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"Il est temps de se tirer de la Syrie et de cesser d'y être la Proie facile"(Foreign Affairs)

Les manoeuvres de l'armée syrienne (cap)

Une récente attaque par missiles de la Résistance qui a visé un aérodrome américain clé dans le nord-est de la Syrie, à Rumeilan, à Hassaké, aura été la goutte qui a fait déborder le vase. Tard le 8 octobre, une attaque par tir indirect a ciblé une base clé de la coalition dirigée par les États-Unis située dans le nord-est de la Syrie, le Commandement central des États-Unis (CentCom) ayant déclaré dans un communiqué que la base Rumeilan Landing Zone avait été touchée par une salve de roquettes de 107 mm, selon SouthFront. « La roquette n'a pas touché l'intérieur de l'enceinte, aucune force américaine ou partenaire n'a été tuée ou blessée et ni les installations ni les équipements n'ont été endommagés », a prétendu le communiqué du CentCom ajoutant que des roquettes supplémentaires ont été trouvées sur le site. Un méga mensonge démenti par les sources bien informées qui parlent des morts et des blessés. 

En effet cette frappe balistique a été d'une précision absolue et d'une pertinence inouie non pas seulment parce que "Rumaylan Landing Zone" de la soi-disant coalition internationale anti-Daech se compose d'une base et d'un aérodrome près du village d'Abu Hajar, à environ 12 kilomètres au sud de la ville de Rumaylan dans la campagne nord de Hassaké (nord-est de la Syrie) mais encore  parce que le bilan des pertes a eu l'effet d'un électrochoc et a relancé le débat sur l'utilité de la présence US en Syrie.

 Certains des plus riches gisements de pétrole de la Syrie sont situés certes dans cette région. Mais valent-ils la vie des soldats US otées régulièrement et au grès des frappes aux missiles et aux drones qui restent souvent sans réponse? En effet, il s'agissait de la deuxième attaque confirmée contre une base américaine dans le nord-est de la Syrie en moins d'un mois. Le 18 septembre, un nombre de roquettes ont visé la base de Green Village de la coalition internationale dans les champs pétrolifères d'al-Omar dans la campagne sud-est de Deir ez-Zor. L'attaque a été officieusement imputée aux forces syriennes et à leurs alliés de la Résistance. D’ailleurs, les forces de la Résistance seraient à l’origine de l’attaque contre la base Rumaylan, survenue quatre jours seulement après que la coalition dirigée par les États-Unis a mené un raid sur le village de Muluk Saray dans la campagne nord de Hassakeh, contrôlée par le gouvernement syrien.

C'est ainsi que Foreign Affaires relance le débat et plaide en faveur que les USA quittent la Syrie où leurs soldats n'ayant aucune pertinence géostratégique se sont transformés en des proies faciles! 

"Vu la diminution du danger de Daech et l’aggravation des menaces sécuritaires contre les forces américaines en raison d’une part de la guerre en Ukraine et de l’autre, des groupes de résistance anti-américains actives dans la région, il est temps pour Washington de retirer ses forces de Syrie, a prévenu la revue américaine Foreign Affairs dans une note publiée lundi 10 octobre. Le magazine a d'abord mis en garde contre un retrait précipité des États-Unis de Syrie, similaire au retrait désastreux d'Afghanistan pour rappeler la nécessité d'adopter des mesures appropriées pour pouvoir utiliser, le cas échéant, des drones d'attaque.

« Bien que les forces soutenues par les États-Unis détiennent des étendues importantes du territoire syrien, l'influence politique et diplomatique des États-Unis reste limitée, d’autant plus que les options alternatives sont sombres », indique The Foreig Affairs. Et de poursuivre : « Investir considérablement plus de ressources, à la fois financières et militaires, dans l'espoir d'obtenir un résultat politique mal défini qui est très peu susceptible de surmonter le défi central en Syrie - que le président syrien Bashar al-Assad a gagné la guerre - n'est ni stratégiquement souhaitable ni politiquement tenable. Pourtant, une décision de retirer les forces américaines en Syrie si peu de temps après le retrait américain d'Afghanistan serait politiquement coûteuse et ébranlerait davantage la confiance régionale dans l'engagement des États-Unis envers le Moyen-Orient. 

Pourtant, le statu quo comporte ses propres risques. Le champ de bataille en Syrie est complexe et les forces russes, syriennes et américaines opèrent de plus en plus proches les unes des autres. Dans le même temps, il y a eu une augmentation significative des attaques des alliés de la Résistance visant les positions américaines sans oublier une menace renouvelée d'une incursion militaire turque dirigée contre les forces kurdes soutenues par les États-Unis. Or, la question à laquelle l'administration Biden doit répondre est : une présence militaire américaine continue en Syrie est-elle nécessaire et en vaut-elle la peine ?

La revue américaine de répondre : « L’administration Biden semble garder l'espoir que les conditions changeront ou s'amélioreront et qu'un meilleur règlement négocié ou une sortie de piste deviendra apparent. Pourtant, chaque jour qui passe augmente les risques pour les forces américaines et affaiblit le statut de négociation des États-Unis en termes de ce qui peut être obtenu d'Assad et de la Russie en échange d'un départ américain. Au lieu de se débrouiller, les États-Unis devraient se concentrer sur la négociation d'une sortie qui, le plus rapidement possible, sécurise leurs deux intérêts fondamentaux en Syrie : l'accès à l'espace aérien syrien et la sécurité des Syriens qui ont combattu aux côtés des forces américaines pour vaincre Daech. »

Et l’analyste de rappeler : « La Syrie devient un environnement de plus en plus dangereux pour opérer. Les événements violents en Syrie, tels que les bombardements et les attaques d'artillerie, ont augmenté de plus de 20 % cette année civile, selon l'Armed Conflict Location and Event Data Project, un projet de collecte, d'analyse et de cartographie des crises à but non lucratif. L'activité de Daech, en revanche, est sur une trajectoire descendante, selon le dernier rapport de l'inspecteur général du département américain de la Défense. Le groupe terroriste a revendiqué 201 attaques entre le 1er avril et le 30 juin, soit une diminution de plus de 60 % d'une année sur l'autre. Bien qu’il reste une menace persistante en Irak et en Syrie, il est largement incapable de mener des opérations offensives coordonnées dans ces pays ou de planifier et de diriger des attaques à l'étranger.

Cela signifie que les activités de quelque 900 de personnel militaire américain stationné en Syrie sont également en baisse significative par rapport à son apogée. Les forces américaines continuent de fournir un soutien, notamment des capacités et une logistique de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, aux milices alliées, y compris les Forces démocratiques syriennes (SDF) dirigées par les Kurdes.

En janvier, le soutien militaire américain a été essentiel pour aider les FDS à sécuriser une prison à Hassaké, une ville du nord-est de la Syrie, après que Daech a lancé une attaque pour libérer ses membres qui y étaient détenus. Plus de 500 personnes sont mortes dans la bataille, dont 121 éléments des FDS. Dans l'ensemble, cependant, les troupes américaines ne mènent pas autant de missions en partenariat avec les FDS. Jusqu'à présent cette année, il n'y a eu que deux opérations au cours desquelles les forces des FDS et des États-Unis ont combattu côte à côte, selon des informations publiques du département à la Défense et des FDS.Les lieux où se déroulent les activités militaires américaines ont également changé, se déplaçant vers des endroits où les États-Unis ont moins d'yeux et d'oreilles sur le terrain. Au lieu d'être concentrées dans le nord-est de la Syrie, où les forces américaines sont basées, les opérations contre des cibles de grande valeur pour Daech se déroulent à Idlib et dans d'autres zones théoriquement sous le contrôle de divers éléments de l'opposition syrienne. »

L’analyse s’attarde ensuite sur une nouvelle menace pour les Américains en Syrie indiquant que depuis l'opération militaire spéciale russe en l'Ukraine, les avions russes se sont livrés à une série d'actions dangereuses. En juin, par exemple, des avions russes ont directement visé Jaysh Maghawir al-Thawra, un groupe d'opposition soutenu par les États-Unis. Le groupe est stationné près de la garnison al-Tanf, une base militaire américaine, à l'intérieur d'une « zone de déconfliction » que la Russie avait autrefois considérée comme interdite. La Russie aurait donné aux forces américaines un préavis de 30 minutes seulement avant d'attaquer la zone. Un tel comportement augmente encore le risque d'un conflit direct involontaire entre les États-Unis et la Russie.

La guerre en Ukraine a un autre effet insidieux. Alors que la Russie détourne des ressources vers sa guerre avec son voisin d'Europe de l'Est, l'Iran a comblé le vide en Syrie, devenant beaucoup plus influent. Les forces soutenues par l'Iran menacent de plus en plus les opérations américaines de tirs directs et indirects, lançant au moins 19 attaques de roquettes et de drones contre les positions américaines en Irak et en Syrie depuis le début de l'année. En août, les forces de la Résistance ont mené une attaque coordonnée par drone et tir indirect sur deux avant-postes militaires américains distincts ; les États-Unis ont répondu par des frappes ciblées sur neuf positions inhabitées des  Hachd al-Chaabi, y compris des caches d'armes et des points de contrôle, ce qui a conduit à davantage de contre-attaques. Et cela alors que les négociations nucléaires entre les États-Unis et l'Iran continuent de piétiner. »

Chaque jour qui passe augmente les risques pour les forces américaines, avertit The Foreign Affairs : « Depuis que l'Iran, la Russie et la Turquie ont tenu des pourparlers trilatéraux en juin, la Turquie a augmenté son utilisation de drones et lance plus souvent des attaques d'artillerie et des frappes aériennes depuis l'espace aérien sous contrôle russe, ciblant des partenaires américains. La montée en flèche des activités depuis les pourparlers trilatéraux a conduit les dirigeants des FDS à déplorer publiquement que la Russie ait donné son feu vert à l'augmentation des activités aériennes turques et à reprocher aux États-Unis et à la Russie de ne les voir pas arrêtées. Les actions de la Turquie affaiblissent davantage la position américaine dans le nord-est de la Syrie, car elles détournent l'attention des FDS  et les obligent à accepter le soutien de la Russie et d'Assad pour contrer l'agression turque. C'est un piège à double fermeture.  Plus tôt cette année, les FDS ont facilité le déploiement de forces gouvernementales syriennes supplémentaires sur le territoire qu'elles contrôlent pour contrecarrer une incursion turque. Si les forces américaines devaient partir de manière non coordonnée, c'est le retour en force de la Syrie. mais les Etats Unis ont -ils d'autres choix quand leur action s'est réduit à fuir les attaques qui les visent soit dans leurs casernes soit dans leur convois".? 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV