TV

Pourquoi Riyad ne peut par principe faire la paix avec Ansarallah? la presse US répond

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un homme utilise son téléphone pour prendre des photos de débris à la suite d'une attaque au missile d’Ansarallah contre l'installation pétrolière Saudi Aramco dans la ville de Djeddah, en Arabie saoudite, le 24 novembre 2020. ©AFP

Trois jours après l'entrée en vigueur de la trêve de deux mois entre Riyad et Ansarallah, trêve soldée par l'arrivée de deux pétroliers à Hudaydeh et la reprise des vols en provenance de l'Égypte, il est clair que le camp d'en face a fait là une méga capitulation. En effet la spectaculaire attaque balistique du 25 mars qui a littéralement mis hors de portée le plus important port de stockage et de déchargement du pétrole saoudien en direction de l'Occident, à savoir Djeddah ; une mise hors service qui a coûté à Ansarallah un seul missile de croisière Qods-2, mais à Riyad, un milliard de dollars de dégât puisque Aramco Djeddah n'est plus, semble avoir fait son effet et fait comprendre de quels bois sont faites les menaces d'Ansarallah et à quel point risque d'être périlleux le fait de les prendre à la légère.

Et pourtant, tout porte à croire que cette trêve qui vise plutôt qu'à laisser un répit aux Yéménites, à entrainer les cours du pétrole dans une dynamique baissière n'a pas l'air d'être trop solide, Riyad qui suivant les termes de l'accord doit permettre l'accostage de 18 pétroliers d'ici la fin de la trêve à Hudaydah, n'ayant libéré jusqu'ici que deux, et ayant procédé ce mercredi et en violation flagrante de la trêve à la saisie d'un pétrolier bourré de diesel qu'il a ramené à Jizan. Mais l'Arabie qui se sait condamnée au Yémen, pourquoi s’entêterait-elle à se rendre à l'évidence?

Le journal américain The New York Times revient sur cette question et affirme que l'Arabie saoudite est désormais dans une impasse au Yémen ; impasse qu'elle est incapable de surmonter à moins de faire confiance, entièrement confiance à ses "alliés". 

" La trêve, qui a débuté le samedi 2 avril à 19 heures au Yémen, est le premier cessez-le-feu convenu par toutes les parties depuis 2016. Elle coïncide avec le premier jour du mois béni de ramadan et comprend l'arrêt de toutes les attaques à l'intérieur du Yémen et à l'extérieur de ses frontières ; l'entrée de navires pétroliers dans le port de Hudaydah et la reprise de certains vols commerciaux à l'aéroport international de Sanaa, la capitale du Yémen. Mais la guerre s'est installée dans une impasse écrasante. Les avions de la coalition ont détruit des infrastructures et bombardé des mariages et des funérailles, massacrant des civils."

Tout lecteur assidu est évidemment en droit de se demander de quelle coalition parle le journal? N'est-ce pas celle de l’Amérique créée en Mer rouge à laquelle Riyad et Abou Dhabi ont été appelés à se joindre ; invitation que chacune de ces deux parties s'est précipitée d'accepter les Saoudiens aiguisés par l’appât de gain pétrolier et les Emiratis, par l’appât de gain portuaire? 

Evidemment le journal disculpe les Yankee et écrit : "Les États-Unis n'ont pas été directement impliqués dans la guerre, mais sont un important fournisseur de bombes et d'avions à réaction aux membres de la coalition. Ils ont fourni au régime saoudien des technologies et des renseignements pour poursuivre la guerre sur la frontière sud avec le Yémen. Les États-Unis ont soutenu la coalition dirigée par l'Arabie saoudite depuis le début du conflit. Le président Biden a dit vouloir mettre fin à ce soutien, mais son administration a continué à vendre des armes.

En janvier, l'armée américaine est intervenue pour aider les Émirats arabes unis à déjouer une attaque au missile d'Ansarallah. Néanmoins, la guerre se trouve une impasse ; Les alliés yéménites de la coalition saoudienne sont un groupe divisé, regroupant des parties de l'ancienne armée qui sont en guerre les unes contre les autres. Le président démissionnaire yéménite, Mansour Hadi, qui vient d'appeler Ansarallah ses frères et dont le soutien a servi de prétexte à l'Arabie saoudite pour lancer la guerre au Yémen, est l’homme le plus détesté auprès des Yéménites".

Les combattants d’Ansarallah ont posé des mines terrestres et lancé des attaques de drones et de missiles de plus en plus sophistiqués contre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Et pendant tout ce temps, le gouvernement yéménite est resté embourbé dans des luttes intestines avec d'autres factions censées être de son côté.

Malgré les frappes aériennes de la coalition et des mercenaires affiliés au régime de Hadi, les Yéménites ont raffermi leurs positions à Sanaa. Ansarallah qui est en charge de diriger les affaires du pays. Les Yéménites n'accepteront probablement pas la paix sans arracher des concessions à la coalition et au gouvernement démissionnaire. Cette longue guerre d'usure a causé au Yémen la pire crise humanitaire au monde, selon les Nations Unies, mais aussi la pire perte qui soit à Riyad, mais ce dernier ne pourrait céder facilement.

Pourquoi? C'est Al Mayadeen, site proche du Hezbollah qui répond : " Au fait c'est la sécurité d'Israël qui est en cause. Le 23 mars, au Néguev, au sud d'Israel, un sommet a eu lieu avec tous les pays arabes ayant normalisé leurs liens avec Tel-Aviv. Riyad n'y était pas, mais Bahreïn qu'on sait être son représentant y était. Figuraient à l'ordre du jour de ce sommet des accords militaires propres à créer une zone de tampon navale étendue entre le golfe Persique à la Méditerranée en passant par la mer Rouge et le détroit de Bab el Mandeb.

C'est dans la foulée de ce sommet que les Emirats ont d'ailleurs signé des accords maritimes avec l'entité rendant officiel le trafic des navires sionistes dans le golfe Persique. Ces jours-ci, et alors même que tout le monde évoque une trêve que Riyad fait tout pour ne pas respecter à la lettre, les agences font état de l'ouverture de l'aéroport israélo-émirati dans le littoral sud du Yémen. 

Les Émirats arabes unis ont ouvert le lundi 4 avril un aéroport sur l'île d'Abd al-Kuri dans l'archipel yéménite de Socotra, dans le sud du Yémen.

Des sources locales bien informées ont déclaré à l'agence de presse yéménite que les forces des Émirats arabes unis avaient ouvert l'aéroport de la base militaire pour opérer des vols étrangers directs sans l’aval du gouvernement démissionnaire de Mansour Hadi.

Les sources ont laissé entendre que "l'ouverture de l'aéroport militaire sur l’île d'Abd al-Kuri permettra aux forces d'occupation d’amener des experts militaires étrangers à l'aéroport de Hadibo, chef-lieu de Socotra, et de faire passer en contrebande des pierres précieuses, des antiquités et des arbres rares de l'extérieur du Yémen.

Les Émirats arabes unis ont établi un certain nombre de bases militaires et de postes d'observation (d'espionnage) avec l'entité sioniste à Socotra.

L'île d'Abd al-Kuri est l'une des îles yéménites les plus importantes de l'archipel de Socotra, où se trouvent 6 champs pétroliers, tandis qu'elle surplombe des routes maritimes internationales de l'océan Indien vers la Corne de l'Afrique et Bab el-Mandeb.

Au cours des derniers mois, les Émirats arabes unis ont travaillé pour déplacer les habitants de l'île d'Abd al-Kuri vers la région de Qusayr dans le gouvernorat de l'Hadramaout.... La question : la trêve est-elle vraiment tenable? 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV