Aussi malin qu'il croit être, le Sultan Erdogan est dans l'impasse, et ce en Ukraine bien plus qu'ailleurs. Caché derrière le masque de vrai-faux médiateur, voici une guerre où il a pris part dès la première minute par Bayraktar interposé croyant pouvoir en faire une bonne affaire comme en 2020 dans le Haut Karabakh, mais le plan n'a pas bien fonctionner. Puis que dire de ces S-400 qu'il s'est acheté pour amadouer Poutine et le ranger à ses côtés en Syrie et qui s'avère désormais un fardeau dont il ne sait comment se débarrasser.
Et tout ceci sans compter son Idlib où il construit en ce moment des logements de sa poche pour y faire rapatrier des millions de refugiés syriens que sa politique à lui a jeté sur le chemin de l'exode quitte à en faire un atout entre les mais de ses adversaires. Mais commençons par la déculottée qu'est Bayraktar. En effet, la guerre en Ukraine a dévoilé les inefficacités des drones turcs "Bayraktar" ratatinés dès l'entrée de jeu en février par les frappes russes et ce; non pas sur les champs de bataille mais dans leurs bases d'attache!
Alors que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, tente toujours de réunir ses homologues russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, à Istanbul non pas tant pour la reprise des pourparlers de paix, que pour en tirer gloire et des photos de souvenir, aucun signe clair ne se profile à l'horizon sur la fin de guerre ni non plus aucun enthousiasme de la part du Kremlin pour participer jouer le jeu turc. De plus, une partie des renseignements militaires rendus publics par les responsables de la défense russe tend à compliquer davantage la tache pour le Sultan.
Les Russes ont révélé en effet que les Bayraktar TB2 turcs ont été loi d'être brillants. Certes ils ont pu cibler quelques petits points couverts par le S-400 russe mais c'est tout : ni des bataillons de Pantsir-S ravagées, ni des campements de troupes pulvérisés, ni des S-300 ou 400 détruites. Même Zelensky s'en est plaint affirmant que le drone en question n'a été ni décisif ni pesant sur le champ de la bataille.
Et comme le dit dans fense News, Kirsten Fontenrose and Andy Dreby : « Outre ce déficit , une limitation grave qui peut avoir un impact sur un champ de bataille tel que l'Ukraine est le calendrier de production de la Turquie pour le Bayraktar. Un cycle de production lent a été un problème dès le départ. Le réapprovisionnement de l'armée ukrainienne prendra un temps qui ne suivra peut-être pas le rythme des événements sur le terrain. Puis ces drones n'ont pas réussi à fournir un appui aérien rapproché car le système est toujours aussi vulnérable à la défense aérienne. Bref, si en Arménie et en Libye, des drones turcs ont pu "gravement" endommager le système de défense aérienne mobile Pantsir-S1, en Ukraine, aucune démonstration de force pareille car la Russie n'utilise pas ce système en Ukraine. Mais les Bayraktar ne sont pas seuls à avoir marqué les déboires turcs en Ukraine. Il y a aussi les S-400, ces batteries de missiles antimissiles russes que s'est procuré le Sultan et qui lui a valu l'ire des Américains sans être réellement à même de lui valoir la sympathie russe.
A l'approche des élections, les adversaires politiques d'Erdogan lui reprochent d'ailleurs cette myopie en soulignant que le gouvernement d’Erdogan a fait très lourdement les frais politiques et économiques de ces S400 qui ne servent strictement à rienn ni à défendre le ciel de la Turquie, ni à attirer les faveurs de la Russie. "C'est une DCA pour la vitrine et no pas pouir la guerre"!
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Pour ce qui concerne des missiles S-400 achetés par la Turquie à la Russie, l'analyste turc, Taha Akyol écrit :
« Au milieu de la guerre ukrainienne, les missiles S400 n'ont pas pu défendre les positions de la Russie ainsi que le croiseur russe Moskva, ciblés par les missiles Bayraktar TB2. C’était ainsi que la faiblesse technique du système de défense aérienne « S400 » a été dévoilée.
En effet, l'achat de ces systèmes de défense aérienne russe a entraîné un changement radical de la politique militaire et étrangère de la Turquie, brouillant toutes les pistes. la Turquie nétant plus membre de l'OTAN que dans le acdre de ses engagements et non plus pour des bénéfices que cette adhésion devrait lui apporter!"
Et de conclure : " La Turquie n'st pas comme les Emirats qui acheront les F-35 tout prêts. Pour la Turquie, cette arme n'était pas seulement un avion de chasse, mais un projet dans lequel l'écosystème de défense turc aurait pu investir, créer des centaines de millions de dollars et des milliers d'emplois. Dès lors, évaluer la perte de la Turquie va bien au-delà de la simple dimension défensive. Nous avons perdu ce chasseur avancé et nous attendons maintenant que le Congrès américain approuve le contrat de vente du F-16. Nous avons perdu nos vieux amis du Congrès au cours des 10 dernières années ! "En conséquence, obtenir le F-16 n'est plus du tout facile."
La conclusion? A trop vouloir jouer au malin, le Sultan semble perdre un à un ses atouts/ Au cours des dernières années, l'équipe d'Erdogan a combiné sa stratégie de défense avec des intérêts politiques et économiques à court terme. En achetant le système de défense S400 à la Russie, le gouvernement d'Erdogan a prétendu se distancer de l'Occident et se rapprocher de l'Est. Mais lors de l'invasion de l'Ukraine, il a de nouveau pris une position médiane, se mettant dans une position où il ne pouvait pas être aussi proche des États-Unis et de l'OTAN qu'avant, ni en mesure d'entrer dans une relation stratégique avec la Russie. Une impasse à la mesure du Sultan.