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Iran-Russie mènent le grand jeu

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président Ebrahim Raissi a reçu son homologue russe Vladimir Poutine à Téhéran, le mardi 19 juillet 2022. © IRNA

Le président russe, en visite en Iran, a rencontré son homologue iranien à Téhéran. Lors de cette rencontre, tout en passant en revue le niveau des relations bilatérales, qui se sont considérablement développées récemment, les deux hommes politiques se sont réjouis du mutisme dans les relations bilatérales, en particulier dans les domaines économiques et sécuritaires, des infrastructures, de l’énergie, du commerce et de l’industrie, autant la première visite du président américain au Moyen-Orient s’est terminée sans aucun résultat concret, autant le voyage de son homologue russe à Téhéran pourrait être le prélude aux grands développements dans l’avenir de la région.

Aujourd’hui, le sommet d’Astana s’est tenu à Téhéran quelques jours après la tournée régionale du président américain, Joe BIden, dans la région. Cela représente largement le « poids politique » des acteurs régionaux et extrarégionaux dans la nouvelle architecture de sécurité du Moyen-Orient. Haaretz a récemment écrit dans un rapport que « l’Iran et le leader de la révolution islamique détermineraient si le voyage de Biden dans la région avait été fructueux ou non.

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Lors du sommet de Djeddah, le président américain a d’une certaine façon, promis aux dirigeants arabes du Conseil de Coopération du golfe Persique (CGRI), ainsi que de l’Égypte, de l’Irak et de la Jordanie que les États-Unis ne quitteraient pas la région en faveur de l’Iran, de la Chine et de la Russie, mais presque aucun des chefs de pays de la région n’a cru à cette rhétorique du démocrate Biden.

Le fait est que les pays arabes du golfe Persique et les acteurs de l’Asie de l’Ouest ont subi le contrecoup de la présence américaine en Afghanistan et en Ukraine et le comportement des autorités américaines à leur égard. C’est précisément pour cette raison qu’aujourd’hui, les autorités des pays arabes du Moyen-Orient préfèrent ne pas mettre tous leurs œufs dans le panier des Américains. En même temps, ils ont opté pour l’approche de la désescalade et de la coopération avec l’Iran, ainsi que le maintien des relations avec les Russes et les Chinois.

Il est clair que dans cette démonstration de force régionale, Téhéran et ses partenaires ont obtenu des résultats importants face à Washington et la Syrie est entre-temps un symbole clair de la victoire de cette alliance face à l’Occident et les États-Unis en sa tête.

Le dossier syrien est l’un des exemples de la coopération réussie entre l’Iran et la Russie dans l’histoire de la politique étrangère des deux pays. Le conflit complexe en Syrie a donné l’impression à Moscou qu’il fallait accorder une attention particulière au point de vue de Téhéran sur les questions du Moyen-Orient.

Le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, écrit dans son livre des mémoires de la guerre syrienne : “Nous avons entamé le dialogue sur la Syrie avec Moscou à un moment où les relations bilatérales des deux pays n’étaient pas bonnes. Mais, les pourparlers sur la Syrie ont joué le rôle d’un catalyseur dans les relations bilatérales Téhéran-Moscou et ont fourni une bonne base pour la coopération des deux pays”.

Amir-Abdollahian, faisant référence également à sa conversation d’un responsable de sécurité russe, sous couvert d’anonymat, sur le revirement de Moscou après avoir consulté Téhéran sur la Syrie et le cite comme suit : “Nous sommes arrivés à la conclusion que les Iraniens ont fortement soutenu ces dernières années leurs alliés dans la région. Lors des déploiements militaires des États-Unis dans la région, ils ont suivi la même méthode. En fait, l’Iran et ses alliés ont joué un rôle important dans les développements régionaux et ont obtenu des résultats acceptables dans ce domaine”.

Trois points importants se trouvent dans l’ordre du jour du sommet d’Astana : “soutenir et protéger l’intégrité territoriale de la Syrie”, “combattre le terrorisme” et “soutenir l’établissement d’un cessez-le-feu dans ce pays”. Ces dernières semaines, il y a des spéculations sur une éventuelle opération de la Turquie contre les Kurdes dans le nord de la Syrie, de même que la réduction de la présence militaire de la Russie en Syrie et l’augmentation du poids de l’axe de la Résistance dans ce pays – ce qui a certes provoqué les inquiétudes des responsables israéliens à ce sujet – la montée de tension sans précédent entre Moscou et Tel-Aviv. Cependant, on peut s’attendre à ce que Vladimir Poutine ait d’importantes consultations avec de hauts responsables de notre pays ; les dimensions de la coopération militaire entre les deux pays ont maintenant suscité l’inquiétude et la colère de la Maison-Blanche.

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Même le site Web Washington Free Beacon, proche du courant néoconservateur aux États-Unis a récemment rapporté : “L’Iran, la Russie et la Chine montrent les muscles aux États-Unis et envisagent dans ce sens d’organiser un exercice tripartite en Amérique latine sous le titre «Tireur d’élite frontalier’e” qui auraient lieu au Venezuela à la mi-août.  Le site d’Internet américain souligne : “Cet exercice est l’un des signes les plus clairs de l’émergence d’une coalition en Amérique latine contre les États-Unis”.

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Dans la situation actuelle, les intérêts communs entre Téhéran et Moscou incitent les deux parties à prendre des mesures pour la promotion exceptionnelle des relations politico-économiques et sécuritaires.

L’Iran et la Russie ont des points de vue communs sur les sanctions imposées par les États-Unis à leur encontre, l’accord nucléaire iranien et la révision de l’ordre mondial actuel et de l’unilatéralisme américain. Et tout cela ouvre la voie à la coopération entre les deux pays et a amené Poutine à avoir trois rencontres avec le président iranien en 6 mois - à Moscou, Achgabat et Téhéran.

Le feu vert de la Russie à l’adhésion permanente de l’Iran à l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), le vote négatif de Moscou contre la résolution anti-iranienne du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) peuvent être interprétés dans le même cadre. La Russie a même récemment évoqué l’idée de l’adhésion de notre pays au groupe BRICS.

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L’opposition à l’élargissement de l’OTAN, en Asie centrale, ainsi que le danger imminent de la réémergence de Daech en Afghanistan, qui touche les frontières de l’Iran et de la Russie, font partie des autres sujets, dans le cadre desquels on peut définir l’élargissement de la coopération bilatérale des deux pays. En juin, les dirigeants des pays d’Asie centrale, dont le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Turkménistan, sont venus en Iran et ont signé de nombreux accords bilatéraux et dans ce même cadre, l’Iran a procédé à ouvrir son usine de drones au Tadjikistan.

Quoi qu’il en soit, tout cela montre que Moscou attache un rôle particulier à l’Iran dans le cas de l’Asie centrale et du Caucase du Sud, et attend la stabilisation et le renforcement de l’implantation de l’Iran dans cette région pour éliminer les menaces mentionnées.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV