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Harceler la Russie à l’aide du Sultan

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Biden se tourne vers Erdogan pour s’en prendre à Poutine.

Conjointement à l’opération militaire russe en Ukraine, les régions du nord-est et de l'ouest de la Syrie connaissent de nouveaux agissements américains qui sont probablement signe d’opérations dissuasives en Syrie et la possibilité d'une pression accrue sur Moscou et Damas.

A l’heure qu’il est le chaos augmente dans diverses zones échappant au contrôle du gouvernement syrien, du nord au sud en passant par l’est. Les troubles vont seulement dans intérêt des États-Unis qui n'hésitent pas à maintenir la situation instable en apportant un soutient direct aux courants séparatistes et aux groupes terroristes.

Une analyse sur le lancement de l'opération militaire russe en Ukraine indique qu'une nouvelle phase de changement de la politique étrangère américaine en Syrie vient de débuter : des éléments de Daech ont récemment attaqué la prison de Ghwayran qui située dans la province syrienne de Hassaké, était contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les USA.

Par la suite, des centaines de daechistes ont été arrêtés, mais des dizaines d’entre eux se sont évadés. Le groupe terroriste a également annoncé sur son compte Telegram avoir saisi un dépôt d'armes dans la prison. Depuis, les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes sont, les unes après les autres, reprises par d’autres mouvements militaires et politiques qui risquent d’être utilisés pour la déstabilisation de la Syrie.

Sur le plan politique, le haut comité du projet de contrat social dans le nord et l’est de la Syrie a mis fin aux consultations sur les conditions et la prise de décision pour les élections. Sur le plan militaire, l'opération d'intimidation et de terreur des civils sous prétexte de poursuivre les éléments en fuite se poursuit à Hassaké.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont lancé une opération militaire et de sécurité en banlieue nord d'Alep, où sont basés des groupes terroristes soutenus par la Turquie. L'opération coïncide avec le début des opérations contre les positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la province de Hassaké ciblant les positions des FDS à l'est de l'Euphrate.

Dans ces circonstances, plusieurs facteurs contribuent à la suspicion des intentions américaines en Syrie et dans les régions kurdes, dont les plus importants sont la tentative de Washington de dissimuler la relation entre ses forces par procuration (les FDS) et le Parti des travailleurs du Kurdistan, mais aussi les efforts de l'administration Biden pour faire croire à l’aboutissement du dialogue kurde-kurde malgré les obstacles à la conclusion d’un accord.

Les Américains sont bien décidés à légitimer la présence des Kurdes dans les instances internationales ou à manœuvrer avec les Kurdes pour faire avancer leurs intérêts dans la région. À cet égard, les efforts des Forces démocratiques syriennes pour maintenir des relations avec le PKK peuvent s'inscrire dans le cadre de la politique pragmatique des États-Unis pour étendre l'influence US dans les régions arabes.

A Damas, Washington expérimente une nouvelle approche pour faire monter les tensions avec la Turquie d'une part et affaiblir l'influence du gouvernement du président syrien Bachar al-Assad et de ses alliés de l'autre.

L'opération des forces spéciales américaines à Idlib contre les commandants du groupe terroriste Daech n'est pas pour le bien-être du peuple syrien, mais pour dissimuler les échecs et réduire les critiques à l'encontre de l’administration Biden. Les Américains recherchent un accord non annoncé avec Ankara, dont les détails pourraient être révélés ultérieurement.

A la lumière de la crise ukrainienne, les actions américaines semblent refléter la réalité de la scène syrienne dans la dissuasion mutuelle que Kremlin accueille bien. En témoigne l'initiative du vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bagdanov qui en février dernier a souligné la nécessité de la participation de représentants kurdes au processus d'amendement de la constitution syrienne.

La démarche américaine n’a pas tardé à se manifester en Europe ; le Centre européen d'études kurdes, basé à Berlin, a récemment organisé un atelier de trois jours à Erbil pour discuter du projet de constitution du « Kurdistan syrien ». Le centre a proposé la gestion des régions kurdes de Syrie dans le but de créer un modèle « Kurdistan syrien » similaire au modèle « Kurdistan irakien ». Les Européen accordent une importance particulière à deux villes de Qamishli et d’Afrin en raison de leurs caractéristiques ; Qamishli abrite des bases russes dans la région tandis qu’Afrin est contrôlée par la Turquie.

La situation sur le terrain dans le nord-ouest de la Syrie indique que les États-Unis et la Turquie tentent de préserver la région comme un champ érosif pour le gouvernement syrien. La montée des tensions militaires dans le nord-ouest de la Syrie, les tensions sécuritaires à Idlib et dans certaines parties de la banlieue ouest d'Alep, à Lattaquié et dans le nord-ouest de Hama, ainsi que la prise pour cible des zones rurales de Tell Abyad et d'Aïn Issa et de la route internationale sous contrôle turc, sont à leur tour à l’origine de l’expansion du chaos et de l’instabilité en Syrie.

L'une des actions les plus importantes des Forces démocratiques syriennes est l'attaque contre les positions de l'armée syrienne, qui se trouve dans les lignes de contact avec les groupes terroristes fidèles à la Turquie, en particulier à la périphérie de Hassaké. Les zones de désescalade du nord-ouest de la Syrie ont également connu une augmentation des tensions militaires et des échanges de tirs entre les groupes terroristes tels que Tahrir al-Cham et Jaïsh al-Cham et l’armée syrienne.

Des messages sur l’augmentation de pression ont été révélés par Geir Pederson, l'envoyé de l'ONU en Syrie, qui s'est inquiété de la difficulté de mener des opérations diplomatiques en Syrie et de l'impact de la guerre sur une solution politique conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. Washington a alors pris l'initiative d'inviter ses alliés (représentants des pays européens, arabes et de l'UE), mais aussi Ankara, à une réunion de coordination le 3 mars pour discuter des conséquences de la guerre en Syrie.

Tout laisse croire que les Américains ont l'intention de mener une manœuvre spéciale contre la Russie et le gouvernement syrien sur la question de la souveraineté des régions dites « autonomes » et de l'activation de ce qu’ils appellent « chambres mixtes ». L’adoption de cette option, ce qui est probable compte tenu du terrain et des indicateurs politiques, montre que l’administration Biden entend faire pression sur Moscou aux portes de la Syrie en profitant des conséquences de l'opération russe en Ukraine dans les domaines économique, politique, militaire et sécuritaire.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV