Un analyste militaire sioniste a déclaré que les responsables israéliens étaient surpris que les Iraniens aient maintenu leur position ferme dans les négociations à Vienne.
« Des articles de presse ont indiqué, ce vendredi, dans le contexte de la visite du conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, en Israël et de la reprise des négociations de Vienne, lundi prochain, que les dirigeants israéliens savent que leur capacité à influencer l'administration américaine est limitée, et qu'Israël ne cherche pas une attaque contre l'Iran en cas d'échec des négociations de Vienne, mais plutôt une poursuite de la "guerre des ombres" contre l'Iran », a rapporté le site d’information Arab48.
Selon le journaliste de Yediot Aharonot Nadav Eyal, « le cabinet Bennett-Lapid essaie de convaincre Washington que même si les pourparlers avec l'Iran échouent, il n'y a aucun engagement que la situation dans la région ne dégénère pas en guerre ».
« Les Américains sont convaincus que s'ils ne parviennent pas à une solution négociée, les Israéliens se sentiront plus libres d’affronter le programme nucléaire iranien, au point qu’ils peuvent lancer une attaque et une guerre régionale », souligne le journaliste israélien.
« À moins que quelque chose d'inattendu ne se produise, la « guerre des ombres » avec l'Iran se poursuivra et Israël ne se précipitera pas vers des opérations militaires », ajoute Yediot Aharonot.
Selon Eyal, suite à la publication par Yediot Ahronot d'un entretien avec le commandant désigné de l'armée de l'air israélienne, Tomer Bar, dans lequel il déclarait qu'Israël était prêt à attaquer immédiatement les installations nucléaires de l'Iran, le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a demandé à ce que les officiers de l'armée ne répètent plus de telles déclarations et interviews à l'avenir.
Pour sa part, l'analyste militaire de Channel 13 Alon Ben-David a écrit dans son article hebdomadaire dans le journal Maariv que « l'armée israélienne, l'armée de l'air et le Mossad envisagent une option militaire contre le programme nucléaire iranien, et c'est leur travail. Et oui, la direction israélienne continuera de rappeler au monde qu'un tel choix existe, et c'est aussi son travail. Mais sortir les choses de leur contexte et les présenter comme si nous allions lancer demain matin une attaque contre l’Iran revient à piéger les rédacteurs en chef, et il faut dire que les institutions militaires et sécuritaires ont fait fausse route dans l'exercice de leurs fonctions ».
Ben David a indiqué que l'image qui se dégage des pourparlers entre le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid et le ministre de la Guerre Benny Gantz à Washington et dans les capitales européennes est qu'un accord nucléaire intérimaire sera très probablement conclu.
Il a ajouté : « Ce serait un très mauvais accord pour Israël, mais c'est toujours mieux que la situation actuelle, dans laquelle l'Iran avance et nous sommes les seuls à vouloir l'arrêter. »
Amos Harel, analyste militaire dans le journal Haaretz, a souligné qu'« en Israël, on s'étonne à chaque fois du succès de l'Iran à maintenir une position ferme dans les négociations. Malgré une crise interne iranienne, il semble que c’est l'Iran qui dicte la direction des négociations ».
Harel a ajouté : « En Israël, on reconnaît que l'impact potentiel sur les positions des États-Unis et des grandes puissances dans les négociations est limité. Au contraire, l'agenda de l'administration Biden a changé, d'une manière qui ne joue pas en faveur d'Israël. »
Harel a souligné que des déclarations telles que celles faites par le commandant de l'armée de l'air israélienne au sujet d'une attaque en Iran « ne contribuent en rien à l'effort politique israélien et sont considérées, par les Iraniens également, comme une position vide de sens. Bennett, qui a été surpris par l'interview, le pense aussi. »
Et plus tôt cette semaine, l'ancien responsable du Mossad Udi Levy, a noté dans un article publié sur le site Internet de l'« Institut Al-Quds pour la stratégie et la sécurité », qu'en dépit de la situation économique difficile en Iran, « les sanctions internationales n'ont pas réussi à arrêter le programme nucléaire »
Selon lui, des sanctions sans précédent ont été imposées à l'Iran dans le but de renverser le gouvernement ou de faire échouer les pourparlers, mais les sanctions ont perdu de leur efficacité.
La reconnaissance par Israël de l'échec de la politique de sanctions intervient à un moment où l'équipe de négociation iranienne a déclaré que l'objectif principal des pourparlers de Vienne est de « lever les sanctions ».