Lors de la rencontre de l'envoyé spécial du président russe pour la Syrie, Alexander Lavrentiev, avec le président syrien Bachar al-Assad, à Damas, qui s'est vraisemblablement tenue dans le but de donner suite aux rencontres entre responsables turcs et syriens, le président syrien a qualifié « la préservation des intérêts nationaux » de principale revendication de Damas, disant qu’il ne reculerait pas d’un iota sur cette question.
Le président syrien Bachar al-Assad a lié le rapprochement avec la Turquie, négocié par la Russie, à une fin de l'occupation par Ankara des parties nord du pays arabe et de son soutien aux groupes terroristes qui font des ravages et luttent contre le gouvernement de Damas.
« Pour être fructueuses, ces réunions doivent être fondées sur une coordination et une planification préalable entre la Syrie et la Russie afin d’atteindre les objectifs et les résultats concrets que la Syrie attend, sur la base des principes de l’État et du peuple syriens qui insistent sur l’arrêt de l’occupation et du soutien au terrorisme », a déclaré le président Assad.
De son côté, Alexander Lavrentiev a souligné que son pays évalue positivement la réunion tripartite entre les ministres de la Défense de la Syrie, de la Turquie et de la Russie, et réitéré l’importance de poursuivre et consolider de telles réunions au niveau des ministres des Affaires étrangères.
Suite à cette réunion, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a annoncé jeudi que la réunion des ministres russe, syrien et turc des Affaires étrangères était en cours de préparation.
Maria Zakharova a déclaré que « la date de la rencontre entre Sergueï Lavrov, Mevlut Cavusoglu et Faisal Meqdad, n'a pas encore été déterminée » et que « nous sommes en train de la préparer ».
Dans ce droit fil, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a indiqué qu'il devrait rencontrer ses homologues russe et syrien dans les prochaines semaines (début février). Si cette rencontre a lieu, ce sera un prélude à la réunion des dirigeants des trois pays.
Auparavant, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déclaré qu'il ne souhaitait pas prolonger le processus de normalisation des relations avec Damas et avait clairement annoncé une possible rencontre avec son homologue syrien.
Cette réunion, a-t-il dit, devrait être précédée de discussions entre les chefs des services de renseignement, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Le quotidien de langue turque Aydinlik, citant des sources, a rapporté le 10 janvier qu'Erdogan pourrait rencontrer Assad avant l'élection présidentielle de juin en Turquie. Le rapport indique que la rencontre entre les deux dirigeants est attendue dans le cadre de la troisième étape de la normalisation des relations turco-syriennes.
Après la réunion conjointe des ministres de la Défense de Russie, de Syrie et de Turquie à Moscou, qui s'est tenue en présence des responsables de la sécurité de Damas et d'Ankara, des sources turques ont annoncé que les deux parties étaient parvenues à un accord sur plusieurs questions et que les intérêts et les conditions de Damas évoqués lors des réunions précédentes avaient été pris en compte et qu’Ankara avait accepté de se retirer complètement de Syrie et de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.
Bien que le ministère syrien de la Défense ait qualifié de positive la rencontre des ministres syrien et turc de la Défense à Moscou, il n'a pas toutefois mentionné la réunion des dirigeants des deux pays avant la tenue des prochaines élections présidentielles en Turquie.
Après la réunion des ministres de la Défense à Moscou et la proposition d'Erdogan d'organiser à nouveau un sommet entre les présidents russe, syrien et turc, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov s'est félicité de cette question et a annoncé que Moscou avait une vision très positive de l'idée du président turc Recep Tayyip Erdogan d'organiser une réunion trilatérale entre les chefs d’État.
« Cette proposition est très positive et nous consultons actuellement nos amis syriens à ce sujet », a déclaré Bogdanov.
La situation prévalant dans la région montre qu'en raison du besoin réciproque de Moscou et d’Ankara l’un de l’autre, en particulier dans la guerre en Ukraine et le rôle bilatéral de la Turquie dans cette guerre, Ankara veut utiliser l'influence de Moscou en Syrie pour qu'Erdogan puisse gagner des points positifs avant les prochaines élections présidentielles turques et remporter la victoire.
Aujourd'hui, la victoire aux élections présidentielles est devenue une question d'honneur pour Erdogan, et lui, qui a eu une carrière réussie dans la gestion du pays ces dernières années, entend terminer son mandat par le succès, mais avec une crise économique sans précédent et le mauvais traitement envers ses rivaux politiques, on ne sait pas quel sort sera Erdogan.
Le point qui mérite réflexion est que malgré les bonnes relations stratégiques entre Moscou et Damas, il semble peu probable qu'Assad rencontre son homologue turc, comme il l'a déjà dit, à moins que, dans les prochains jours, l'avis du président syrien, qui consiste à « assurer les intérêts nationaux de la Syrie », soit respecté.