Pour le régime israélien, la liste des menaces qui se profilent à l’horizon est longue et surtout pas exhaustive. Cette fois-ci, des experts israéliens mettent en garde contre le danger des drones d’assaut de la Résistance.
Une étude publiée par le Centre de recherche sur la sécurité intérieure israélienne, affilié à l’Université de Tel-Aviv, a estimé que le régime israélien devrait prendre au sérieux le danger des drones du mouvement de résistance libanais, le Hezbollah. « Mais le véritable défi venant du Hezbollah ne réside pas dans les drones de petite taille, mais dans les drones d’assaut dont dispose le mouvement », précise le journal arabophone Rai al-Youm, citant le centre de recherche israélien qui ajoute : « Cela fait déjà une vingtaine d’années que le Hezbollah a commencé ses efforts afin de lancer des drones et ces efforts se sont intensifiés ces dernières années, si bien qu’il est devenu effectivement difficile aujourd’hui d’intercepter ces drones, car ils volent à basse altitude. »
En plus des dommages matériels que les drones du Hezbollah sont capables de causer -souligne l’article- le lancement de drones par le mouvement de résistance libanais représente à lui seul une démonstration de force notamment dans le domaine des missions de reconnaissance.
D’autre part, l’étude souligne qu’il est impératif que le régime israélien se prépare à affronter la menace dangereuse des drones d’assaut appartenant au Hezbollah et à ce que l’étude appelle l’axe chiite en Syrie, en Irak et au Yémen, ainsi que dans la bande de Gaza, où l’Iran fournit et forme le Hamas pour faire fonctionner ces avions sans pilote, comme le prétendent les chercheurs israéliens.
Yoram Schweitzer et Orna Mizrahi, deux chercheurs participant à l’étude, rappellent que l’armée israélienne n’a pas réussi à faire tomber le drone « Hassan » du Hezbollah qui avait pénétré le 18 février le ciel de l’entité.
Cet événement, un autre analyste israélien l’a qualifié d’un nouvel échec pour le fameux système de DCA israélien Dôme du fer sur le front nord. À l’antenne de la chaîne 13 de la télévision israélienne, cet expert des affaires militaires a affirmé que cet échec soulevait de nombreuses questions névralgiques.
En février dernier, des médias israéliens ont annoncé que les sonnettes d’alarme s’étaient activées dans la haute Galilée et le Golan occupé. L’armée de l’air israélienne s’est mise en état d’alerte par la suite. La nouvelle a été confirmée par l’armée du régime sioniste, en annonçant qu’un drone a pénétré le ciel israélien, et d’ajouter que cela a activé le système de défense antiaérienne Dôme de fer. Dans un deuxième communiqué, l’armée israélienne a annoncé que malgré l’utilisation des divers moyens d’interceptions (allusion aux avions de chasse, hélicoptères, Dôme de fer), elle n’avait pas réussi à faire tomber cet avion sans pilote qui a ainsi regagné indemne son lieu de lancement au Liban.
Pour sa part, le Hezbollah a pris quelques heures avant de revendiquer officiellement cette opération dans un communiqué : « La Résistance islamique a lancé aujourd’hui, vendredi 18 février 2022, le drone Hassan vers l’intérieur du territoire de la Palestine occupée. Le drone Hassan a patrouillé dans le ciel de la zone cible pendant 40 minutes dans le cadre d’une opération de collecte d’informations. »
Le communiqué du Hezbollah ajoutait que « la mission de reconnaissance avait couvert jusqu’à 70 km dans le nord de la Palestine occupée. Malgré de multiples tentatives de l’ennemi de frapper le drone Hassan, il est rentré sain et sauf. Le drone a mené à bien sa mission avec succès sans se laisser aucunement impacter par les tentatives de l’ennemi ».
À l’époque, la chaîne de télévision libanaise Al- Manar a détaillé cette spectaculaire opération.
Comment le drone Hassan s’est échappé aux radars, aux caméras, au Dôme de fer, au F-16 et aux Apaches israéliens ?
Un officier de la Résistance islamique a expliqué au journal libanais Al-Akhbar les détails de ce qui s’est passé le vendredi 18 février dernier. Ce jour-là, le drone du Hezbollah baptisé Hassan, dont la longueur ne dépasse pas les trois mètres, a effectué une mission de 40 minutes au-dessus de la Palestine occupée. Il est revenu sain et sauf à sa base au sud du Liban, faisant échouer toutes les tentatives d’interception menées par les systèmes de défense antiaérienne, des avions et des hélicoptères israéliens.
Selon cette source, « à 11h40, le drone Hassan, a décollé d’un endroit au sud du Liban et en dépit des moyens israéliens d’alerte et de surveillance déployés tout au long de la frontière, l’ennemi n’a pu le détecter qu’à 12h10. Il avait traversé environ 30 km dans l’espace aérien de Palestine occupée, et venait d’arriver dans la région de Rosh Pina, près de la ville de Safed ».
C’est à ce moment-là que les Israéliens ont découvert « un corps étranger » dans les airs. Les sirènes se sont mises à retentir et les tentatives d’identification de l’objet ont été lancées.
Toujours d’après Al-Manar, le système antiaérien Dôme d’acier a par la suite tiré un missile Tamir sur le drone, mais il a raté sa cible. Même échec de la part du F-16 qui a été envoyé pour la même mission d’intercepter le drone par le Commandement de la région nord de l’armée d’occupation israélienne.
L’officier de la résistance explique : « Sa vitesse est trop élevée pour pouvoir s’accorder à la vitesse lente du drone, il est passé en parallèle avec lui sans pouvoir l’intercepter. »
Et de poursuivre : « Après l’échec du Dôme de fer et de l’avion de combat pour abattre le drone, l’ennemi a envoyé des hélicoptères pour lui tendre une embuscade au nord du lac de Tibériade, croyant que ce serait le début de son chemin de retour. Des Apache ont pu le localiser au-dessus du lac et ont tiré plusieurs missiles en sa direction. Comme il a disparu des radars, l’ennemi a cru à un certain moment qu’il s’est écrasé et a lancé les recherches pendant deux heures, avant d’apprendre qu’il est revenu sain et sauf à sa base, après 40 minutes de survol sur une longueur de 70 km. »
Selon l’officier de la Résistance, l’échec des Israéliens à intercepter le drone révèle une lacune majeure dans le plan d’action de leurs services de sécurité, militaires et techniques, destinés à assurer un parapluie de protection pour toute la Palestine occupée.
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Mais la perte ne s’arrête pas là. Plusieurs points peuvent être constatés dans le dernier exploit : le plus important en est la capacité de la Résistance à pénétrer plusieurs systèmes, phases et couches, dont la première mission est de protéger l’espace aérien israélien, sans compter les caméras et les radars perfectionnés censés détecter les appareils volants avant qu’ils n’entrent dans l’espace aérien israélien.
L’officier supérieur de la Résistance précise que le drone Hassan a été capable de « pénétrer des systèmes de capteurs à haute fréquence avec des récepteurs précis, comme le système de surveillance (ADS) et qu’il a surmonté les systèmes de détection de signal (SIGNIT) et le système de radar et de détection (ULTRA C1), qui est le plus grand radar développé par l’ennemi, installé au sommet du mont Hermon (Jabal al-Cheikh), et dont la tâche principale est de chasser les missiles et les drones. Il a également réussi à contourner le système radar MMR du Dôme de fer et a pu contourner le système le plus sophistiqué et le plus moderne de tout le mécanisme de système de détection israélien, le Sky Dew, que l’ennemi a installé à l’est de Nazareth, il y a des mois, pour attraper les drones volant à basse altitude ».
Le rapport d’Al-Manar indique que cet événement a brisé le mythe de la soi-disant « capacité absolue » de la défense aérienne multicouche d’Israël. « Ce qui constitue une percée majeure dans la sécurité de l’espace aérien israélien en général, et de l’espace aérien du nord de la région de la Galilée en particulier. De même, la capacité du commandement de l’armée ennemie à contrôler et à exercer sa maîtrise de soi a été fortement ébranlée, comme en témoigne sa façon d’agir lors de l’événement, et cela, malgré de vastes exercices menés auparavant par les forces militaires israéliennes ».
N’en demeure pas moins que l’élément le plus important de tous, est « l’effondrement du parapluie de sécurité qui ombrageait la mobilisation de l’armée israélienne et son expansion dans tout le nord », en conclut l’officier du Hezbollah.