CNN décrit la situation du plus grand allié de Washington dans le monde : "Le Royaume-Uni devra bientôt trouver une réponse à la flambée des factures énergétiques ou risquer une crise humanitaire. La campagne de congés pandémie de 18 mois du gouvernement britannique a coûté près de 70 milliards de livres sterling (82 milliards de dollars). Mais le gel des prix du gaz et de l'électricité au cours des deux prochains hivers pourrait coûter au gouvernement plus de 100 milliards de livres (118 milliards de dollars), soit plus que ce qu'il a dépensé pour payer les salaires de millions de personnes pendant la pandémie."
Pour mieux comprendre l'ampleur du chiffre évoqué, il suffit de savoir que le coût réel des opérations militaires britanniques depuis la guerre froide pourrait s'élever à 72 milliards de livres, ce qui inclut les interventions militaires en Irak, en Afghanistan, en Bosnie, au Kosovo et en Libye, sans compter le coût des soins aux blessés et de l'indemnisation des soldats tués.
Les gouvernements européens ont également mis de côté 280 milliards d'euros pour atténuer la pénibilité de la crise énergétique. Suivant l'exemple des États-Unis, les pays européens ont sanctionné le pétrole et le gaz russes. En conséquence, le prix du pétrole a atteint un niveau jamais vu depuis la crise financière de 2008. La Russie est l'un des plus grands producteurs de pétrole et de gaz au monde, et son absence du marché de l'énergie a été un coup dur pour l'économie occidentale.
En mai 2022, la Banque mondiale a annoncé dans son rapport que la guerre en Ukraine avait entraîné avec elle le plus grand choc de matières premières de ces 50 dernières années. L'augmentation du coût de l'essence a entraîné le taux d'inflation le plus élevé du 21e siècle au Royaume-Uni. Le taux d'inflation au Royaume-Uni et aux États-Unis a atteint son plus haut niveau au cours des 40 dernières années, et la principale raison en est la crise du carburant.
Selon les données d'Eurostat, l'indice d'inflation dans 19 pays membres de la "zone euro" a atteint le plus haut niveau enregistré depuis le remplacement des monnaies nationales par l'euro. Actuellement, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Irlande, la Belgique, l'Espagne, l'Italie, le Luxembourg, l'Autriche, le Portugal, la Finlande, la Grèce, la Slovénie, Chypre, Malte, la Slovaquie, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont membres de la zone euro. Avec l'augmentation de l'indice d'inflation dans la zone euro, les prix des aliments, des loyers, des logements, de l'énergie, des carburants et des transports augmentent également, ce qui est sans précédent depuis 25 ans.
Lire aussi : Selon The Independent le pétrole sanctionné russe est trafiqué par les pétroliers britanniques
Selon les statistiques de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le monde a consommé près de 100 millions de barils de pétrole (99,7 millions) par jour en 2019. Les États-Unis ont consommé un cinquième de la consommation quotidienne de pétrole dans le monde (20,48 millions de barils par jour), suivis de la Chine avec 13,07 barils et de l'Inde avec 4,84 barils.
Les États-Unis (18,61 millions de barils), l'Arabie saoudite (10,81 millions de barils), la Russie (10,5 millions de barils), le Canada (5,23 millions de barils), la Chine (4,86 millions de barils), l'Irak (4,15 millions de barils), les Émirats arabes unis (3,8 millions de barils de pétrole), le Brésil (3,7 millions de barils), l'Iran (3,1 millions de barils) et le Koweït (2,75 millions de barils) détiennent plus de 70 % de la production mondiale de pétrole.
Le Venezuela, l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Irak, le Koweït, les Émirats arabes unis, la Russie, les États-Unis, la Libye et le Nigeria possèdent les plus importantes réserves de pétrole découvertes dans le monde. Les trois pays que sont l'Iran, le Venezuela et l'Arabie saoudite détiennent ensemble la moitié des 1,55 trillion de barils de pétrole du monde.
C'est pourquoi Biden est allé en Arabie saoudite, mais est revenu les mains vides. La capacité de production maximale de l'Arabie saoudite est de 150 000 barils par jour et elle n'a pas tellement la capacité d'augmenter ses exportations pour au moins les 6 prochains mois. Les Émirats arabes unis sont également en train de produire à leur capacité maximale. Cette capacité de production se maintiendra tant que la paix régnera sur le front yéménite.
Si le conflit reprend de plus belle au Yémen, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite seront les cibles des drones et des missiles des combattants yéménites. Ansarallah a réussi à réduire de moitié la production pétrolière de l'Arabie saoudite en une seule attaque en septembre 2019. Le calme actuel est également dû au cessez-le-feu temporaire après les frappes d'Ansarallah en mars 2022.
Lorsque Boris Johnson, alors Premier ministre britannique, s'est rendu dans les Émirats du golfe Persique pour pallier à la pénurie de pétrole russe, les Yéménites ont détruit les installations de la plus grande compagnie pétrolière du monde en Arabie saoudite. Le message était clair : soit l'axe de la résistance sera pacifique et sûr, soit personne ne le sera.
Il n'y a que deux pays qui ont le pouvoir de garantir la sécurité du marché mondial du pétrole : l'Iran et le Venezuela. C'est pourquoi le président français Emmanuel Macron souhaite que Téhéran et Caracas reviennent sur le marché pétrolier.
Le ministre iranien du pétrole a déclaré dans une interview télévisée le 21 août : " Nous avons trouvé de bons clients en Amérique latine, en Asie et même en Europe pour le pétrole et les condensats de gaz iraniens ". Cet hiver sera difficile pour les pays importateurs d'énergie... L'Iran est prêt à fournir une partie des besoins des pays européens, mais ceux-ci oppriment leur propre peuple."
Lire aussi :La Hongrie a déclaré l'état d'urgence dans son secteur de l'énergie
Suite aux dernières prévisions de plafonnement des prix de l'énergie, la coalition End Fuel Poverty prévoit que 9,2 millions de ménages britanniques (28,4 %) seront en situation de précarité énergétique à partir du 1er octobre, puis 10,5 millions (32,6 %) à partir du 1er janvier. "Un tsunami de précarité énergétique va frapper le pays cet hiver et ces dernières estimations démontrent une fois de plus que le niveau de soutien déjà promis par le gouvernement n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan", a déclaré Simon Francis, coordinateur de la Coalition contre la précarité énergétique.
D'autre part, le porte-parole du département d'État américain a annoncé mercredi que Washington avait envoyé à l'Union européenne sa réponse au résumé final des négociations de Vienne par l'Iran. Mais le contenu de la lettre de Washington importe peu à Téhéran et la situation de l'Iran ne changera pas avec "l'absence d'un accord" ou "la prolongation du processus d'envoi de lettres entre Téhéran et Washington."
Le 13e gouvernement [gouvernement actuel iranien] a changé la direction économique et coopère avec l'Est et l'Ouest en parallèle à Vienne, mais l'Europe n'a pas beaucoup de temps jusqu'à la saison d'hiver. Si les États-Unis ne parviennent pas à un accord avec l'Iran, un hiver froid attendra l'Europe !
Lire aussi :Un Hub gazier plus une alliance militaire irano-russe