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Au seuil d'une nouvelle conférence d'Astana, Poutine tourne la vis à Erdogan ... Kinzgal, Iskandar et Orion au menu?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les président Erdogan et Poutine (Archives)

Quelques heures avant la tenue d'une nouvelle réunion d'Astana dans la capitale kazakhe, Nur-Sultan, et quelques jours avant la session du Conseil de sécurité qui discutera de la prolongation du mandat de l'ONU pour l'entrée de l'aide humanitaire dans le nord de la Syrie, sur la base de la résolution 2533 du Conseil de sécurité qui autorise le transfert de la soi-disant aide atlantiste via le poste frontière de Bab al-Hawa entre la Turquie et la Syrie vers la région d'Idlib, cette même région connaît une escalade militaire opposant la Russie à la Turquie. Selon toute vraisemblance, la Russie de Poutine, bien en colère contre le "Sultan" Erdogan est en passe de faire passer un royal savon à ce dernier, ne serait-ce que pour lui rappeler qui domine qui, et venger les coups bas d'Ankara à la fois en Ukraine, en mer Noire, dans le Haut Karabakh et évidemment et surtout en Syrie. D'ailleurs  selon Avia.pro, le site militaire russe, et en réponse à l'apparition de Bayraktar vendus par la Turquie à l'Ukraine, lesquels Bayraktar opèrent près de la Crimée, la Russie vient d'envoyer ses drones Orion dans la péninsule, rien que pour venger cet "fake" épisode du massacre des Pantsir S par les drones turcs. Et en Syrie?

Selon le journal libanais Al-Akhbar, la nouvelle tension militaire a débuté après que les forces russes ont fait voler un grand nombre d'avions de reconnaissance pour surveiller les cibles appartenant aux terroristes, et que l'armée syrienne les ont frappées par d'intenses bombardements d'artillerie, dans le cadre d'opérations principalement concentrées dans la région de Jabal al-Zawiya et la banlieue sud d'Idlib.

« Il semble que Moscou veuille, derrière cette escalade "contrôlée", s'en servir comme moyen de pression sur Ankara sur deux dossiers principaux : l'aide internationale à travers les passages frontaliers, et la mise en œuvre de l'Accord de Sotchi 2020, en ouvrant la route internationale d'Alep-Lattaquié (M4) aux mouvements civils entre les deux zones de Tarnabah à l'ouest de Saraqib, et Ain al-Hoor dans la banlieue ouest d'Idlib », souligne Al-Akhbar.

En ce qui concerne le premier dossier, Moscou considère le précédent mécanisme d'aide internationale, qui expire au milieu de cette année, comme une « violation » de la souveraineté syrienne, exigeant à la place l'utilisation de points de passage contrôlés exclusivement par le gouvernement syrien, tandis que le reste des pays du Conseil de sécurité rejettent cette demande.

Selon certaines sources, la partie russe, et avec elle l'État syrien, ont des conditions de base pour accepter la prorogation de la résolution 2533 du Conseil de sécurité, et ne pas utiliser le veto contre elle, dont la participation de représentants officiels du gouvernement syrien, ou des représentants des trois pays impliqués dans le processus d'Astana, à savoir la Russie, l'Iran et la Turquie, dans la distribution de l'aide internationale entrant dans le pays.

Les sources expliquent que « la partie russe vise, à travers ces demandes, à surveiller le mouvement de l'aide et la façon dont elle est distribuée, en plus d'établir un rôle officiel pour le gouvernement syrien dans le processus en coopération avec les Nations unies, en apportant l'aide à Damas d'abord, puis la répartissant dans toutes les régions de manière égale, et l'amenant à Idlib via des points de passage sécurisés reliant les zones contrôlées par l'armée aux zones contrôlées par les factions armées. Au fait, la Russie soupçonne Ankara de vouloir faire passer davanatge d'armes et de terroristes dans le nord sous couverture d'aide humanitaire », ajoute l’article d’Al-Akhbar.

Au début de ce mois, le dossier des postes frontaliers a été abordé, lors d'une rencontre à Damas, tenue par l'envoyé du président russe, Alexandre Lavrentiev, avec le président Bachar Assad. Un jour plus tard, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé les États-Unis d’ « avoir déclenché la crise humanitaire en Syrie à cause de la politique de sanctions unilatérales (...) et de l'occupation par des forces étrangères des terres, des ressources naturelles et des zones fertiles de la Syrie ».

Selon le journal, sur la base de ce qui précède, il apparaît que Moscou cherche, à travers l'escalade à Idlib, à faire pression sur Ankara pour l'empêcher de s'engager dans le projet américain sur les passages, et même le pousser à participer au projet russe. Les Russes se rendant compte de l'importance du passage de Bab al-Hawa pour la partie turque, cherchent à faire comprendre à Ankara qu'ils ne veulent pas fermer le passage autant qu'ils veulent participer au contrôle de l'entrée de l'aide par celui-ci, et voir comment elle est distribuée.

« Dans le contexte des efforts russes, on sent clairement que la position turque est encline à la position américano-occidentale sur cette question ; après que l'ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas Greenfield, se soit rendue en Turquie le mois dernier, où elle a inspecté le poste frontière de Bab al-Hawa sous le parrainage officiel de la Turquie, la Russie a compris le message et a dénoncé l'escalade militaire à Idlib, appelant la Turquie à mettre en œuvre ses engagements concernant l'Accord de Sotchi, c'est-à-dire l'établissement de la zone de sécurité autour de la route internationale (M4), le retrait des terroristes dans le nord et sa réouverture aux civils. La Russie a ensuite menacé de lancer une opération militaire si les Turcs ne remplissaient pas leurs obligations », indique Al-Akhbar.

La partie russe n’a pas réagi soudainement à l'inaction chronique et croissante de la Turquie dans la mise en œuvre de l'Accord de Sotchi signé il y a plus d'un an, mais elle a levé la bannière de l'accord face à Ankara pour négocier sur la question des passages frontaliers, et pour les faire sortir du cercle américain.

La tension dans les relations russo-turques ne se limite pas à Idlib, car la partie russe observe avec une sorte de méfiance le rapprochement turco-américain qui s'est opéré depuis l'arrivée au pouvoir de l'administration du président Joe Biden aux États-Unis, et son impact sur la situation dans la région de l’Est de l'Euphrate.

Dans ce contexte, les Russes s'attendent à ce que les Américains cherchent à conclure un nouvel accord entre les Turcs et les forces kurdes, qui améliorerait la position d'Ankara dans la région, ou permettrait aux forces turques d'étendre leur présence au détriment du contrôle kurde, comme cela s'est produit lors de l'opération « printemps de la paix ».

 Et l'on constate dans la période récente une intensification des agissements américains dans la région Est de l'Euphrate, malgré le rejet populaire de la présence des États-Unis qui cherchent aujourd'hui à s'immiscer dans des questions qui en étaient auparavant éloignées, notamment les questions communes entre les forces kurdes, le gouvernement syrien et la partie turque, que la Russie a toujours gérée. A l'instar de la question des coupures d'eau et d'électricité, les États-Unis ont multiplié leurs efforts pour entrer dans la ligne de négociations entre les FDS et la Turquie sur ces deux questions, après que les deux affaires étaient exclusivement entre les mains de la partie russe.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV