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Arabie 2015-Arabie 2022 : les différences?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane. (Photo d'archives)

Avant d’attaquer son voisin yéménite, l’Arabie saoudite bénéficiait d’une sécurité absolue sur ses frontières et elle s’ingérait aussi dans les affaires du Yémen à tous les niveaux. Mais maintenant, plus de 600 kilomètres des frontières saoudiennes sont exposés à des dangers imprévisibles.

À ce propos, Saadollah Zareï, expert et analyste iranien des questions de l’Asie de l’Ouest, écrit : « Les récents développements au Yémen font part de “conditions particulières”. Au début de la 8e année de la guerre contre le Yémen, le régime saoudien a annoncé un cessez-le-feu de deux mois qu’il a commencé à violer peu après. Ensuite, Riyad a obligé Mansour Hadi de confier ses pouvoirs à un conseil présidentiel. »

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1- Avant l’annonce d’un cessez-le-feu par l’Arabie saoudite, le gouvernement de Salut national [Ansarallah, NDLR] avait déjà proposé une trêve après avoir mené une série d’opérations militaires réussies contre les installations vitales de l’Arabie saoudite, notamment les installations pétrolières à Djeddah et dans d’autres coins du pays. Cela nous laisse croire que toutes les deux parties s’intéressaient à exprimer, d’une manière ou d’une autre, leur volonté pour la fin des conflits, à l’occasion d’un autre anniversaire de cette guerre. Il est à noter qu’en infligeant des coups durs aux installations et infrastructures de l’Arabie saoudite avant de réclamer la trêve, Ansarallah a prouvé que sa proposition ne venait pas de la faiblesse. Au contraire, ayant subi près d’un milliard de dollars de dégâts et de dommages, causés par les attaques d’Ansarallah, l’Arabie saoudite a mis en évidence sa faiblesse et son désarroi en proposant un cessez-le-feu de deux mois.

2- Après les opérations réussies d’Ansarallah, destinées à prendre le contrôle de la ville stratégique de Maarib, les Saoudiens ont commencé à resserrer l’étau autour des Yéménites, si bien que le prix à la pompe a été multiplié par quatre par rapport à l’époque où il battait le plein. En plus, les mercenaires de l’Arabie saoudite ont acheté une grande partie de denrées alimentaires à un prix élevé pour que les citoyens yéménites aient du mal à se procurer d’aliments.

Malgré toutes ces pressions, Ansarallah est arrivé à mener à bien trois opérations militaires anti-saoudiennes, visant à faire lever le blocus pesant sur le peuple yéménite. L’opération de Djeddah en était la plus importante. C’est bien après cette cascade d’attaques yéménites que l’Arabie saoudite, frustrée et effrayée, a fait appel à ses alliés occidentaux, mais ces derniers, à part un geste politique, n’ont rien fait de sérieux. En effet, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ne peuvent pas faire grand-chose face à la Résistance yéménite et ils ont déjà joué toutes leurs cartes.

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Dépitée par ses alliés occidentaux, l’Arabie saoudite s’est décidée à compter sur les membres du Conseil de coopération du golfe Persique, mais les déclarations des responsables d’Oman qui croient qu’Ansarallah ne peut pas être exclu de toutes négociations concernant le Yémen et leur opposition au blacklisting d’Ansarallah ainsi que les prises de position du Qatar prouvent que le Conseil reste assez divisé à propos du dossier yéménite et qu’il est loin d’aider Riyad à sortir du bourbier qu’il a lui-même créé.

3- L’annonce par Riyad d’une trêve de deux mois au Yémen a vexé les alliés de l’Arabie saoudite sur les champs de bataille, comme les forces du Conseil de transition du Sud et les mercenaires des Émirats arabes unis. En réalité, le régime saoudien s’est dit pour une trêve sans en avoir demandé l’avis de ses alliés et mercenaires et ces derniers voient dans cette initiative une tentative désespérée et hâtive de la part de Mohammed ben Salmane pour la seule raison de pouvoir mettre fin aux attaques visant les installations et infrastructures stratégiques de l’Arabie saoudite.

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Il se peut qu’en poussant Mansour Hadi à se retirer du dossier yéménite, l’Arabie saoudite entende détendre un peu ses relations avec Abou Dhabi, d’une part, et avec ses alliés du Sud yéménite, de l’autre.

4- Plus de sept ans se sont déjà écoulés du début d’une guerre que l’Arabie saoudite voulait gagner en quatre semaines et les forces que Riyad sous-estimait énormément se sont aujourd’hui transformées en une puissance militaire étant à même de se battre simultanément dans plusieurs fronts ; contre les mercenaires yéménites et étrangers aussi bien que contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Cela signifie que l’initiative de lancer une guerre contre le Yémen s’est retournée contre l’Arabie saoudite, elle-même, et lui a infligé des coups faramineux.

Aujourd’hui, la nation yéménite est protégée par une puissante armée et une nouvelle force compétente qui ont accédé à un bon nombre de technologies militaires. En revanche, l’Arabie saoudite a perdu au moins la moitié de ses ressources financières pendant ces sept années des conflits au Yémen et ses installations pétrolières et ses infrastructures sont plus vulnérables que jamais.

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Avant d’attaquer son voisin yéménite, l’Arabie saoudite bénéficiait d’une sécurité absolue sur ses frontières et elle s’ingérait aussi dans les affaires du Yémen à tous les niveaux. Mais maintenant, plus de 600 kilomètres de frontières saoudiennes sont exposés à des dangers imprévisibles. Désormais, le Yémen, la mer Rouge, le détroit de Bab el-Mandeb et les exportations pétrolières perdront leur sens sans Ansarallah.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV