Est-ce la crainte de voir l’armée chinoise investir à fond au Moyen-Orient à l’impulsion iranienne qui a poussé les USA à se désavouer publiquement et aller frapper à la porte de l’armée chinoise pour amorcer un dialogue d’apaisement après des mois de provocations en mer de Chine, dans le détroit de Taïwan... et alors qu’aujourd’hui même, les milieux militaires US évoquent le bond « en avant nucléaire » de la Chine qui « pourrait la place bien devant la Russie » ? C’est possible même si le principal facteur pouvait s’avérer de courageux face-à-face de la marine chinoise avec les Yankees qui rappelant bien des fois les scènes si courantes dans le golfe Persique et opposant les unités de la marine du CGRI aux navires US, ont fait bien comprendre aux Américains que la mer de Chine ou le golfe Persique sont potentiellement et en termes d’attaques anti-US sont potentiellement interchangeables et que l’un et l’autre pourraient s’avérer un bourbier naval pour les USA.
Il est bien faux de croire les Chinois désintéressés par ce qui se passe en mer d’Oman, en mer Rouge, voire en océan Indien, ces batailles de la Résistance qui visent à réduire la marge d’agression du camp d’en face dans une logique d’abord de dissuasion puis de A2/AD, le concept cher à Pékin. Mais il y a un autre point à tirer de cette amorce de dialogue qui concerne aussi l’environnement immédiat de l’Iran à savoir l’Afghanistan. Au fait en Afghanistan, la Chine et la Russie continuent à afficher un front uni et cette unité qui se renforcent de plus en plus à mesure que le scénario post-vrai-faux retrait US d’Afghanistan se décante, fait peur aux USA qui y voit, un obstacle à son succès. Puisque Daech « bis » devra déstabiliser les frontières russes et faire infiltrer les terroristes d’Idlib à Xing Kiang autant donc « leurrer » le camp d’en face e diviser les rangs sino-russes. Car la Chine de 2021 n’est plus la Chine de 2020 que faisaient reculer les gains économiques. Cette Chine de XI a quelque chose de changé, une vision de long terme qui va au-delà d’un taux de croissance non atteignable par l’ensemble des pays occidentaux.
D’où ce « dialogue “avec l’armée chinoise, vecteur de ce changement radical de la vision géostratégique de Pékin. Un haut responsable du Pentagone s’est entretenu avec l’armée chinoise pour la première fois depuis que le président Joe Biden a pris ses fonctions en janvier pour se concentrer sur la gestion des risques entre les deux pays, a déclaré vendredi 27 août à Reuters un responsable américain qui ajoute :” Les relations entre la Chine et les États-Unis sont devenues de plus en plus tendues, les deux plus grandes économies du monde s’affrontant sur tout, du bilan de Taïwan et de la Chine en matière de droits de l’homme à ses activités militaires en mer de Chine méridionale. Malgré les tensions et la rhétorique houleuse, les responsables militaires américains ont longtemps cherché à avoir des lignes de communication ouvertes avec leurs homologues chinois pour pouvoir atténuer les poussées potentielles ou faire face à tout accident ».
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Certes, la débandade US en Afghanistan et ses impactes sur le jeu des alliances anti-Chine sur la visite de la vice-présidente Kamala Harris est pour quelque chose dans ce virage US, un Harris qui a déclaré jeudi que les États-Unis étaient favorables à la concurrence et ne cherchaient pas à entrer en conflit avec Pékin, n’empêche que la question est entière : la Chine se laissera-t-elle berner par ce dialogue qui vise à désunir les rangs sino-russes ou a-t-elle une stratégique bien élaborée qui fait l’impasse sur toutes les manœuvres de diversion du camp d’en face ? Le temps nous le dira.