La puissance de dissuasion du Hezbollah, les faiblesses socio-politiques internes d’Israël et sa volonté de remplacer la Russie pour exporter du gaz en Europe sont entre autres les facteurs qui ont poussé le régime de Tel-Aviv à conclure l’accord maritime avec le Liban.
Le président libanais Michel Aoun a annoncé, jeudi 14 octobre, l'approbation par son pays de l'accord de démarcation de la frontière maritime avec Israël, après avoir consulté le Premier ministre Najib Mikati et le chef du Parlement Nabih Berri.
Deux jours plus tard, le sous-secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem, a affirmé que la Résistance avait contribué considérablement à la restauration des droits pétroliers, gaziers et maritimes du Liban.
« La Résistance fait partie des piliers essentiels du Liban, de son autorité et de sa stabilité et elle agit dans le sens de la réalisation de ses droits, a souligné Cheikh Naïm Qassem, le triangle Armée-Peuple-Résistance a concrétisé en 2000, une victoire saillante, sans égale dans toute l’histoire du combat contre l’ennemi sioniste dans la région. »
« La Résistance a joué un rôle important pour le recouvrement des droits maritimes du Liban dans le domaine du gaz et du pétrole. La signature de cet accord est une victoire historique pour le pays. Sans la solidarité du gouvernement avec la Résistance, sans les efforts du gouvernement et les menaces du Hezbollah, cet accord n’aurait jamais pu voir le jour », a-t-il fait.
La ministre israélienne de l’Intérieur et leader du parti Foyer juif a d'ailleurs reconnu que les menaces de Sayyed Hassan Nasrallah avaient conduit à un accord sur la démarcation des frontières maritimes.
Ces menaces, le secrétaire général du Hezbollah les avaient lancées, le 9 août, avertissant le régime sioniste que la main qui chercherait à piller les ressources naturelles libanaises, serait coupée.
Pourquoi Israël a-t-il accepté l'accord maritime avec le Liban ?
De nombreux analystes estiment que les sionistes, en acceptant cet accord, reconnaissent leur échec face à la partie libanaise en général et au Hezbollah et que toutes leurs allégations en faveur de l’accord ne sont destinées qu'à détourner l’opinion publique de leur faiblesse.
Quoi qu’il en soit, l’acceptation par Israël de l’accord véhicule trois messages :
- La puissance de dissuasion du Hezbollah s’impose au régime sioniste
L’un des principaux facteurs qui a poussé le régime sioniste à conclure un accord avec le Liban sur les frontières maritimes et à reconnaître le droit du Liban à extraire du gaz des champs de l'est de la Méditerranée, est certes la crainte du régime face au pouvoir de dissuasion du Hezbollah libanais.
Le secrétaire général du Hezbollah a particulièrement réitéré lors de ses discours de ces derniers mois que le mouvement ne resterait pas les bras croisés devant le pillage des richesses du Liban et qu’il ferait même recours, le cas échéant, à la force pour sauvegarder les intérêts du peuple libanais. S’est inscrit dans ce même cadre l’envoi par le Hezbollah de trois drones non armés aux zones à proximité du champ gazier de Karish, pour prouver qu’il était entièrement ferme et résolu dans la réalisation de ses promesses.
Or, le régime sioniste qui comptait sur l’exploitation des ressources de l’énergie de l’est de la Méditerranée, se voyait incapable d’avancer ses projets sur fond de l’insécurité que le Hezbollah a promise, ses drones et missiles étant prêts à agir face aux démarches illégales et illégitimes des sionistes à Karish.
Ceci dit, l’entité a accepté de démarquer les frontières maritimes et déterminer les droits libanais de ces champs d’énergie, pour en effet assurer ses propres intérêts dans ce domaine. Une reculade qui constitue une victoire absolue pour le Hezbollah, réalité que même les journaux et les sites d’information importants du régime tels que Haaretz ou i24 ont reconnue unanimement.
- Les faiblesses internes d’Israël dévoilées
Les faiblesses internes croissantes des sionistes surtout dans les domaines politique et social, constituent un autre facteur qui a poussé le régime sioniste à signer l’accord avec le Liban.
L’entité compte organiser le 1er novembre, ses élections générales et déjà les observateurs et analystes préviennent soit une impasse, soit des tensions politiques croissantes sur les territoires occupés. Une question importante qui engage depuis des années les sionistes et qui était à l’origine de la vie courte de tous les gouvernements israéliens en ces dernières années.
Or les dirigeants du régime n’osent pas lancer une nouvelle crise d’ordre extérieure, s’ajoutant aux tensions croissantes internes, une crise qui coûterait certes très chère à leur entité. La moins coûteuse des mesures serait alors un accord avec le Liban d’autant plus que l’entité était, durant ces derniers mois, témoin d’une polarisation politico-sociale extrême au sein des territoires occupés et de l’escalade des menaces sécuritaires contre les sionistes en Cisjordanie voire au cœur même des régions occupées palestiniennes. C’est autant de problèmes qui ont affaibli le régime et l’ont empêché de procéder à des démarches aventuristes en dehors de ses « frontières ».
- L’idée de l’exportation du gaz vers l’Europe
Simultanément à l’escalade de la guerre en Ukraine et l’intensification des sanctions occidentales contre la Russie, surtout celles contre l’énergie qui ont privé les pays européens de gaz russe, le régime sioniste a vu le temps propice pour remplacer ce pays et assurer, lui-même le gaz nécessaire des Européens et se donner ainsi d’importants profits via ce commerce bénéfique.
Rien ne justifie donc, même un seul jour de retard de plus dans l’exploitation des champs gaziers de l’est de la Méditerranée. Tel-Aviv veut activer, aussi tôt possible, ses potentialités d’exportation de gaz en Europe.
Étant donné que les hauts dirigeants de l’entité sioniste se sont rendus compte de ce qu’ils ne pouvaient aucunement confronter dans les circonstances actuelles, le mouvement de la Résistance au Liban et qu’ils ne pouvaient non plus arriver, de façon unilatérale, à extraire du gaz des sites de l’est de la Méditerranée, ont décidé donc de se mettre d’accord avec le Liban pour pouvoir ainsi accélérer la reprise de leurs travaux sur ce champ et obtenir leur gain dans ce domaine. C’est justement un des autres facteurs qui ont entraîné l’accord avec le Liban sur la démarcation des frontières maritimes.