Israël paiera cher les attaques contre l'Iran et ses alliés surtout que tout porte à croire que la présence très remarquée de la 77e flotte iranienne lors de la parade annuelle navale en Russie pourrait ne pas être sans rapport avec cette escalade dans la mesure où la Méditerranée orientale pourrait voir désormais la marine iranienne opérer aux côtés de la marine russe en soutien de la Syrie voire du Liban et ce, évidemment aux dépens d'Israël. Cela n'augure rien de bon quand on se rappelle que la Russie a rompu son entente avec Israël dans le ciel syrien et qu'elle s'est mise depuis le 18 juillet à repousser les missiles tirés contre le territoire syrien, ont averti les experts israéliens.
Le 26 juin, l'ambassade d'Iran au Liban annonce dans un communiqué sur Tweeter que « l’Iran n'a pas besoin de l'approbation des États-Unis pour envoyer du carburant au Liban ». Ce tweet annonce l'envoi de navires pétroliers iraniens au Liban et signifiant que les critiques américaines de cette mesure sont futiles. C'est en effet une réponse à une déclaration de l'ambassadrice américaine à Beyrouth, qui entendait dire que le Liban dépendait de l'Iran.
Or, le ministère libanais de l'Énergie n'a pas tardé à renoncer à la demande d'importation de carburant d'Iran par crainte de sanctions américaines. Mais il était trop tard, car les spéculations sur le pétrolier iranien partant pour le port de Beyrouth s'étaient déjà répandues.
Peu de temps après, IntelliNews a rapporté le 6 juillet que « Téhéran avait envoyé le navire Arman 114 au Liban qui battant pavillon iranien transportait du pétrole brut. “Le Hezbollah mène une opération logistique pour transférer du carburant iranien au Liban”, a précisé IntelliNews dans un tweet.
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Des tweets qui montrent une propagation de la guerre entre Israël et l'Iran. D’autant plus que pendant des années, l'Iran et Israël ont lancé des attaques de représailles contre leurs navires respectifs en Méditerranée et au-delà. Jusqu'à présent, la plupart des affrontements se sont concentrés sur des pétroliers iraniens transportant du pétrole vers la Syrie. Mais maintenant, la guerre navale a toutes les chances de s'étendre au Liban.
Mais le navire Arman 114 a jeté l'ancre le 13 juin dans le port syrien de Baniyas. Tanker Trackers, média qui suit et rapporte les expéditions de pétrole brut, a déclaré avoir suivi l'Arman 114 ainsi que deux autres navires bruts iraniens. La source a à l'époque confirmé l’accostage d’Arman 114 et de deux autres navires à Baniyas, mais pas à Beyrouth, qui était considéré comme leur destination finale, mais à Baniyas en Syrie.
Les inquiétudes immédiates concernant l'escalade du conflit entre Israël et l'Iran ont été apaisées, mais la stratégie israélienne visant à cibler les navires iraniens est toujours active. La détermination de l'Iran à attaquer les navires marchands israéliens ou américains dans le golfe Persique n'a pas non plus diminué.
La question du navire Arman 114 a montré à quel point il était facile pour l'Iran de contourner les sanctions américaines et que malgré la connaissance des États-Unis et d'Israël de l'expédition de pétroliers iraniens, aucun des deux n’est en mesure d’arrêter les transactions de l’Iran. Par ailleurs, les États-Unis sont limités par le droit international et, comme Israël, ils doivent craindre les représailles d’un Iran qui contrôle le détroit d’Hormuz: voie navigable stratégique de 21 milles par laquelle transite 20 % de l'approvisionnement mondial en pétrole.
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Surtout que l’Iran possède l'une des plus grandes flottes de pétroliers et a acquis d’importantes expériences pour tenir secret le mouvement de ses expéditions de pétrole et que de plus en plus il serait enclin à escorter ses pétroliers par ses navires de guerre. Le navire logistique Makran et le destroyer Sahand se trouvent à l'heure qu'il est dans le golfe de Finlande et rien ne dit que la prochaine et de leur périple ne soit la Méditerranée. Et c'est là que les choses se compliquent.
Au fait même lorsque les États-Unis ont pu suivre les mouvements des pétroliers iraniens, il y n’avait guère de volonté de les arrêter; non seulement à cause des limites du droit international, mais aussi en raison des inquiétudes de Washington de la vengeance de l'Iran dans le golfe Persique. L'Iran a prouvé qu'il peut faire des choses désagréables, en juillet 2019, Téhéran a même saisi un pétrolier battant pavillon britannique nommé Stena Impero. Israël devra s'en souvenir »
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Le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett a des opinions bien tranchées sur l'Iran. Il pense que chaque fois que des alliés de l’Iran, y compris le Hezbollah ou le Hamas, procèdent à une explosion à l'intérieur d'Israël, Tel-Aviv devrait attaquer l’Iran. Sera-t-il désormais en mesure de mettre à exécution ces menaces ?
Parmi les experts certains, dont Shaul Chorev, amiral israélien à la retraite qui dirige le Center for Strategic and Marine Policy Research de l'Université de Haïfa et qui a précédemment dirigé la Commission israélienne de l'énergie atomique, appelle Bennett à la prudence.
« Une attaque contre des pétroliers iraniens ne dissuadera pas l'Iran d'enrichir de l'uranium ni de coopérer avec le Hezbollah et d'autres forces proches de lui. Les conflits navals nous coûtent très cher, en particulier dans les zones du golfe Persique et de la mer d'Oman qui sont en dehors de la marine israélienne, car Tel-Aviv a peu de capacité à protéger les navires israéliens dans ces zones . Et cet état de chose pourrait atteindre la Méditerranée maintenant que la marine iranienne s'approche celle de la Russie. Tout compte le jeu ne vaut pas la chandelle », a-t-il averti.