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Poutine-Raïssi, partenariat ou alliance?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une rencontre entre Ebrahim Raïssi et un représentant de Vladimir Poutine. (Archives)

La victoire de Raïssi à la présidentielle place la Russie à la fois devant des opportunités et des défis, indique un expert des relations internationales. 

Samuel Ramani, doctorant au Département de politique et de relations internationales de l’Université d’Oxford, examine, dans un article publié le 7 juillet sur le site Middle East Institut, les relations entre l’Iran et la Russie après l’investiture officielle d’Ebrahim Raïssi, le président élu iranien. Voici un extrait de cet article :

Le 18 juin, Ebrahim Raïssi a remporté une victoire écrasante aux élections présidentielles iraniennes. Après le triomphe de Raïssi, Maxim Suslov, attaché de presse de l’ambassade de Russie à Téhéran, a transmis le message du président Vladimir Poutine pour féliciter Raïssi et pour s’engager à renforcer les relations bilatérales russo-iraniennes. L’ambassadeur iranien en Russie, Kazem Jalali, a fait écho aux commentaires de Poutine sur les relations russo-iraniennes et a noté qu’il était le premier dirigeant mondial à féliciter Raïssi pour son élection.

La victoire de Raïssi place la Russie à la fois devant des opportunités et des défis. Les responsables russes le considèrent comme une figure amicale, mais s’inquiètent d’une détérioration potentielle des relations de l’Iran avec l’Arabie saoudite et Israël, ce qui pourrait nuire à la stratégie d’équilibre régional de Moscou.

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Des experts russes et iraniens se disent plutôt optimistes et estiment que la victoire de Raïssi à la présidentielle renforcera les relations russo-iraniennes. Boris Dolgov, expert à l’Institut d’Études orientales de Moscou, a prédit que Raïssi étendrait sa coopération économique et politique avec la Russie. Vladimir Sazhin, chercheur principal à l’Institut d’Études orientales, a noté que « la Russie sera sans aucun doute incluse dans la liste des partenaires prioritaires de l’Iran », mais a reconnu que la Russie et l’Iran maintiendront un partenariat conjoncturel.

Seyyed Mohammad Marandi, professeur à l’Université de Téhéran, estime que la politique étrangère de Raïssi « basculera vers l’Est et vers le Sud », et cette orientation renforcera le partenariat de l’Iran avec la Russie et la Chine.

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Bien que Raïssi soutienne le Plan global d’action conjoint (PGAC), son refus catégorique de rencontrer le président américain Joe Biden suggère qu’une relance de l’accord nucléaire n’améliorera pas les relations américano-iraniennes et n’affectera pas la politique étrangère de Téhéran orientée vers l’Est.

En avril 2017, Raïssi a tenu une réunion très médiatisée avec le président du Tatarstan, Rustam Minnikhanov, qui est un conseiller clé de la politique étrangère de Poutine dans le monde musulman, et a salué l'engagement de l'Iran à renforcer ses relations avec la Russie et le Tatarstan. Cette réunion a eu lieu moins d'un mois avant les élections présidentielles de mai 2017, auxquelles Raïssi était candidat. 

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Malgré ces facteurs positifs, la détérioration potentielle des relations de l’Iran avec l’Arabie saoudite et l'escalade des tensions avec Israël met en péril la stratégie d’équilibre régional de la Russie. Si le dialogue officieux entre l’Iran et l’Arabie saoudite s’effondre et que la guerre entre les forces alliées de l'Iran et d'Israël en Syrie et en Irak s’intensifie, l’Iran pourrait demander une technologie militaire russe sophistiquée telle que le système de défense antimissile S-400. Bien que des responsables russes, comme le vice-Premier ministre Yury Borisov et l’ambassadeur de Russie en Iran Levan Dzhagaryan, aient laissé la porte ouverte aux ventes de S-400 à l’Iran, la Russie a précédemment refusé de vendre le système antiaérien à l’Iran. Si ce scénario se répète, les perceptions historiques de l’Iran selon lesquelles la Russie est un partenaire peu fiable pourraient refaire surface.

Pour minimiser la perturbation de sa stratégie régionale, la Russie soutient la relance immédiate de l’accord nucléaire. Les récentes affirmations de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, laquelle avait dit que l’accord sur le nucléaire iranien serait relancé avant le 14 juillet – le sixième anniversaire de sa signature – doivent être considérées dans ce contexte.

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Alors que l’avenir de l’accord nucléaire est en jeu, la présidence de Raïssi verra probablement le renforcement des relations russo-iraniennes. Alors que la Russie et l’Iran se disputent l’influence dans la reconstruction de la Syrie, l’intégration eurasienne et les liens normatifs joueront probablement des rôles de plus en plus importants dans la conduite de la coopération bilatérale à l’avenir. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV