Tel-Aviv s'est dit préoccupé par la ferme mesure du Kremlin visant à poser un certain nombre d’exigences aux bureaux de l'agence chargée de l’immigration juive en Palestine occupée.
Sur fond des différends entre la Russie et le régime sioniste, les activités de l'Agence juive en Russie ont été suspendues le 5 mai après que le ministre russe de la Justice a publié un décret accusant l’agence de collecte, stockage et transfert des informations des citoyens russes. L'Agence juive, qui est connue comme la plus grande organisation juive à but non lucratif au monde, est chargée de fournir une assistance aux juifs qui ont l'intention d'immigrer dans les territoires occupés grâce au soutien d'Israël. Les estimations indiquent qu'au moins 165 000 juifs vivent actuellement en Russie, dont beaucoup peuvent immigrer vers les territoires occupés sur la base de la loi du retour d'Israël.
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La décision de Moscou de suspendre toutes les activités de cette agence est donc considérée par les dirigeants sionistes comme un message fort mais aussi un pas vers des sanctions diplomatiques. D’autant plus que ces derniers mois, en plus des citoyens juifs ukrainiens, de nombreux juifs d'origine russe ou même des opposants à Poutine ont immigré en Palestine occupée. Selon les statistiques officielles de l'Agence juive, plus de 15 000 juifs russes sont entrés en Palestine occupée depuis le début de la guerre d'Ukraine le 24 février 2022, et 30 000 personnes sont dans la file d'attente des demandeurs d'immigration.
Depuis le début de la crise ukrainienne, Israël est souvent accusé par les parties au conflit de se ranger du côté de la Russie. Bien que Yaïr Lapid, alors ministre des Affaires étrangères du régime sioniste, ait condamné l’opération militaire russe dans les premiers jours, Tel-Aviv tient à adopter une approche conservatrice pour éviter de provoquer la colère du Kremlin. Suite aux déclarations de Lapid, Naftali Bennett, alors Premier ministre, a tenté une médiation entre les parties au conflit avec des déplacements successifs à Moscou et Kiev.
En effet, l’impotence pour Israël de maintenir les canaux de communication avec les militaires russes et le rôle clé de Moscou dans les pourparlers nucléaires sur la relance de l’accord nucléaire avec l’Iran ont amené Bennett à éviter d'adopter des politiques audacieuses contre Moscou. Cependant, avec l'escalade du conflit en Ukraine le 16 avril, Tel-Aviv a rejoint l’Occident pour suspendre l'adhésion de la Russie au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies et condamné l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, la qualifiant même d’« une agression atroce ».
L'entité sioniste, qui avait précédemment refusé d'envoyer de l'aide militaire à Kiev malgré la rhétorique du président ukrainien Volodymyr Zelinsky, a reconsidéré sa décision et a accepté d'envoyer une aide d'urgence telle que des casques et des gilets de sauvetage à l'Ukraine. D’ailleurs, Benny Gantz, le ministre israélien des Affaires militaires, a annoncé le 14 juillet l'envoi de la deuxième cargaison d'aide d'urgence.
La dernière aide a été acheminée vers l’Ukraine au lendemain de la visite du président américain, Joe Biden, dans les territoires occupés qui a clairement montré que les perspectives des relations Moscou–Tel-Aviv se détériorent progressivement plus que par le passé. Ceci étant, le vice-ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que son pays espère que les autorités israéliennes prendront la bonne décision concernant la demande américaine d'envoi d'armes à l'Ukraine.