Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général de brigade Bagheri, vient d'arriver ce lundi au Tadjikistan, pays ultra stratégique de l'Asie centrale qui a été il y a quelques jours la cible des pilonnages intenses des terroristes de Daech de Khorassan qui mettant à profit le coup d'État pro Riyad à Islamabad semble avoir fait peau neuve et agir avec une grande latitude en Afghanistan en multipliant des frappes terroristes et surtout en faisant comprendre aux talibans qu'ils font partie intégrante du paysage afghan.
Il doit s'entretenir avec de hauts responsables politiques et de la défense tadjik, discuter de la coopération bilatérale et régionale, et en outre, dixit les médias officiels, " visiter des bases militaires" et "revoir avec les partenaires tadjiks des plans de défense des forces armées du Tadjikistan". De quoi s'agit-il exactement?
De nombreux observateurs au faîte des agissements croissants de l'axe US/GB au Pakistan et partant en Afghanistan voisin où tout indique que le gouvernement Sharif se prépare à ouvrir grand la voie à une restructuration de Daech et partant à placer les talibans devant le fait accompli n'écartent pas qu'il y a là à traves ce déplacement la volonté commune de l'axe Douchanbe-Pékin-Moscou d'inclure l'Iran et partant la Résistance dans une équation sécuritaire et militaire, propre à prévenir les impacts centrasiatique d'une extension de la guerre en Ukraine. Car après l'annonce de l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Alliance, il est sûr et certain que les Yankee s'en tiennent autant que faire se peut, à l'option d'une guerre par procuration s'étend de jour en jour et qui affecte chaque jour une partie du pré carré russe.
Au fait le Tadjikistan n'est pas n'importe quel pays; C'est là où se trouve la méga base russe, la plus grande du monde. Récemment, l'ambassadeur russe fournissait des informations supplémentaires à ce sujet : " La base militaire russe au Tadjikistan est entièrement équipée et est prête à répondre aux menaces et défis potentiels émanant de l'Afghanistan, avait déclaré l'ambassadeur russe en poste au Tadjikistan, Igor Lyakin-Frolov, ce vendredi 29 janvier de l’année en cours à l’agence de presse russe TASS.
« Nous considérons positivement la question de l'augmentation du nombre d'exercices militaires conjoints dans le cadre de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et sur une base bilatérale », a-t-il dit. Et de poursuivre : « La 201e base militaire russe joue sans aucun doute un rôle important dans la protection des frontières sud de l'organisation et est un garant fiable de la sécurité et de la stabilité non seulement au Tadjikistan, mais aussi dans tout l'espace d'Asie centrale. Au cours des dernières années, la base a été entièrement équipée et dotée d'armements de pointe. Et la préparation au combat, avait-il ajouté, de la base russe, qui peut donner une réponse digne aux menaces et aux défis émanant de l'Afghanistan»
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Voici dit très clairement la place que représente le Tadjikistan dans l'équation de force telle que définie par la Russie contre l'axe atlantiste qui après avoir mis sens dessus dessous l'Europe de l'Est et partant les liens Europe Russie n'hésite pas à se tourner vers l'Asie centrale et à peine quelques mois après sa tentative de révolution colorée au Kirghizstan, à mettre la main sur le Tadjikistan. D'ailleurs l'ambassadeur russe l'avait souligné : « Il est bien prévu d'intensifier l'interaction entre les services spéciaux des États membres de l'OTSC dans le cadre de leurs efforts conjoints « pour identifier et neutraliser les cellules terroristes qui tentent de violer les frontières du Tadjikistan », a-t-il expliqué.
En vertu d'un accord signé en octobre 2012, la base militaire russe au Tadjikistan restera en place jusqu'en 2042. Mais la base russe n'est pas la seule : La Chine construira aussi un avant-poste de police éloigné pour le Tadjikistan dans le cadre d'un accord ratifié par Douchanbé le 27 octobre de l’année dernière.
Le premier vice-ministre des Affaires intérieures, Abdurahmon Alamshozoda, a déclaré au Parlement que le ministère chinois de la Sécurité publique dépenserait environ 8,6 millions de dollars pour la construction et l'équipement de l'installation avant de la remettre à une unité de la police paramilitaire d'intervention rapide du Tadjikistan, connue sous le nom de SOBR dans son acronyme russe. La base juxtaposera la province hautement stratégique de Xinjiang convoité depuis longtemps par l'axe atlantiste pour cause de sa population musulmane, et supposément "réprimée" par Pékin.
Que feront les forces russes? la formation de ses homologues, la mise en place de partage de renseignements et l'exportation de « pratiques de sécurité intérieure plus robustes
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Puis le site est choisi à Vakhon, à côté du corridor afghan de Wakhan et à environ 20 kilomètres de la province septentrionale de Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan alors même que la Chine et le Tadjikistan discutent de la coopération à la frontière afghane depuis 2016, date à laquelle ils ont convenu que Pékin construirait 10 installations frontalières. L'un a ouvert en 2021 dans la région de Shuroabad à l'est de Kulob.
Pendant plusieurs années, la Chine a exploité son propre avant-poste militaire sur le territoire tadjik plus haut dans le corridor de Wakhan, près de l'endroit où l'Afghanistan et la Chine se rencontrent.
Que vient faire l'Iran dans cet espace? Il semblerait qu'il s'agisse de créer une espèce de contrepoids aux évènements ultérieurs, ceux qui sont sur le point de se produire en Afghanistan. Le président Rahmon a appelé à plusieurs reprises les talibans à reconnaître la diversité ethnique de l'Afghanistan, y compris sa grande minorité tadjike, en formant un gouvernement multiethnique.
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La Chine multiplie alors les initiatives pour se rapprocher de Douchanbé, tout d’abord dans une logique sécuritaire. Les intérêts économiques et commerciaux suivent après, et connaissent un approfondissement avec le projet de nouvelles routes de la soie dès 2013 qu'avec la guerre contre l'Ukraine a pris un coup dur. Le partenariat entre Pékin et Douchanbé devient de plus en plus solide, les infrastructures tadjikes sont modernisées par des entreprises chinoises, et la coopération militaire se complète à la lumière de l'alliance de longue date entre Douchanbé et Moscou. Le facteur iranien inclus dans ce climat ne peut que laisser penser à une alliance militaire à avenir contre l'offensive hindokushienne que l'empire haletant semble préparer.