Les Britanniques font partie de ceux qui ont le plus peur de ce que Taïwan ne soit la seconde Ukraine, que la Chine ne s'aligne totalement sur Moscou. D'où cet article d'un journal de gros tirage britannique. Le président russe, Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping ont déclaré que les liens entre les deux pays n'avaient "pas de limites". Le quotidien britannique The Guardian évoque les impacts de l’opération russe contre l'Ukraine soulignant que le front commun sino-russe contre l’Occident pourrait éclaircir la destinée de cette guerre en se demandant surtout : jusqu'où ira la Chine dans son soutien à Poutine.
Sous Xi Jinping et Vladimir Poutine, la Chine et la Russie se sont de plus en plus éloignées de l'ouest – et se sont rapprochées l'une de l'autre.
L'opération russe contre l'Ukraine est survenue quelques jours seulement après que Xi et Poutine ont cimenté un partenariat important en marge des Jeux olympiques d'hiver de Pékin – la première réunion bilatérale en personne à laquelle Xi a participé depuis le début de la pandémie.
La Chine était-elle au courant de l’opération russe contre l'Ukraine ?
Le calendrier du partenariat signé entre la Russie et la Chine a soulevé des questions sur ce que le gouvernement chinois savait de la guerre. Certains analystes et responsables américains ont suggéré qu'il était probable que Pékin était au courant des plans russes pour l'Ukraine, mais pas de leur ampleur, et a été quelque peu pris par surprise. Pékin le dément catégoriquement. L'ambassadeur de Chine aux États-Unis a déclaré que toute affirmation qu'il « connaissait, approuvait ou soutenait tacitement cette guerre relevait purement de la désinformation ».
Que veut la Russie à la Chine ?
Selon des informations parues dans les médias américains, citant des responsables gouvernementaux anonymes, la Russie a demandé du matériel et un soutien militaires à la Chine, ainsi qu'une aide économique.
Les rapports initiaux ne détaillaient pas les types d'armes que la Russie recherchait ni la réponse de la Chine. Des rapports ultérieurs, citant des câbles diplomatiques américains adressés à des alliés, ont déclaré que la Russie avait demandé des équipements, notamment des drones, des véhicules blindés et des missiles sol-air, et que la Chine avait signalé sa volonté d'accepter.
Les responsables américains craignent que la Chine ait déjà décidé de fournir à la Russie un soutien économique et financier et envisage d'envoyer des fournitures militaires telles que des drones armés.
▫️Destruction of a weapons depot of the Armed Forces of Ukraine by high-precision missile weapons strike. We can see the exact hit of an underground hangar with weapons and ammunition. pic.twitter.com/sKTF46Tdb0
— Минобороны России (@mod_russia) March 19, 2022
Les analystes disent que les dirigeants pensent qu'ils sont plus unis. « Les deux pays sont confrontés à un Occident hostile et qu'ils seront mieux à même de résister à la pression occidentale en se tenant ensemble qu'en s'éloignant », a déclaré Ryan Hass, chercheur au Brookings Institute sur la Chine et l'Asie. « Sans la Russie, pense-t-on, la Chine serait seule pour faire face à un Occident hostile déterminé à entraver l'essor de la Chine. »
« Il convient de garder à l'esprit que la Chine et la Russie n'ont pas des intérêts parfaitement alignés », déclare Hass. Et de poursuivre : « La Chine a beaucoup plus à perdre… que la Russie. La Chine se considère comme un pays en plein essor avec un élan derrière lui. La Russie combat essentiellement les marées du déclin ».
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Hass dit qu'il est plus probable que la Chine restera "rhétoriquement engagée à montrer son soutien à la Russie", mais se conformera largement aux sanctions internationales à son encontre, afin d'éviter d'attirer des sanctions secondaires.
Les responsables américains craignent que la Chine ait déjà décidé de fournir à la Russie un soutien économique et financier et envisage d'envoyer des fournitures militaires telles que des drones armés.
« La relation avec la Russie reste importante pour Xi, et il est peu probable qu'il l'abandonne au profit d'un alignement sur un Occident en déclin », a déclaré à China File la directrice du programme Asie du German Marshall Fund des États-Unis, Bonnie Glaser. Mais il doit décider dans quelle mesure il aidera l'économie russe alors que les sanctions – auxquelles la Chine s'oppose depuis longtemps – entrent en vigueur.
« La Chine est peu incitée à fournir une aide militaire directe », déclare Wen-Ti Sung, politologue à l'Université nationale australienne.
« Les préférences de Pékin sont : premièrement, la stabilité internationale ; deuxièmement, veiller à ce que l'économie et la politique russes ne s'effondrent pas sous le poids des sanctions internationales, et troisièmement, ne pas être considérées comme un catalyseur manifeste de l'agression russe ».