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Le prix à payer à Erdogan pour son rapprochement avec la Russie ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président russe Vladimir Poutine. ©Dailysabah

L’éditorialiste du journal en ligne Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan est revenu dans un récent article sur la possibilité d’une expulsion de la Turquie de l’OTAN et la décrit comme une mesure non seulement conforme aux intérêts de la majorité des Turcs, mais aussi comme une étape pour renforcer relations avec la Syrie et surtout avec la Russie qui tente de faire de la Turquie le centre mondial du gaz naturel en concluant d’énormes contrats gaziers, et ce, dans une situation où l’Europe a cruellement besoin de gaz et de pétrole importés.

Se référant à la position de la majorité des conservateurs américains qui ont récemment décrit la Turquie comme la cinquième colonne de l’OTAN, à qui on ne peut pas faire confiance et devrait être expulsée de la Coalition de l’Atlantique Nord, le journal a estimé que les relations entre Washington et Ankara sont plus en baisse que jamais et pourraient s’aggraver si le Parti républicain remporte la prochaine l’élection présidentielle américaine.

Largués par ses alliés, en particulier au Moyen-Orient, les États-Unis se sont retrouvés dans une position déchirante où l’Arabie saoudite et les États du golfe Persique se sont alignés sur Moscou et son opération militaire en Ukraine et ont tourné le dos à Washington en réduisant la production de deux millions de barils par jour, a indiqué le journal estimant que le sort des relations américano-turques pourrait être la même que les États-Unis ont récemment subis dans ses relations avec l’Arabie saoudite.

En effet, a fait savoir le journal, la Turquie, étant consciente de la fragilité des relations Ankara-Washington, est désormais encline à approfondir ses relations avec Moscou en achetant le système de missile russe S-400 et les chasseurs Sukhoi-35 au lieu du système de missiles américain et des chasseurs furtifs F-35A de fabrication américaine.

Le président Erdogan est devenu un membre « gênant » de l’OTAN, en s’opposant toujours à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à la Coalition de l’Atlantique Nord tant qu’ils n’auront pas tenu leurs promesses d’extrader les militants kurdes de l’opposition turque qui soutiennent le Parti des travailleurs du Kurdistan dans les deux pays.

En outre, l’état de tension entre la Turquie et la Grèce s’est à nouveau aggravé ces derniers jours qui pourraient déboucher sur un conflit militaire au motif de la levée par l’OTAN de l’embargo sur les armes à Chypre, et l’aggravation des différends frontaliers maritimes, riches en gaz et en pétrole.

L’accord d’Ankara et de Moscou pour établir un centre gazier commun dans la région turque de Thrace que le président Erdogan a dernièrement annoncé après sa rencontre avec son homologue russe à Astana ainsi que le projet de création du gazoduc « Torrent Turc » peuvent transformer la Turquie en un centre gazier mondial pour le gaz russe dont les portes seront fermées aux Européens à moins que les la Russie donne son feu vert.

À la suggestion du président Poutine et en réponse au bombardement des lignes « Nord Stream 1 et 2 », que Moscou qualifie d’attentats terroristes, la Turquie est sur le point de devenir un centre pour le gaz russe, capable de répondre à toutes les demandes de l’Europe aujourd’hui et à l’avenir.

L’éventuelle décision de l’expulsion de la Turquie de l’OTAN, indique le journal, pourrait être dans l’intérêt de la majorité des Turcs, qui souhaitent que leur pays tourne le dos à l’Europe « obstruée » et « raciste » et se déplace vers l’Est, ce qui pourrait expliquer l’accélération des signes d’un rapprochement turco-syrien, la relance de la ceinture turkmène qui s’étend jusqu’à l’ouest de la Chine à l’est, et les possibilités croissantes d’organiser un sommet entre le président Bachar al-Assad et le président Erdogan sous les auspices russes.

En outre, la présence de la coalition terroriste Hayat Tahrir al-Cham, dont le Front al-Nosra est le principal membre qui ont pris sous leur contrôle les zones d’Afrin, au nord d’Alep pourrait entraîner une coordination conjointe turco-syrienne pour mettre fin à ce dangereux chaos sécuritaire nuisant la sécurité des deux pays.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV