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Pourquoi les F-35 israéliens ont peur du ciel émirati?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, et le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed. ©Al-Jadid

Seules les relations privilégiées entre Israël et l’Arabie saoudite restent secrètes. En effet, malgré les encouragements et le lobbying de Donald Trump et de son administration, Riyad a refusé de franchir le pas public.

Le site d’analyses politiques « Middle East Eye » a publié une note de l’expert politique israélien, Yossi Melman, qui estime que donner des systèmes de défense aérienne à Abou Dhabi pourrait compromettre l’avance technologique d’Israël et même irriter Washington.

Dans son article, l’auteur rappelle que suite aux récentes attaques de missiles et de drones par le mouvement yéménite Ansarallah contre Abou Dhabi, les dirigeants des Émirats arabes unis se sont tournés vers Israël pour une assistance militaire.

L’attaque de drone la plus récente a eu lieu lors de la visite du président du régime israélien Isaac Herzog, fin janvier.

Ce n’était pas la première menace d’Ansarallah contre Israël. Dans le passé, les Yéménites ont menacé de lancer leurs missiles contre Eilat, la ville portuaire du sud de la Palestine occupée située à 1500 km du Yémen.

En réaction aux forces yéménites, Israël a augmenté il y a deux ans son état d’alerte dans la région d’Eilat et y a occasionnellement déployé des batteries de Dôme de fer sur la base d’avertissements du renseignement israélien. Simultanément, le Mossad et les renseignements militaires ont intensifié leur surveillance du Yémen et la collecte d’informations sur le terrain.

Récemment, une délégation israélienne de haut rang composée de responsables du ministère de la Défense, d’agents du Mossad et de cadres de fabricants d’armes israéliens s’est rendue aux Émirats arabes unis.

Les responsables émiratis sont particulièrement intéressés par les systèmes radars et les systèmes de défenses aériennes : Dôme de fer, Fronde de David et Arrow.

Jusqu’à présent, tous les systèmes antimissiles émiratis et saoudiens sont de fabrication américaine, comme les batteries Patriot.

Des sources israéliennes ont déclaré à « Middle East Eye » qu’elles examinaient la demande des Émirats arabes unis, mais ont ajouté une mise en garde, arguant qu’il s’agit d’une affaire sérieuse qui doit être traitée avec prudence.

Selon Yossi Melman, Israël devra trouver un équilibre entre son désir de vendre des armes dans le monde entier (il a été officiellement annoncé il y a deux semaines qu’il accordait des licences d’exportation militaires à 139 pays) et la nécessité de protéger la technologie de son équipement militaire sensible.

Le dilemme israélien est de savoir comment maintenir son propre avantage technologique tout en vendant des systèmes à des partenaires stratégiques. Dans le passé, il a été signalé que l’Arabie saoudite était également intéressée par les systèmes Dôme de fer.

Jusqu’à présent, Israël a vendu des composants partiels du système Dôme de fer, tels que des radars et des commandes au sol, à Singapour et à la République d’Azerbaïdjan, mais pas les missiles d’interception, fabriqués par l’entreprise publique israélienne Rafael. Washington a acheté deux systèmes Dôme de fer pour évaluer leur efficacité.

Israël prétend que pendant ses guerres à Gaza, le système Dôme de fer a montré un taux d’interception de 92% face aux missiles du Hamas. Dans le passé, la Corée du Sud a également manifesté son intérêt pour le système israélien, qui est capable, selon l’armée du régime israélien  d’intercepter des roquettes d’une portée d’environ 80 km.

Cependant, il y a aussi un obstacle de plus à la manière dont Israël fournit des systèmes de défense aériennes aux pays arabes du golfe Persique : les États-Unis.

Les États-Unis perçoivent la région comme leur sphère d’intérêt. Ils ont une présence militaire et des bases américaines au Qatar, à Bahreïn et aux Émirats arabes unis.

Washington leur vend des armes de toutes sortes : des avions de chasse F-35, des drones et des technologies de renseignement, des équipements navals et des batteries antiaériennes.

Les sociétés américaines de sécurité et militaires n’aimeraient pas voir la concurrence israélienne entrer dans ce qu’elles considèrent comme leur arrière-cour.

Coopération secrète :

Pendant des années, le Mossad a facilité les liens secrets d’Israël avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Arabie saoudite, ce qui a abouti à une coopération étroite en matière de partage de renseignements contre l’Iran, ainsi qu’à la vente d’équipements de renseignement tels que le tristement célèbre logiciel espion Pegasus.

Des entreprises israéliennes telles que « Logic », détenue par Mati Kochavi, ont secrètement opéré pendant des années aux Émirats arabes unis.

Mati Kochavi employait d’anciens responsables du Mossad et du Shin Bet, ainsi que d’anciens experts d’« Israel Aerospace Industries ».

Après que Kochavi est tombé hors des grâces de la famille Al-Nahyan au pouvoir à Abou Dhabi, il a été remplacé par David Meidan, un ancien agent du Mossad, en tant que médiateur entre Israël et les Émirats arabes unis.

Tous ces accords et contacts clandestins ont été approuvés et encouragés par le ministère israélien de la Défense.

Depuis le début de la normalisation ouverte avec la signature des accords d’Abraham en 2020, Israël a pu entamer des relations diplomatiques et commerciales complètes avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et plus tard le Maroc, pour renforcer ensuite ses relations avec ces pays en matière de renseignement.

La coopération n’avait plus besoin d’être tenue secrète.

Il y a deux semaines, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, s’est rendu à Bahreïn. Il a rencontré les dirigeants de l’île et signé avec son homologue bahreïni un protocole d’accord pour la coopération en matière de sécurité, le premier conclu avec un pays arabe.

Seules les relations privilégiées entre Israël et l’Arabie saoudite restent secrètes.

Malgré les encouragements et le lobbying de Donald Trump et de son administration, Riyad a refusé de franchir le pas public.

Pourtant, des sources diplomatiques et de sécurité israéliennes ont déclaré à Middle East Eye » qu’elles espéraient qu’une fois que le prince héritier Mohammed ben Salmane serait assis sur le trône, après la mort de son père âgé et malade, le royaume mettra très probablement ses relations avec Israël au grand jour.

En attendant, l’Arabie saoudite et les autres États arabes du sud du golfe Persique poursuivront et même accéléreront leur collaboration sécuritaire avec Israël et lui achèteront davantage d’armes, estime l’analyste du site.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV