle opportunité qui devrait permettre à la coalition saoudienne de se regrouper politiquement et militairement. Ayant destitué le président yéménite en fuite Abd Rabbo Mansour Hadi, Riyad a créé un nouveau conseil présidentiel dirigé par Rashad al-Alimi pour ainsi unifier des factions fidèles à la coalition saoudienne contre Sanaa. Riyad a également tenté de contourner les Émirats arabes unis et de sécuriser d'une manière ou d'une autre ses propres intérêts, ce qui a suscité la vive réaction d'Abou Dhabi.
Récemment, des médias ont révélé la tenue d’une réunion entre des responsables saoudiens et un certain nombre d'habitants des provinces de l'Hadramaout, de Chabwa, d'al-Mahra et d'Abyan que l’Arabie saoudite semble vouloir annexer. Au cours de la réunion la partie saoudienne a annoncé son intention d’accorder au peuple de ces provinces le droit à l'autodétermination.
Suite à la révélation, le soi-disant « Conseil de transition du sud », affilé aux Émirats arabes unis, s’est mis à aggraver les tensions contre la présence saoudienne dans l’est du Yémen alors que l’Arabie saoudite tente de forger de nouvelles alliances dans les régions les plus riches du pays.