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20% de la production mondiale du pétrole est saoudienne et elle va mal

De la fumée s'échappe d'une installation de stockage de pétrole dans la ville côtière de DJeddah, en Arabie saoudite, cible des frappes d'Ansarallah, le 25 mars 2022. ©AFP

Les régions stratégiques et importantes de l’Arabie saoudite ont été prises pour cible par des missiles et drones d’Ansarallah, ce qui a bouleversé les équations régionales et mondiales.

Dans un communiqué publié dans la soirée du vendredi 25 mars, le mouvement yéménite d’Ansarallah a annoncé la troisième grande opération visant à briser le blocus saoudien contre le Yémen, au cours de laquelle, 18 cibles dans le sud et le centre de l’Arabie saoudite ont été attaquées par drones et missiles d’Ansarallah.

Le communiqué précise que les installations d’Aramco à Djeddah et des cibles vitales à Riyad ont été prises pour cible par des missiles de croisière, les raffineries de Ras al-Tanura, Rabigh et les installations d’Aramco à Jizan et Najran ont été attaquées par des drones suicides et des cibles vitales à Abha, Khamis Mushait et Dhahran ont été frappées par des missiles.

L’étendue et l’importance stratégiques des cibles de cette grande opération exigent une étude approfondie :

La raffinerie de Ras Tanura

L’une des régions attaquées par les forces d’Ansarallah est la raffinerie de pétrole de Ras Tanura. Les champs pétrolifères de Ras Tanura se situent au port de Dammam en Arabie saoudite, près des eaux du golfe Persique. Il s’agit du plus grand port d’exportation du pétrole du monde, duquel plus de 90% de brut et de dérivés du pétrole de l’Arabie saoudite sont transférés vers le monde entier. C’est aussi l’un des plus importants ports d’exportation du pétrole au monde ; 20% de tout le pétrole mondial est exporté depuis Ras Tanura qui est considéré, d’ailleurs, comme le cœur de l’énergie de l’Arabie saoudite.

Lire aussi: La totalité géographique de l'Arabie frappée; Ansarallah a des links satellitaires?

La raffinerie de Rabigh

Cette raffinerie est active dans le domaine du raffinage de pétrole et de gaz et de la production des produits pétrochimiques, du naphta, du kérosène, de l’essence et du diesel.

Les installations de dessalement de Djeddah

L’Arabie saoudite, vu sa situation géographique, est obligée de dessaler l’eau pour la rendre potable. L’un des plus importantes usines de dessalement saoudiennes est Shuaiba qui se trouve dans le sud de Djeddah. Cette usine dessale près de 900 000 mètres cubes d’eau par jour et assure l’eau potable, selon les estimations officielles, de près de 3 millions et demi de personnes.

L’importance et les messages de la troisième grande opération d’Ansarallah pour briser le blocus

Les analystes et experts des affaires régionales repèrent des points importants de cette opération stratégique :

  • Tout d’abord, l’opération coïncide avec l’anniversaire du lancement de la campagne militaire de la coalition saoudienne contre le Yémen, ce qui fait comprendre à l’ennemi saoudien que l’équilibre de force a changé en faveur des Yéménites.
  • Les frappes menées dans le cadre de cette opération ont causé de graves dommages et dégâts à l’Arabie saoudite : la ligne de production d’Aramco ayant été anéantie, le géant pétrolier diminue sa production de 70%. À cela s’ajoutent les pertes concernant les réserves de pétrole de Djeddah qui comptent plus d’un quart des réserves de carburant saoudiennes.
  • Du point de vue militaire, les forces yéménites sont passées de position défensive à celle offensive. Ce changement d’équation n’est pas chose nouvelle ; cela fait maintenant des années qu’Ansarallah a la main haute dans les équations militaires, voire politiques.
  • L’opération était sans précédente du point de vue de l’étendue géographique des cibles visées et des zones d’opération. Près de 18 cibles militaires ont été attaquées dont certaines se situent à 1 000 kilomètres de distance du Yémen. Les frappes ne se sont pas d’ailleurs concentrées seulement sur des zones militaires et s’élargissent à des cibles vitales et des infrastructures. Ansarallah est clair : vous attaquez nos infrastructures, nous attaquerons les vôtres !
  •  L’opération porte aussi plusieurs autres messages aux pays participants à la coalition saoudienne dont et surtout les Émirats arabes unis, les appelant à changer de stratégie envers le Yémen. D’autant plus que les Émirats comptent un nombre de cibles vitales et qu’ils envisageaient de mettre sur pied la plus grande usine de dessalement, soit le troisième projet de dessalement au monde.
  • Ces frappes d’envergure ont mis en ruine la stratégie de pétrole visant à assurer la sécurité saoudo-américaine. L’Arabie saoudite souhaitait que le pétrole qu’elle offre « généreusement » garantisse sa sécurité ; or, ces opérations ont créé des défis majeurs pour le royaume des wahhabites, dont le plus important se traduit par la guerre de pouvoir entre les princes qui eux, étaient dès le début, contre les politiques du prince héritier Mohammed ben Salman envers la guerre au Yémen.
  • Toutes ces frappes et opérations couronnées de succès, ont prouvé que les systèmes, ô combien chers, de défense aérienne américains, vendus à Riyad, ne lui ont servi à rien. L’Arabie saoudite n’est que cette fameuse « vache à lait » pour les Américains.  
  • Les récentes opérations d’Ansarallah ont, d’ailleurs, changé toutes les équations et évaluations mondiales. Après avoir imposé des sanctions sans précédent au secteur énergétique de la Russie, les pays européens et même les États-Unis espéraient pouvoir compter sur l’Arabie saoudite pour compenser le manque de pétrole, tout comme ce qui s’est passé après l’établissement des sanctions contre l’Iran ; l’Arabie saoudite leur a fourni le pétrole dont ils avaient besoin tandis que l’Iran n’avait plus le droit d’en exporter. Mais, les attaques contre les réserves de pétrole et les raffineries saoudiennes ont tiré un trait sur toutes les évaluations et basculé les calculs. L’Arabie saoudite n’est plus en mesure de garantir l’énergie à l’Europe. Dans le plus optimiste des cas, Riyad peut maintenir l’exportation quotidienne de 10 millions de barils ! Plus de huit ans de guerre au Yémen n’ont rien apporté à Riyad que pertes et dommages.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV