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Levée partielle des sanctions contre l’arrêt de l’enrichissement à 60%

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a été accueilli par Eslami président de l’Organisation iranienne de l’Énergie atomique. ©ISNA

La proposition officieuse de l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Iran sur la conclusion d’un accord temporaire avec Téhéran ressemble à un piège diplomatique.

Robert Malley, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, a proposé, lors d’une rencontre avec son homologue israélien, la signature d’un accord d’une durée limitée avec l’Iran en vue de gagner un peu de temps, a-t-on appris du site web américain Axios.

Axios précise que Washington pourrait proposer à l’Iran le déblocage d’une partie de ses fonds en échange du gel de l’enrichissement d’uranium à 60 %.

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Il est à rappeler que c’étaient les Américains qui se sont retirés unilatéralement de l’accord nucléaire sans que ce grand sens d’irresponsabilité leur coûte vraiment cher.  

Face au laxisme de la partie occidentale vis-à-vis de ses engagements pris dans le cadre de l’accord nucléaire, l’Iran, le seul qui n’avait pas manqué à ses responsabilités, s’est finalement décidé à développer ses capacités nucléaires.

Le développement de l’industrie nucléaire et l’enrichissement à 60 % de l’uranium ont fait comprendre aux Américains que le savoir-faire nucléaire de l’Iran pouvait rapidement être récupéré et qu’il ne se laissait pas anéantir par les promesses de monts et merveilles.

La croissance des capacités nucléaires de l’Iran a poussé l’Occident à choisir le dialogue pour discuter de la levée des sanctions et de la restriction des activités nucléaires iraniennes. En effet, les États-Unis entendent revenir à la table du dialogue avec les Iraniens sans subir les conséquences de leurs actes irresponsables. Pire encore, les Américains subordonnent le respect de leurs engagements antérieurs au résultat des prochaines négociations.

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Quant à l’Iran, il a déjà rempli sa part de contrat sans recevoir rien en échange. Il est donc normal que Téhéran ne puisse plus facilement faire confiance à ce que disent les pays occidentaux.

L’initiative portant sur la signature d’un accord temporaire avec l’Iran n’est pas une nouveauté, car le gouvernement de Hassan Rohani l’a déjà éprouvée une fois. Là, l’Iran n’a rien gagné qu’une pause sans intérêt de ses activités nucléaires.

Mais pourquoi les États-Unis cherchent à gagner du temps en concluant un accord temporaire avec les Iraniens ? Richard Nathan Haass, le président du Conseil pour les Relations étrangères (Council on Foreign Relations), répond à cette question à travers un article, publié le 17 novembre sur le site web du think tank américain :    

Bien que les négociations nucléaires avec l’Iran reprennent, les États-Unis devraient prévoir la suite. Les négociations sur les activités nucléaires de l’Iran devraient reprendre le 29 novembre. Mais si beaucoup accueillent favorablement cette évolution, ils doivent garder à l’esprit qu’il est peu probable que les pourparlers aboutissent. Et même s’ils le font, aucun accord ne pourrait miner les efforts de l’Iran pour s’attribuer une supériorité à l’échelle régionale ou pour accéder aux armes nucléaires.

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Les experts ont estimé que ces arrangements signifiaient que l’Iran aurait besoin d’un an pour produire des armes nucléaires s’il choisissait de le faire. Une fois ces restrictions disparues, l’Iran aurait besoin de beaucoup moins de temps pour développer un programme d’armes nucléaires à part entière. Pourtant, des milliards de dollars de fonds iraniens ont été débloqués après la signature du JCPOA, et l’Iran a bénéficié d’un allégement considérable des sanctions économiques.

Mais il y a des problèmes avec ce scénario. Premièrement, la levée des sanctions permettrait à l’Iran d’acquérir plus facilement des ressources financières qui lui permettraient de faire davantage ce qu’il fait déjà (…) au Yémen, en Syrie, en Irak, au Liban, à Gaza et ailleurs dans la région.

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Deuxièmement, il n’y a aucune raison de croire que l’Iran signerait un jour un accord nucléaire “plus long et plus fort” qui imposerait des contraintes plus sévères à son programme nucléaire pour une période plus longue.

Cela nous amène à un autre défaut avec la relance du JCPOA : l’Iran pourrait réintégrer l’accord de 2015 et, tout en s’y conformant, accélérer la production de missiles balistiques et, après 2030, augmenter considérablement son stock d’uranium enrichi. En outre, l’Iran pourrait mener à bien le développement d’armes pertinentes (…).

Dans le même temps, un Iran doté d’armes nucléaires ou capable de les produire en quelques jours ou semaines pourrait inciter un ou plusieurs de ses voisins – très probablement l’Arabie saoudite, l’Égypte ou la Turquie – à emboîter le pas.

L’alternative est de remplacer la diplomatie formelle par quelque chose de moins formel. Appelez cela diplomatie tacite ou contrôle des armements sans accords.

Si l’Iran franchissait ces lignes rouges quantitatives ou qualitatives, il en paierait le prix fort. En plus de sanctions accrues, il pourrait s’attendre à des cyberattaques ainsi qu’à des attaques militaires conventionnelles contre des installations nucléaires et éventuellement des cibles de valeur économique et militaire.

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Ce cours ne serait pas non plus sans risques et sans frais. Il n’y a aucune garantie que de telles attaques réussissent, étant donné que l’Iran pourrait et ferait de grands efforts pour protéger des éléments importants de son programme nucléaire et les reconstituer si nécessaire.

Et l’Iran aurait également la possibilité de riposter avec une gamme d’instruments et contre des cibles de son choix dans toute la région et dans le monde.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV