Le journaliste chevronné palestinien de souche Atwan estime que les nouvelles frappes de drones contre les installations d'Aramco, en pleine guerre en Ukraine, montre qu'Ansarallah est prête à rejoindre Moscou en faveur des intérêts du Yémen.
Le journal en ligne Rai al-Youm s'est penché sur les motifs des récentes attaques de drones des installations pétrolières saoudiennes au milieu de nouvelles sanctions US visant les exportations du pétrole et du gaz. Le commentaire commence par une série de questions sur ce sujet : "Ansarallah est-il entré dans la ligne de la crise ukrainienne et a-t-il présenté ses lettres de créance pour rejoindre l'axe russe à travers son attaque de drone contre Riyad ? Le ciblage des installations pétrolières visait-il à faire monter les prix du pétrole ? Quelles sont les deux autres raisons de ces représailles soudaines ?"
Le bombardement des installations pétrolières de Riyad, la capitale, et des villes de Jizan et Abha au sud, avec neuf drones yéménites envoyés par la direction de la coalition de l’armée de Sanaa et Ansarallah – et à un moment où le monde entier est préoccupé par la crise ukrainienne et d'une guerre nucléaire – envoie un message fort "irano-yéménite" aux États-Unis et à leurs alliés européens et arabes, dont le contenu dit : "Nous sommes prêts et capables d'entrer effectivement dans cette guerre, et d'influencer le cours de ses développements, selon nos intérêts, auxquels s'ajoutent la levée du siège américain et la défaite de l'axe B", écrit l’éditorialiste de Rai al-Youm.
"On replace les choses dans leur contexte, en se concentrant sur l'élément de timing choisi par le mouvement populaire du Yémen, allié fort de l’armée de Sanaa, avec une grande justesse, et on s'arrête sur des points : d’abord, cette triple attaque contre les installations pétrolières d'Aramco, l'épine dorsale de l'industrie pétrolière saoudienne, survient à un moment où les prix du pétrole augmentent à des taux record, car le prix du baril a atteint environ 140 $, et selon les prévisions, il pourrait dépasser la barrière des 200 $.
Ensuite, les autorités saoudiennes ont annoncé samedi, l'exécution de 81 personnes, dont un membre d’Ansarallah, faisant partie de sept personnes accusées d'avoir perpétré des « actes terroristes » pour déstabiliser le Royaume saoudien.
Ce qui est certain, c'est que le premier facteur, à savoir cibler les installations pétrolières saoudiennes avec des drones, atteindre leurs cibles avec précision et incendier la raffinerie de Riyad, est l'élément le plus important et le plus puissant derrière le message des Houthis, déstabilisant les marchés pétroliers et contrecarrant les efforts américains pour réduire les prix élevés actuels dans le golfe Persique, en particulier en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, pour augmenter leurs productions.
"Une source yéménite bien informée et de haut niveau nous a confirmé ce que nous avons mentionné ci-dessus et a ajouté : Si nous n’agissons pas maintenant pour profiter de cette situation mondiale tendue et en vue de travailler à lever le siège de notre peuple par tous les moyens, alors quand allons-nous agir ?"
"Bien que l'Arabie saoudite, cible de cette attaque, ait refusé une demande américaine d'augmenter sa production pour réduire les prix et ait résisté aux énormes pressions pour quitter l'accord OPEP +, elle ne veut pas rompre son partenariat avec Moscou", ajoute l’auteur.
Avec cette attaque, Ansarallah pourrait rejoindre le camp russe même s'il est encore trop tôt pour le confirmer compte tenu de la position "semi-neutre" de Moscou envers la guerre au Yémen.
Le communiqué officiel saoudien, diffusé par l'agence de presse officielle SPA, a tenté de minimiser les effets de cette attaque et a déclaré que les trois attaques qui ont frappé la raffinerie d'Aramco au sud de Riyad n'ont pas perturbé ses activités.
Que cette allégation soit vraie ou non, elle ne peut pas cacher un fait indéniable, à savoir que ces drones ont réussi à traverser tous les systèmes de défense de Riyad.
