TV
Infos   /   A La Une   /   Iran   /   Moyen-Orient   /   Europe   /   L’INFO EN CONTINU   /   LE CHOIX DE LA RÉDACTION

Le Président Poutine débarque en Iran ... et il fait peur au Pentagone

Le drone Shahed-136, à sens unique de fabrication iranienne. (Capture d'écran)

Que le porte-parole du département d’État US, Ned Price, rallie précipitamment cette nuit sa voix à celle du général Kirby, haut conseiller pour la sécurité de la Maison Blanche, alors même que le président Poutine venait tout juste d’atterrir à Téhéran, pour prendre part à un sommet tripartite Iran-Russie-Turquie qui bien que placé sous le signe de la Syrie et des accords d’Astana n’en reste pas moins une riposte au cirque raté du trio US/Israël/Arabie du 13 au 16 juillet, et qu’il le fasse de surcroît dans le stricte objectif de menacer l’Iran de pires sanctions pour l’heure sur papier, mais qui ne tarderont pas à prendre universellement effet, si jamais les drones iraniens faisaient leur apparition sur le champ de bataille OTAN/Russie en Ukraine, cela prouve que la crainte US de voir le rapprochement de l’Iran avec Moscou allait bien au-delà de ce mécanisme de contournement de sanctions que les vieux routiers iraniens ont appris aux novices russes depuis février et qu’en élèves futés qu’ils sont, les Russes ont merveilleusement assimilé en sorte qu’au bout de 150 jours et 10 000 cas de restrictions anti russes, la vente du pétrole de la fédération en Asie explose et que l’Europe, fait la queue dixit Bloomberg, pour en faire plein avant que décembre n’arrive et que par le pathétique suivisme envers les USA elle ne soit obligée de se fermer les robinets. De quoi a peur très concrètement l’Amérique de Biden ?

Outre évidemment de l’enterrement du dollar via une interaction bancaire parfaitement sophistiquée Téhéran-Russie qui a déjà commencé depuis quelque temps, si on en croit Peskov qui l’a évoqué lundi juste avant que le chef du Kremlin ne prenne avion pour l’Iran et de son effet tache d’huile, de ce que Kirby confie à News Nation dans son entretien d’hier soir : 

« …. Au fait, Poutine se rend en Iran pour doter son armée des capacités militaires que représentent les drones iraniens … et ce, pour cause de pression qu’il subit au niveau de son industrie de défense … Il faut voir pourtant combien de drones il achètera en Iran et surtout quel usage il en fera ... A vrai dire, la vraie question est de savoir si oui ou non l’introduction du facteur « drone-Iran » dans les combats finira par en changer le cours ou si elle octroie à l’armée russe une certaine supériorité … Les États Unis sont inquiets des types d’armes que la Russie se procurera et suivront aussi et minutieusement les débats à Téhéran. »

 Vidéo: lance-roquettes iranienne en Russie/twitter 

N’est-ce pas que ce discours a quelque chose du déjà-vu ? En janvier 2021, l’ancien commandant en chef de CentCom, alors convoqué par le Congrès pour répondre d’une campagne incessante d’attaque anti US en Irak impliquant à la fois roquettes et drones, le mot supériorité affirmait ceci  : «  Pour la première fois depuis la guerre des Corée, l’US Air Force n’opèrent plus en supériorité absolue au Moyen Orient »  et son action se trouve «  largement compromise par de petits drones  » qui surgissent de nulle part et qui ciblent invariablement avions, navires… quitte à mettre en danger la vie des troupes américaines.

Mais de McKenzie à Kirby, quelle est la nature de cette supériorité militaire que ne peut produire que les drones iraniens et qui fait si peur aux Yankees ? Ces UAV qui placés au cœur d’une campagne médiatique curieusement intense ne cessent de se faire parler d’eux depuis une semaine, partagée entre ces images satellites que publie ImageSat sur une prétendue visite en juin  d’officiers russes à Kashan (centre d’Iran) où ils « auraient assisté à des tests réels » d’une part et ces rapports que diffusent les médias de guerre sur l’arrivée des premiers prototypes en Crimée de l’autre, sont-ils réellement plus puissants que Kinzhal, Avangard ou Satan nucléaires russes ?  Plus d’un observateur tendrait à traduire ce terme de « supériorité » dans la bouche d’un Sullivan, d’un Kirby ou d’un Ned Price, plus précisément par « crainte » de voir la Russie se mettre à l’heure de la Résistance pour se doter en guerre comme en économie d’une capacité à « apporter des coups » et à « les apporter dans la durée » et ce, de « façon à ce que cela ne coûte pas trop cher » et que cela « permette de tenir plus longtemps que l’ennemi », ce qui débouchera d’une façon ou d’une autre sur la capitulation  de l’adversaire.

Vidéo: une frappe aux drones d'Ansarallah contre la raffinerie de Djeddah, mars 2022

C’est de ce même principe qu’ont relevé les huit ans de guerre d’Ansarallah où ses « petits » coups « précis »  aux drones et aux  missiles ont fini par mettre au pas le géant saoudien. C’est aussi de cette même façon que Gaza a agi en mai 2021 et a réussi à réduire en mille morceaux l’une des filiales les plus complètes de l’US Air Force au Moyen-Orient, à savoir l’armée de l’air sioniste. C’est également suivant ce même principe que la Résistance irakienne est parvenue à acculer l’Amérique et sa « première armée du monde » dans leurs derniers retranchements, quitte à en faire une « proie ultra facile » pour un arsenal somme toute modeste. C’est ce genre de supériorité « précise » et « durable » qui autorisent à mener des combats de longue haleine comme celle que Poutine a choisi de mener pour le bien du présent et du futur de la Russie face à un empire certes agonisant, mais encore nuisible que ne se contenterait pas mois d’une disparition de la vieille nation slave.  

En effet la guerre anti OTAN de la Russie a dès le premier jour pris de court le camp d’en face par sa propension à l’asymétrie version Résistance qu’a illustré à merveille le recours-surprise de l’armée russe aux missiles tactiques, en lieu et place de l’aviation classique, un choix –choc qui a privé Américains et Otaniens du plaisir de pulvériser dans le ciel du monde slave les Sukhoi et les MiG russes, et ce, à coup de S-300 et Tor et de Pantsir made in Russia de l’Ukraine.  

Passé le premier choc, les Américains, largement déçus par leurs contre- performance anti blindé – NLAW, Spike et Javelot n’ont jamais su s’imposer, se sont mis alors à l’heure des drones ! Aucun commentateur  n’a relevé la défaite qui a été la leur à essaimer leur Bayraktar ou leurs Switchbale, à les lancer à l’image des Samad et Qassef K2 yéménites qui ont fait d’ARAMCO une bouchée de pain, à l’assaut des sites gaziers en Crimée ou à Rostov. Certes quelques tentatives ont eu lieu, mais c’était bien loin des exploits qui ont marqué de 2019 à 2021 la bataille aérienne et terrestre au Moyen-Orient et qui ont décidé l’ex-commandant en chef du CentCom à décréter le retrait US de la région. Ce fut très exactement là que l’Amérique a décidé de singer les Russes et d’introduire une dose d’asymétrie dans ses combats en sortant la carte « HIMARS », roquettes  qui pour être des engins tactiques n’ont rien de la performance des « Iskandar » ou des « Kinzhal » de l’armée russe. Mais on est au cinquième mois du conflit et gagnera qui persévérera plus. Cette phase du conflit s’avère d’ailleurs particulièrement fatidique dans la mesure où l’axe US/OTAN est prêt à aller jusqu’au bout, et à frapper la profondeur russe.

Le site militaire russe, Avia.pro écrit :  

« Le 20 juillet, les États-Unis peuvent annoncer officiellement le début des livraisons d'armes de missiles tactiques à l'Ukraine sous la forme de missiles tactiques à longue portée ATACMS pour les MLRS américains M142 Himars et M270 MLRS. Malgré le fait que l'Ukraine dispose d'un petit nombre de lanceurs pour ces armes, les missiles constitueraient une menace très sérieuse pour les cibles militaires et civiles. Il s’agit d’ATACMS Block IA capable d'atteindre des cibles à des distances allant jusqu'à 300 kilomètres. Ces armes, à condition qu'elles soient utilisées depuis les zones de première ligne, sont capables de toucher 80% du territoire de la Biélorussie voisine (la seule exception est la région de Vitebsk - ndlr), toute la péninsule de Crimée et une partie importante du territoire dans le sud-ouest de la Russie. »

Il y a deux jours le PM Medvedev affirmait qu’une « frappe contre la Crimée » déclecherait la « fin du monde »  ou ce que les observateurs ont décrit comme étant la première « menace nucléaire ouverte de la Russie ». Les drones iraniens saurs ont-ils écarté cette menace en cassant la logique de « Chicken game » en cours, et ce à la faveur de Moscou? L’Amérique l’apprend déjà pas uniquement pour ses impacts en Europe orientale, mais aussi au- delà des frontières est européens.

 Le Wall Street Journal écrit :

«  La Russie, bien qu'elle ait consacré plus de 100 000 soldats à l'invasion de l'Ukraine, mais  a réussi à maintenir son empreinte militaire en Syrie et en Libye, deux pays où Moscou a effectué des interventions armées relativement peu coûteuses pour développer une influence démesurée dans la région. Ces dernières semaines, la Russie a même intensifié de concert avec l’Iran ses opérations militaires en Syrie en lançant des frappes aériennes près de bases américaines et en harcelant les forces américaines déployées dans le pays. Et c’est dans ce contexte que les Russes affluent vers l’Iran, harceleur en chef des troupes US au Moyen-Orient, non seulement pour discuter des moyens de contourner les sanctions qu’ils ont déjà contournées ensemble, mais aussi pour adapter leurs besoins de combats contre l’OTAN. »

Et vu les déboires US au Moyen-Orient  on parie que l’adaptation ne ratera pas son objectif… ce sera la première guerre par procuration de la Résistance contre l’empire.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV