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Poutine remet son navire spécial au commandant en chef de la marine iranienne qui passe en revue ses troupes à bord de Makran...

Saisie de Steno Impero en 2019 par l'Iran dans le golfe Persique (Capture d'écran)

Est-ce un hasard si peu après l'impressionnante parade navale annuelle de Saint-Pétersbourg où la 77e flotte iranienne composée de Sahand et de Makran à travers quoi les experts russes n'ont cessé ces derniers jours de louer le génie iranien "qui sait faire d'un tanker un navire logistique de premier ordre avec la capacité d'appareil sans escale pendant près de 1000 jours", le ministère russe de la Défense annonce vouloir bloquer le golfe de Finlande? Un golfe qui soit dit en passant s'est trouvé juste sur le trajet de la 77e flotte iranienne qui y était arrivée juste depuis le canal de la Manche, au prix de provoquer un tweet et la réaction inquiète du ministère danois de la Défense qui a même confirmé l'avoir escorté pendant son passage? TASS vient d'apprendre que les navires et les systèmes de missiles côte-mer russes bloqueront l'accès au golfe de Finlande et que ce blocage serait dû à la tenue d'exercices militaires spéciaux, conjuguant frappes de missiles et opérations de contre-débarquement, exercices dans le cadre desquels il est prévu de fermer l'accès de cette zone à un ennemi hypothétique. L'ennemi hypothétique étant l'OTAN qui continue à harceler périodiquement la marine russe en mer Noire, en Arctique voire en Méditerranée, on ne peut ne pas y voir qu'un effort de préparation auquel pourrait ne pas être étranger la marine iranienne.

TASS ajoute : la conduite d'exercices dans cette zone peut être due au fait qu'au cours des cinq dernières années, des navires de l'OTAN se sont régulièrement approchés des eaux du golfe de Finlande à une distance suffisante pour lancer des missiles de croisière, bien que les provocations se produisent beaucoup plus souvent près de Crimée.

Vidéo : l'opération d'abordage et de saisi de Steno Impero en 2019 dans le golfe Persique (The Guardian) 

Or, les exercices annoncés dans le golfe de Finlande visent à préparer d'autres exercices à venir où, selon le ministère russe de la Défense, participera la Biélorussie voisine. L'Iran a-t-il un quelconque rapport de près ou de loin avec ce contexte trop russe?  Visiblement non sauf que l'actualité saint péters-bourgeoise de ces derniers jours est trop riche en événements iraniens pour laisser l'observateur indifférent. Dans une action symbolique montrant l'importance du "partenariat stratégique avec l'Iran", le ministère russe de la Défense a remis le navire militaire spécial du président russe Vladimir Poutine au commandant de la marine iranienne, le contre-amiral Hossein Khanzadi qui s'en est servi pour un périple naval. La remise de ce navire au contre-amiral Khanzadi a été particulièrement commentée, car il s'agit du bâtiment à bord de quoi Vladimir Poutine a assisté au défilé naval russe 2021. Marque de confiance mutuelle certes, mais peut être aussi signe d'une alliance navale à venir. 

Le contre-amiral Khanzadi a navigué à bord du navire spécial de Poutine avant d'arriver justement dans le golfe de Finlande à 35 milles du port de Saint-Pétersbourg où il a rencontré là encore de façon parfaitement significative les marins, les unités commandos et le personne à bord de Makran. Lors d'un discours, le commandant Khanzadi a tenu à revenir sur l'épisode "Atlantique" de la flotte 77e, épisode qui a donné lieu à moult spéculations, dont certains allant jusqu'à prévoir "une militarisation du canal de Panama par une marine iranienne qui ne tarderait pas à réarmer de ses vedettes rapides et de ses missiles anti navire, le Venezuela et pourquoi pas Cuba" et à "créer une coalition latino, prête à défier l'US Navy suivant le même schéma en vigueur dans le détroit d'Hormuz ".

Le commandant a dit :" la présence navale iranienne dans l'océan Atlantique s'inscrit dans le cadre des directives du Leader de la Révolution islamique. C'est une idée sur quoi on travaille depuis sept ans et qui on s'en doute a pour objectif de lever un coin du voile sur les réelles capacités navales iraniennes, sur la disponibilité de l'Iran à aller aussi loin que possible pour assurer ses intérêts et à faire preuve de l'autorité et de l'autosuffisance à l'heure où certaines parties croient encore et à tort qu'en sanctionnant on peut stopper l'Iran."

Ce périple en haute mer a par ailleurs le message suivant à livrer : la présence militaire illégale de l'axe US/OTAN dans le golfe Persique ne restera pas toujours impunie et qu'il va y avoir une réponse du tac au tac. Un trajet de 1 000 nautiques, on ne le fait pas par plaisir. 

« Ce succès signifie l’ouverture des portes de la mer du Nord et du golfe de Finlande à la flotte de l'armée iranienne. Une présence aussi puissante et aussi durable signifie que la marine d'un pays comme l'Iran est en mesure de soutenir ses forces dans des zones lointaines durant de longues périodes et aller même jusqu'à créer des alliances. Sahand et Makran ont prouvé la capacité de la marine à naviguer dans les conditions météorologiques difficiles de l’Atlantique, sans soutien et sans escale », a souligné le commandant en chef de la marine iranienne à l'adresse des unités à bord de Makran avant de revenir sur ce point qui pourrait apporter une réponse adéquate à la question qui revient à tous les esprits : "L'Iran est-il prêt ou pas à prendre part à une bataille navale contre l'axe US/OTAN si les intérêts de l'axe de la Résistance l'exigeaient?"

À lire : «L'Iran fabrique ses armes, il ne les achète pas» (Amiral Khanzadi)

"Sur environ 20 pays participant au défilé de la marine russe, seuls trois ont envoyé des navires de guerre à la cérémonie et l'Iran faisait partie de ces trois pays. Mais ce n'est pas tout : sur ces trois pays, seul l'Iran avait fabriqué lui-même son navire de guerre, le Sahand. »

Et c'est cela qui fait toute la différence entre l'Iran et d'autres alliés sur quoi pourrait compter la marine russe. Car une arme auto-fabriquée dont les codes échappent à l'axe atlantiste en vaut mille. Et ceci est la principale caractéristique de la 77e flotte iranienne. Le dernier clash OTAN/Russie remonte à à peine quelques semaines quand HMS Defender a foncé droit vers les eaux de la Crimée, quitte à simuler une opération de débarquement. Evidemment la Russie a riposté par des tirs de semonce mais cela a pris un certain temps avant que l'intrus quitte pour de bon la mer Noire.

Idem en Méditerranée où le porte avions Queen Elizabeth n'a cessé pendant un mois de singer des actes de guerre, d'envoyer même ses F-35 survoler la Syrie et l'Irak avant de comprendre que ce genre de provocations n’amèneront à rien puisqu'en cas de guerre, il faut bien plus que de simples bombages de torse. A l’époque, certaines voix en Russie prenaient un abordage de HMS Defender à l'iranienne, renvoyant à cette opération commando de l'été 2019 quand la marine du CGRI a saisi le pétrolier british "Steno Impero". C'est sans doute en se remémorant cet épisode que Poutine a laissé à Khanzadi son navire spécial. 

En attendant, le navire Makran qui a soutenu et accompagné le destroyer Sahand dans ce long voyage est en route pour le pays, HMS Diamond qui escortait le Defender lors de ce fameux clash en Crimée, a été contraint d’abandonner prématurément le CSG 21 en raison d’un « problème technique » survenu au niveau des turbines à gaz de son système de propulsion. Selon Ben Wallance le ministre britannique de la Défense, le HMS Diamond devrait retrouver le CSG 21, qui se trouve actuellement en Asie, d’ici « quelques semaines ». Seulement, sur les six « destroyers » de type 45 que compte la Royal Navy, cinq sont actuellement dans l’incapacité à prendre la mer... Eh oui la mission en haute mer, ce n'est pas à la portée de tout le monde. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV