Les agences font état de l’hospitalisation du roi Salmane. Le moment est-il venu pour que MBS qui attend depuis huit ans ce moment, accède au trône ? D'aucuns disent qu'il n'y accéderait pas à moins d'avoir le feu vert de l'entité et donc de normaliser avec...
L’Arabie saoudite traverse aujourd’hui une étape critique de son histoire, caractérisée par la recherche d’un nouveau rôle dans un monde en mutation, dans lequel la relation avec Washington ne suffit plus à garantir la sécurité du régime, alors que le Royaume saoudien est sur le point de transférer le pouvoir à la génération suivante du roi Abdelaziz.
À la lumière du silence officiel des cercles saoudiens, les médias sociaux ont été remplis de nouvelles de la santé du roi et de souhaits pour son bien-être, suggérant que les affaires sont différentes cette fois dans la conscience des Saoudiens qui se sont installés sur une transition difficile du pouvoir de la génération des fils d’Abdelaziz à celle de ses petits-enfants.
Compte tenu des problèmes auxquels Ben Salmane a été confronté depuis son arrivée au pouvoir lors du célèbre coup d’État du palais contre son cousin, Ben Nayef, en juin 2017, les Saoudiens se préparent maintenant au difficile processus de la transmission du pouvoir à la génération suivante : celle des petits-fils du roi Abdelaziz.
Il est à noter que le coup d’État a laissé la famille royale saoudienne brisée alimentant ainsi des relations tendues sans précédent au cours des quatre-vingts dernières années avec l’administration américaine notamment après que Ben Salmane ait refusé la demande du président américain Joe Biden pour augmenter la production de pétrole et condamner la guerre russe en Ukraine.
Si la situation était normale en Arabie saoudite, la santé du roi n’aurait pas une telle importance. Pendant le règne de la Maison des Saoud, les rois saoudiens resteraient à leurs postes, même en cas d’incapacité à s’acquitter de leurs fonctions, et c’est le prince héritier à savoir un frère ou un demi-frère du roi qui prendrait en charge l’administration quotidienne du pays, puis à la mort du roi, le pouvoir est passé en douceur au prince héritier.
En cas de la situation susmentionnée le prince héritier ne faisait pas face à des défis majeurs au sein de la famille, étant donné que l’accord reposait sur le mécanisme de l’héritage entre les frères, et que les relations avec le garant américain étaient stables.
Cependant, après le déplacement du foyer de crise vers l’Asie, le besoin américain pour cette région stratégique s’est estompé, de sorte que les relations saoudo-américaines, avec toutes leurs implications, se sont ouvertes aux possibilités de changement radical qui préoccupaient le Royaume saoudite d’où l’importance de la santé du roi saoudien.
À cet égard tant que le roi est resté sur le trône, même s’il est impuissant, il fournit une couverture légitime au pouvoir de son fils, ce qui retarde l’émergence des répercussions de la transition du pouvoir et de ses effets sur la situation au Moyen-Orient dans son ensemble, ainsi comme sur le marché mondial du pétrole en cette période mouvementée.
Au cas où le roi ne quitterait pas l’hôpital dans les prochains jours, il est possible que Ben Salmane ait besoin d’une mesure proactive, soit au nom de son père, soit en son propre nom, comme le transfert des pouvoirs du roi à lui, jusqu’à ce que le sort de ce dernier devienne clair.
Dans ce cas, les schismes vont être réapparus au sein de la famille royale à cause du coup d’État du prince héritier, puis de sa suppression par la force, basée sur l’autorité de son père, et par la suite le soutien de l’ancien président américain Donald Trump, lorsqu’il a arrêté un grand nombre de ses membres dont Muhammad ben Nayef et Ahmed ben Abdelaziz, constituant pour lui la plus grande menace.
Sans aucun doute, le processus de transition du pouvoir s’accompagnera d’une période d’instabilité politique, sinon plus, d’autant plus qu’il se déroulera sur fond d’instabilité mondiale, au cours de laquelle Ben Salmane adopte une attitude hostile envers le président américain Joe Biden, mais en même temps temps adopte des mesures que les États-Unis jugent nuisibles à leurs intérêts, comme le refus d’augmenter la production de pétrole, l’annonce de l’alliance avec le président russe Vladimir Poutine dans la guerre contre l’Ukraine et le rapprochement avec la Chine.
Par conséquent, Ben Salmane a peut-être senti le danger, même s’il avait essayé de dissimuler plusieurs suggestions selon lesquelles il avait l’intention de renforcer les relations avec Israël après son accession au trône.
Certains des opérateurs de plateforme de diffusion YouTube affiliés à lui et aux Émirats arabes unis, ont commencé à promouvoir un accord à venir entre Ben Salmane et Biden, selon lequel ce dernier a accepté d’amener Saad al-Jabri qui réside actuellement au Canada à Riyad en échange de l’augmentation de la production pétrolière saoudienne recherchée par le gouvernement américain.
Ceci, s’il est vrai, signifie, dans la pratique, l’acceptation par l’administration Biden du règne de Ben Salmane, mais les conséquences dangereuses pour le prince héritier sont fortes, en particulier la possibilité que l’administration Biden profite de la confusion et passe un accord avec de puissants opposants de la famille, pour lancer contre lui un coup d’État, similaire à celui qu’il a effectué dans le cadre d’un deal avec Donald Trump, contre Ben Nayef.
