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Cette fermeté iranienne inquiète. Y a-t-il une arme derrière?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Négociations nucléaires à Vienne. ©Arab48

Un analyste militaire sioniste a déclaré que les responsables israéliens étaient surpris que les Iraniens aient maintenu leur position ferme dans les négociations à Vienne.

« Des articles de presse ont indiqué, ce vendredi, dans le contexte de la visite du conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, en Israël et de la reprise des négociations de Vienne, lundi prochain, que les dirigeants israéliens savent que leur capacité à influencer l'administration américaine est limitée, et qu'Israël ne cherche pas une attaque contre l'Iran en cas d'échec des négociations de Vienne, mais plutôt une poursuite de la "guerre des ombres" contre l'Iran », a rapporté le site d’information Arab48.

Selon le journaliste de Yediot Aharonot Nadav Eyal, « le cabinet Bennett-Lapid essaie de convaincre Washington que même si les pourparlers avec l'Iran échouent, il n'y a aucun engagement que la situation dans la région ne dégénère pas en guerre ».

« Les Américains sont convaincus que s'ils ne parviennent pas à une solution négociée, les Israéliens se sentiront plus libres d’affronter le programme nucléaire iranien, au point qu’ils peuvent lancer une attaque et une guerre régionale », souligne le journaliste israélien.

Eyal a poursuivi : « Ils disent en Israël que si l'équation est comme celle-ci, les États-Unis seront toujours enclins à parvenir à un accord, car la deuxième possibilité les choquera. Par conséquent, l'Amérique doit être persuadée qu'il n'est pas possible de signer un accord avec les Iraniens, et que le gouvernement israélien continuera à se coordonner, autant que possible, avec Washington et trouvera d'autres moyens, pas une guerre régionale, afin de continuer à contrecarrer le programme nucléaire iranien, à condition que les Iraniens ne s'empressent pas de construire une bombe nucléaire. »

« À moins que quelque chose d'inattendu ne se produise, la « guerre des ombres » avec l'Iran se poursuivra et Israël ne se précipitera pas vers des opérations militaires », ajoute Yediot Aharonot.

Selon Eyal, suite à la publication par Yediot Ahronot d'un entretien avec le commandant désigné de l'armée de l'air israélienne, Tomer Bar, dans lequel il déclarait qu'Israël était prêt à attaquer immédiatement les installations nucléaires de l'Iran, le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a demandé à ce que les officiers de l'armée ne répètent plus de telles déclarations et interviews à l'avenir.

Pour sa part, l'analyste militaire de Channel 13 Alon Ben-David a écrit dans son article hebdomadaire dans le journal Maariv que « l'armée israélienne, l'armée de l'air et le Mossad envisagent une option militaire contre le programme nucléaire iranien, et c'est leur travail. Et oui, la direction israélienne continuera de rappeler au monde qu'un tel choix existe, et c'est aussi son travail. Mais sortir les choses de leur contexte et les présenter comme si nous allions lancer demain matin une attaque contre l’Iran revient à piéger les rédacteurs en chef, et il faut dire que les institutions militaires et sécuritaires ont fait fausse route dans l'exercice de leurs fonctions ».

Selon Ben David, les responsables israéliens ont demandé aux dirigeants des principaux pays partenaires de l'accord nucléaire de ne pas discuter avec les délégués iraniens du niveau d'enrichissement d'uranium, et de ne rien suggérer en échange de l'arrêt de l'enrichissement au niveau de 60%. « Si un accord est trouvé à Vienne, alors les États-Unis demanderont à Tel-Aviv d'arrêter les opérations militaires contre l'Iran et de ne pas planifier une attaque, ou du moins de ne pas en parler ouvertement, et comme Israël est militairement dépendant des États-Unis, il ne peut pas refuser », a prétendu Maariv.

Ben David a indiqué que l'image qui se dégage des pourparlers entre le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid et le ministre de la Guerre Benny Gantz à Washington et dans les capitales européennes est qu'un accord nucléaire intérimaire sera très probablement conclu.

Il a ajouté : « Ce serait un très mauvais accord pour Israël, mais c'est toujours mieux que la situation actuelle, dans laquelle l'Iran avance et nous sommes les seuls à vouloir l'arrêter. »

Amos Harel, analyste militaire dans le journal Haaretz, a souligné qu'« en Israël, on s'étonne à chaque fois du succès de l'Iran à maintenir une position ferme dans les négociations. Malgré une crise interne iranienne, il semble que c’est l'Iran qui dicte la direction des négociations ».

Harel a ajouté : « En Israël, on reconnaît que l'impact potentiel sur les positions des États-Unis et des grandes puissances dans les négociations est limité. Au contraire, l'agenda de l'administration Biden a changé, d'une manière qui ne joue pas en faveur d'Israël. »

« Outre les questions internationales à l'ordre du jour de Biden, une autre question a été ajoutée, à savoir l'intensification de la confrontation entre la Russie et l'Ukraine. Ils n'excluent pas à Washington que le président russe Vladimir Poutine déclenche une guerre avec l'Ukraine. Les efforts pour freiner les pas de Poutine occupent désormais une place centrale dans le calendrier de l'administration. »

Harel a souligné que des déclarations telles que celles faites par le commandant de l'armée de l'air israélienne au sujet d'une attaque en Iran « ne contribuent en rien à l'effort politique israélien et sont considérées, par les Iraniens également, comme une position vide de sens. Bennett, qui a été surpris par l'interview, le pense aussi. »

Et plus tôt cette semaine, l'ancien responsable du Mossad Udi Levy, a noté dans un article publié sur le site Internet de l'« Institut Al-Quds pour la stratégie et la sécurité », qu'en dépit de la situation économique difficile en Iran, « les sanctions internationales n'ont pas réussi à arrêter le programme nucléaire »

Selon lui, des sanctions sans précédent ont été imposées à l'Iran dans le but de renverser le gouvernement ou de faire échouer les pourparlers, mais les sanctions ont perdu de leur efficacité.

Selon Levy, suite aux tensions entre les États-Unis et la Chine et la Russie, la Chine est devenue une bouée de sauvetage pour l'Iran dans sa lutte contre les sanctions. Levy a estimé qu' « il n'y a aucune possibilité que les États-Unis répondent à la proposition d'Israël d'imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran ».

La reconnaissance par Israël de l'échec de la politique de sanctions intervient à un moment où l'équipe de négociation iranienne a déclaré que l'objectif principal des pourparlers de Vienne est de « lever les sanctions ».

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV