Au quatrième jour des pourparlers à Vienne, le camp américain parait déjà mis échec et mat: catégorique, le négociateur en chef Bagheri Kani a mis sur la table deux documents séparé, l'un concernant les exigences iraniennes pour une levée des sanctions, l'autre lié aux engagements que l'Iran serait prêt à reprendre si évidemment les sanctions étaient démantelées. A Middle East Eye, Bagheri a répété il y a quelques heures que : "L'Iran ne renoncera à aucun prix à son enrichissement d’uranium et que la balle est désormais dans le camp des Américains"; "l'Iran est très sérieux dans ses pourparlers" d'où la composition de sa délégation uniquement fait de hauts économistes et ambassadeur"; " l'Iran rejette catégoriquement un accord à minima " moins VS moins" et ne concédera pas non plus à un "PGAC plus ( incluant missile et politique régionale iranienne)", "l'Iran se moque des pressions américaines qui n'ont plus aucun effet" alors même que Washington se fatigue à multiplier des mises en gardes.
Et Bagheri d'exiger de surcroît : "les Etats Unis devront lever leurs sanctions un point c'est tout, vu que l'Amérique est le violateur de la résolution 2231 et partant du droit international" et qu'au dessus de tout, "le principal enjeu à Vienne est moins l'Iran et ses engagements que les Etats Unis et son retrait de 2015 du PGAC " Et the last but not the least : "tout ce que les médias ont dit à la fin de mandat de Rohani sur un "accord provisoire USA/Iran" relève de la simple affabulation dans la mesure où " c'était un texte bourré de parenthèse, aucun accord, aucun compromis ne se trouvant là dedans".
Signe des temps, et alors même que les Américains continuent à bluffer publiant des centaines de pages analyses entières sur ce qui pourrait arriver à l'Iran s'il quitte Vienne sans accord, l'AIEA de l'agent Grossi a jeté une pavé dans la marre en affirmant dans son rapport que "l'Iran a commencé à produire de l'uranium enrichi à l'aide de centrifugeuses plus avancées dans son installation montagneuse de Fordow, sapant davantage l'accord nucléaire de 2015 alors que l'Iran négocie avec l'Occident pour le relancer." Plus d'un observateur du camp d'en face a affirmé que l'annonce "semble vouloir saper les pourparlers indirect entre l'Iran et les États-Unis sur leur retour complet au respect de l'accord chancelant, qui a repris cette semaine après une interruption de cinq mois en raison de l'élection du président iranien conservateur Ebrahim Raissi".
Reuters ajoute : Ceci dit, l'Iran a minimisé le rapport comme étant, renvoyant dos à dos les Occidentaux et l'AIEA dont le chef, Rafael Grossi, a clairement indiqué qu'il considérait cette évolution avec inquiétude. Grossi a déclaré à la télévision France 24 : "Ceci (niveau d'enrichissement accru) sonne à nouveau la sonnette d'alarme. Ce n'est pas normal. L'Iran peut le faire, mais si l'Iran a cette ambition, il devra accepter l'inspection. C'est nécessaire". L'Iran compte se retirer même de l'Agence si les sanctions ne seront levées?
Interrogé par Times of Israel, Citrinowicz qualifie la politique du régime de Tel-Aviv sur l'Iran d'« échec ». Et de constater : " la seule façon pour les parties de réussir est que les États-Unis se montrent prêts à faire des compromis de manière significative.": " la capacité de Tel-Aviv à influencer les pourparlers à Vienne est négligeable et Israel paie le prix des erreurs de Netanyahu qui a adopté une politique – une politique qui, à la fois rétrospectivement et à l'époque, je pensais que c'était la mauvaise politique –et qui a poussé les États-Unis à se retirer de l'accord sans présenter aucune alternative. Je ne sais pas à quoi s'attendait Netanyahu, mais les Iraniens ont surmonté tous les obstacles et tous les problèmes qu'ils ont rencontrés et maintenant ils ont enrichi de l’uranium."
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À la question de savoir si la stratégie alternative est considérée comme une campagne de pression maximale, l'intéressé de répondre : « Oui, mais ce fut une catastrophe. Il était très naïf de penser qu'ils pourraient forcer l’Iran à choisir entre sa survie et son programme nucléaire. Pour l'Iran, renoncer à son programme nucléaire signifierait perdre son indépendance. L'Iran se réserve le droit d'enrichir de l'uranium comme le font les autres superpuissances. C'est aussi une source de fierté et de nationalisme. Il existe un consensus sur cette question au sein de la population iranienne. Les sanctions sous Trump étaient moins efficaces que par rapport à son prédécesseur, Barack Obama car Washington ne bénéficiait plus le soutien de la Russie et de la Chine, et les Iraniens savaient déjà comment faire face à la campagne de pression maximale. Je ne dis pas qu'ils ne souffrent pas des sanctions. Je ne dis pas que les sanctions ont été totalement inefficaces pendant l'épidémie de Coronavirus mais ils pensent désormais pouvoir résister à cette pression et garder la tête hors de l'eau en ouvrant de nouveaux marchés en Asie. "
Et alors qui est la plus malheureuse de tous dans cette affaire Iran/Occident? Evidemment Israël à qui l’Amérique demande de jouer le rôle de "méchant flic". A Vienne, il y a comme un vague parfum de Beyrouth quand le secrétaire général du Hezbollah a annoncé au plus fort du blocus US contre le Liban l'arrivée des Pétroliers iraniens. Depuis, les Américains ont ramé dans toutes les directions pour s'en sortir, sans succès. Ils en ont été même à bousiller Cesar pour éviter le pire...Tout comme à Vienne où ils finiraient par se désavouer pour éviter l'irréparable.