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Ben Salmane, liquidateur du pétrodollar, basculeur du jeu ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président russe Vladimir Poutine (à droite) et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane assistent au sommet des dirigeants du G-20 à Buenos Aires, en Argentine, le 30 novembre 2018. ©AFP

Alors que les États-Unis et leurs alliés s'unissent contre l'opération russe en Ukraine, l'Arabie Saoudite se range du côté de la Russie. En ne condamnant pas publiquement la guerre et en réitérant son engagement envers l'accord OPEP+, le gouvernement saoudien a révélé des fissures dans son partenariat de longue date avec les États-Unis.

Malgré les supplications pour augmenter la production de pétrole, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane aurait refusé de parler avec le président américain Joe Biden une semaine après avoir parlé avec le président russe Vladimir Poutine. En refusant de compenser le pétrole russe, le prince héritier facilite l'opération de Poutine en lui permettant de militariser l'énergie face aux sanctions imposées par l'Occident et de tenir les pays européens dépendants de l'énergie en otage du pétrole et du gaz russes, selon des sources d’informations américaines.

« La réticence saoudienne à augmenter la production de pétrole en réponse à la demande de Biden représente le dernier signe d'un changement de loyauté », ont estimé des médias US.

Sur le même volet, certains médias américano-saoudiens ont évoqué des efforts de la Maison Blanche de nommer l'autre fils du roi Salmane, Khalid ben Salmane, pour succéder à Mohammed ben Salmane (MBS) comme prince héritier saoudien, pour cette simple raison que les États-Unis sont en colère contre MBS qui a commandité l'assassinat du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggi et déclenché la guerre au Yémen. .

La relation des pays du monde avec le régime sioniste est un facteur important qui détermine la nature de la relation entre les Etats-Unis avec ces Etats, en particulier avec ceux du Moyen-Orient. Dans ce contexte si ces pays entretiennent de bonnes relations avec Israël, les États-Unis établiront des meilleures relations avec eux, même s'ils sont dirigés par les gouvernements les plus tribaux, réactionnaires et autoritaires. Et si ces pays s'opposent à Israël, ils seront la cible des attaques des États-Unis, même s'ils sont dirigés par les gouvernements les plus démocratiques.

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Ce qui compte pour les États-Unis, ce sont les intérêts d'Israël, et des valeurs comme la démocratie, les droits de l'homme et la liberté d'expression, ne valent rien pour Washington.

MBS le sait bien, il a donc été le parrain de la normalisation entre les Émirats arabes unis, Bahreïn et même le Soudan avec Israël. En effet, durant son règne, l'Arabie Saoudite avait noué des relations plus que normales avec Israël, mais en coulisses. Et la coordination sécuritaire en atteste. Les manœuvres militaires auxquelles les deux parties participent, l'échange de visites entre les hauts responsables saoudiens et israéliens et les avions civils et militaires israéliens qui sillonnent l'espace aérien saoudien en toute sécurité viennent étayer ces affirmations.

En effet MBS a commis de nombreuses erreurs en raison de sa cupidité envers le trône, des erreurs qui ont nui au gouvernement saoudien et représentent une menace pour sa survie. Les mêmes erreurs ont porté préjudice aux intérêts américains dans la région. Pendant ce temps, la popularité de MBS s’est effritée aussi bien à l'intérieur qu’à l'extérieur de l'Arabie saoudite à cause de l'assassinat de Jamal Khashoggi; C'est pourquoi il doit redorer son blason auprès de l’opinion publique en se présentant comme celui qui tient tête aux Etats-Unis. Cela semble être le prélude à la légitimité de ses efforts pour monter sur le trône et gouverner l'Arabie Saoudite pendant les cinquante prochaines années.

Cependant, mis à part la complicité de MBS, ce sont les États-Unis et Israël qui ont déclenché la guerre au Yémen. Par ailleurs, l'idée que les États-Unis ont l'intention de remplacer le frère de Ben Salmane est irréaliste. L'Arabie saoudite ne peut en aucun cas devenir indépendante des États-Unis, tout comme les États-Unis qui ne peuvent pas renoncer à un pays qui leur offre les clés de son trésor et consolide les bases du régime israélien sur l'échiquier régional.

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Il est clair que toutes ces nouvelles visent à redorer le blason de la personnalité de MBS, qui a été très affectée par sa hâte d'accéder au pouvoir, de liquider ses rivaux et de normaliser les relations avec l'entité sioniste.

Les experts estiment que les efforts du prince héritier saoudien pour tenir tête aux États-Unis visent en fait à se présenter comme une figure puissante pour remplacer son père, le roi Salmane.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV