A force de vouloir manger à tous les râteliers, le Sultan a-t-il fini par se faire piéger ?
La Russie a testé l'état de préparation de ses systèmes de défense aérienne déployés dans la péninsule de Crimée qu'elle a annexée à l'Ukraine en 2014, dans le cadre d'exercices militaires conjoints dans la mer Noire par les pays de l'OTAN et l'Ukraine, a rapporté mardi l'agence de presse Interfax.
L'exercice Sea Breeze, qui a débuté lundi, fait suite à une montée des tensions entre l'OTAN et Moscou, qui a déclaré la semaine dernière avoir tiré des coups de semonce et largué des bombes sur le passage d'un navire de guerre britannique pour le chasser des eaux de la mer Noire au large des côtes de Crimée.
La flotte russe de la mer Noire a été citée par Interfax comme ayant déclaré avoir déployé une vingtaine d'avions de guerre et d'hélicoptères, dont des bombardiers Su-24M, ainsi que des systèmes de missiles sol-air S-400 et Pantsir lors des tests de préparation.
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« La flotte de la mer Noire fait un certain nombre de choses pour surveiller les actions des navires de l'OTAN et d'autres pays participant à Sea Breeze 2021 », a déclaré Interfax citant le Centre de gestion de la défense nationale dans un communiqué séparé.
Moscou a demandé que les exercices militaires Sea Breeze soient annulés avant qu'ils ne commencent, et le ministère russe de la Défense a déclaré qu'il réagirait si nécessaire en faveur de la sécurité nationale.
Sea Breeze 2021 durera deux semaines et impliquera environ 5 000 militaires de l'OTAN et d'autres alliés, ainsi qu'une trentaine de navires et 40 avions. Le destroyer lance-missiles américain USS Ross et le Corps des Marines des États-Unis y participeront également.
La semaine dernière, la Russie a mis en garde la Grande-Bretagne et les États-Unis contre l’envoi des navires de guerre en mer Noire et a déclaré qu'elle défendrait ses frontières par tous les moyens possibles, y compris la force militaire.
Le ministère russe de la Défense estime que des armes, des munitions et du matériel modernes pour l'armée ukrainienne seront livrés sous le couvert de l'exercice. Ces actifs seront remis plus tard aux troupes ukrainiennes et aux unités nationalistes, qui sont déployées à côté des zones de l'oblast de Donetsk et de l'oblast de Lougansk que Kiev ne contrôle pas.
« Bien que l'exercice soit classé comme un exercice maritime, la portée de son activité militaire ira bien au-delà de la partie ukrainienne de la mer Noire », a affirmé le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov.
La Turquie et la Crimée
Ces dernières semaines, la Russie a intensifié sa présence en Crimée et y a dépêché du dispositif militaire.
Depuis 2019, la Turquie construit des ponts en mer Noire. Elle a vendu des drones à son voisin d’en face, l’Ukraine. Le 10 avril dernier a marqué, dans les relations entre les deux pays, une nouvelle étape. En accueillant à Istanbul son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, le président turc, Recep Tayyip Erdogan a resserré les liens. Désormais, il ne s’agit plus seulement de vendre des drones – même si Kiev en a commandé 48 nouvelles unités –, mais bien de les produire ensemble.
Les responsables d'Ankara ont dénoncé à plusieurs reprises la présence russe en Crimée avant de la qualifier d’illégale. Ils considèrent le rattachement de cette péninsule à la Russie comme exemple d’occupation.
La Turquie poursuit trois objectifs importants dans ce domaine : coopérer avec l'OTAN pour soutenir l'Ukraine et affronter la Russie ; instrumentaliser les Tatars de Crimée ; améliorer le niveau de coopération politico-économique avec l'Ukraine et obtenir de nouvelles concessions en Mer Noire.
La Turquie vend des drones et des armes stratégiques à l’Ukraine et à la Pologne. Elle veut assurer la sécurité de l’aéroport de Kaboul et élargir des relations avec la Hongrie.
Ces démarches entreprises par la Turquie ne sont pas agréables pour la Russie et peuvent avoir des conséquences pour ce pays.
La Russie est une puissance importante qui, en jouissant des capacités géopolitiques importantes de la Syrie en Méditerranée, surplombe la région.
La Russie est en mesure d’affronter l’OTAN en mer Noire. Elle dispose également de moyens à l’est de la Méditerranée qui pourraient dissuader les États-Unis et leurs alliés.