Il y a quelque temps, l’Algérie annonçait avoir ouvert une liaison maritime avec la Mauritanie avec qui elle partage une longue frontière terrestre. Certains observateurs y ont vu le signe d’une logique préventive qui pousser Alger et Nouakchott à tenir en compte la présence de l’entité israélienne sur leur frontière, les propensions de l’axe US/Israël à s’emparer de Dakhla à l’effet de créer une base navale grandeur nature et à agir en conséquence.
Selon la revue officielle de l’armée marocaine, lundi 21 février, le Maroc a décidé de revoir la division de son territoire, rapporte Le Monde. Celui-ci, jusque-là départi en deux zones, se découpe maintenant en trois secteurs. En sus des régions militaires nord et sud, une « zone est » fait son apparition, tout du long de la frontière orientale avec l’Algérie. Un espace géographique stratégique.
D’après la Revue des Forces armées royales (FAR), c’est le général de division Mohammed Miqdad qui va prendre le commandement de la nouvelle région frontalière. Rabat justifie ce nouveau découpage afin de donner « plus de souplesse et de liberté d’action, nécessaires à l’accomplissement des différentes missions ». Une zone pour faciliter des débarquements de troupes occidentales en cas de guerre ? Probable.
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Toujours est-il que Rabat est en train de faire monter en gamme son armée, avec notamment des drones de fabrication turque Bayraktar TB2. Selon le quotidien israélien Globes, qui cite des sources internationales impliquées dans le commerce des systèmes de défense, Israël Aerospace Industries, entreprise de construction aéronautique israélienne dirigée par Amir Peretz, ancien ministre israélien de la Guerre, a conclu un accord avec le Maroc pour lui fournir le système de défense antimissile Barak MX. Le montant du deal est estimé à plus de 500 millions de dollars.
Le système de défense antimissile Barak MX est flexible et modulaire et peut protéger contre une gamme de menaces de missiles et de véhicules aériens sans pilote ou drones. Le Maroc a initialement demandé à Israël de fournir ces systèmes et d’autres lorsque le ministre de la Guerre, Benny Gantz, s’est rendu dans le pays en novembre dernier, ajoute le journal. Au cours de cette visite, Gantz a signé un protocole d’accord sur la collaboration en matière de défense entre les deux parties. Tous ces gadgets sont-ils destinés à meubler la nouvelle zone militaire ? Possible. N’empêche que militairement parlant tout dépendra de la mer et là, les Algériens ont une longueur d’avance no seulement par rapport à Israël, mais aussi par rapport aux USA eux-mêmes.
Opex 360 écrit : « Ainsi, selon les deux rapporteurs, la modernisation des capacités militaires algériennes a notamment permis la constitution de “capacités offensives hauturières”, concentrées en particulier à Mers el-Kébir, de “capacités de frappes dans la profondeur, y compris en Europe, avec six sous-marins Kilo dotés de missiles SS-N-30 Kalibr [dont la portée est limitée par rapport à celle des engins en service au sein de la marine russe, nldr] et ses avions de chasse Su-30 MKA et Mig-25 PDA”, de “capacités de tirs quasi balistiques, avec le [missile] SS26 Iskander”, et de “capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone en Méditerranée occidentale, à travers un dispositif de défense antiaérienne composé de S-300 et prochainement S-400 et des systèmes perfectionnés de radars [notamment de type Rezonans], de brouillage et de guerre électronique.
Et d’ajouter : “la proximité entre Alger et Moscou peut être un ‘motif de préoccupation à cet égard’, estiment-ils. Surtout avec l’implantation du groupe paramilitaire russe Wagner au Sahel. La Russie constitue ainsi de loin le premier fournisseur de l’Algérie : elle pourvoirait à hauteur de 67 % aux besoins en équipements militaires de l’Algérie. En outre, les deux États ont intensifié leur coopération opérationnelle, avec un premier entraînement commun des forces terrestres russes et algériennes, qui s’est déroulé en octobre 2021”. Mais ce que le rapport ignore totalement et sans doute à tort ce n’est pas tant les liens d’Alger avec Moscou que son A2/QD qu’il est sur le point de régionaliser sous le nez et la barde des puissances imbues de leur militarisme. Une liaison maritime avec la Mauritanie, c’est étendre AZ/AD algérien à un ultra stratégique pays cotière qu’est la Mauritanie et qui est la porte du Sahel. Bref c’est AZ/AD amphibie à la fois maritime et terrestre que l’Algérie se paie sur le dos de l’axe US/Israël. Une zone militarisée MAroc-Israel pourrait-elle la démanteler ? Lieu de douter.