Actualité en Afrique :
Analyse de la rédaction :
1- Nigeria: les attentats US manqués !
Alors que les États-Unis continuent dans un premier temps de faire les yeux doux aux pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Mali pour s’y incruster dans des pays, d’autres pays, pour ne citer que ceux sur le continent africain, comme la Somalie ou le Nigeria, montrent les effets d’une “coopération” à long terme avec Washington.
L’insécurité au Nigéria a tellement proliféré que les forces de sécurité n’arrivent même plus à protéger le président. Le think-tank CIP estime que la tutelle des États-Unis sur la sécurité nigériane est en grande partie responsable de l’incompétence et de la corruption au sein de l’armée nigériane.
Dans la soirée de mardi, la présidence nigériane a confirmé l’attaque contre le convoi de Muhammadu Buhari. L’attaque a eu lieu en journée, alors qu’une partie de la délégation accompagnant Buhari traversait Dutsinma et se dirigeait vers Daura (Katsina), où le président sera vendredi.
Le convoi s’est retrouvé pris dans une embuscade lorsque des dizaines d’hommes armés ont ouvert le feu. Selon la présidence, ils auraient été repoussés par l’escorte du convoi. Mais les médias nigérians, notamment Vanguard et The Guardian, estiment que les assaillants se sont retirés lorsqu’ils se sont rendu compte que le président n’était pas présent sur les lieux de l’attaque.
Selon un bilan officiel, on dénombre « quelques morts » et deux blessés, qui faisaient partie du protocole de Buhari et de son équipe de communication.
Un attentat qui met en exergue l’insécurité au Nigéria, qui ne se limite pas au nord, où l’attaque a eu lieu. En effet, le Nigéria est assailli par les terroristes de Boko Haram dans le nord, mais également par les rebelles dans le sud et les « bandits » — des groupes criminels violents — un peu partout hors des métropoles de Lagos et Abuja.
Responsible Statecraft, appartenant au Quincy Institute, a lourdement critiqué la coopération sécuritaire entre le Nigéria et les Etats-Unis. Le média met en avant un rapport récent du Security Assistance Monitor (SAM) et d’autres think-tanks et universités, pour le Center for International Policy (CIP), l’une des organisations les plus crédibles dans le monde.
Une armée du Nigéria… made in USA
Le CIP s’est intéressé par le passé aux exactions américaines au Vietnam, au soutien de Washington pour l’Afrique du Sud lors de l’apartheid, aux Contras au Nicaragua ou encore à l'armée sioniste en Palestine. Le think-tank travaille actuellement sur l’ASP, la poussée contre le soutien de la diplomatie américaine pour les armuriers privés qui fournissent les dictatures et les armées jugées corrompues.
Et selon le rapport du SAM, l’armée du Nigéria rentre dans cette dernière catégorie. Le think-tank accuse l’armée nigériane de faire perdurer l’insécurité au Nigéria. Il cite notamment 10 000 prisonniers présumés de Boko Haram morts en détention. Mais, également, les attaques contre les prisons et les kidnappings de masse que l’armée nigériane aurait facilités, voire activement soutenus.
L’organisation américaine explique que les Etats-Unis ont vendu plus de 2 milliards de dollars en équipements militaires à l’armée nigériane depuis 2017. Et entre 2000 et 2021, les Etats-Unis ont fourni plus de 40 000 cours de formation aux militaires nigérians, axés sur « le contreterrorisme et la protection des civils ».
Des armes qui « se perdent » au Nigéria
Un quasi-monopole américain dans la sécurité nigériane, qui n’empêche pourtant pas la recrudescence des attentats terroristes, des enlèvements, du trafic massif de drogues et de la criminalité en tout genre. Et, maintenant, des attaques contre le gouvernement fédéral… jusqu’à viser le président.
« Il y a peu de preuves soutenant que l’entraînement et les aides militaires américaines contribuent à améliorer la situation sécuritaire (au Nigéria). (…) Il existe, en contrepartie, des preuves sur les armes capturées par les insurgés de Boko Haram et de Daech en Afrique de l’Ouest. Allant jusqu’aux fusils d’assaut, munitions, tanks et autres véhicules », dit le rapport du SAM, qui affirme qu’« il y a également eu des rapports sur des systèmes d’armurerie lourde de la part de membres de l’Union européenne, saisis par Boko Haram ».
L’organisation préconise plus de mécanismes de transparence dans l’armée et le gouvernement nigérians, mais conseille surtout aux États-Unis d’arrêter de se dresser en tant que sauveur du monde, alors qu’au même titre que la France dans le Sahel, leur présence et leurs ingérences ne font qu’aggraver la situation sécuritaire sur le continent africain.
2- RDC/Rwanda: Moscou du côté de Kinshasa ?
Plus d’un mois après le début de la crise diplomatique entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, due notamment au soutien rwandais aux rebelles M23, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame se rencontrent ce mercredi à Luanda, en Angola.
Le 20 juin dernier, le Sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a été particulièrement tendu pour les chefs d’Etat présents. Une rencontre qui était destinée à stabiliser l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Mais si le bloc s’est accordé pour déployer une force militaire dans la région, le Rwanda avait été, sans surprise, exclu.
Car, justement, depuis mai, l’état-major de RDC, suivi par le gouvernement, accuse le Rwanda de soutenir activement le mouvement rebelle M23. Ce groupe, en hibernation depuis 2013, a repris depuis quelques mois les attentats dans la région du lac Kivu.
Le président d’Angola, João Lourenço, avait été chargé d’effectuer la médiation entre ses homologues Félix Tshisekedi et Paul Kagame par l’Union africaine. Il avait réussi à convaincre Kinshasa de relâcher deux soldats rwandais détenus en RDC. Mais depuis, les choses ont dégénéré.
En effet, si l’on en croit les Nations unies, la RDC et ses forces armées (FARDC), ainsi que la société civile congolaise, le Rwanda ne se contente plus de soutenir logistiquement le M23. Des forces spéciales rwandaises auraient en effet été déployées dans l’est de la RDC. Et la puissance de l’offensive du M23, qui occupe littéralement une partie du Nord-Kivu, ne cesse de prendre de l’ampleur.
Sur le plan diplomatique, donc, João Lourenço tentera de réconcilier Tshisekedi et Kagame avant que ce qui se limite aujourd’hui à de simples escarmouches ne se transforme en véritable guerre entre les pays voisins.
Le pari est loin d’être gagné. Non pas que João Lourenço manque de persuasion ou de moyens de pression. Mais surtout parce que Kagame et Tshisekedi — surtout ce dernier d’ailleurs — sont au pied du mur vis-à-vis de leurs propres pays et de l’image qu’ils projettent.
Pour Paul Kagame, il y a l’enjeu de la puissance militaire rwandaise, qui soutient son règne qui dure désormais depuis 22 ans. Cette image « d’homme fort » de Kagame lui a permis de gagner la confiance d’une grande partie de ses concitoyens et de profiter de la paix dans son pays pour renforcer sa position. Ce qui n’était pas gagné d’avance, Kagame est arrivé au pouvoir après l’un des pires génocides de l’Histoire et avait personnellement participé à l’invasion du Zaïre et au renversement de Mobutu. Une guerre dont il a profité pour persécuter les Hutus rwandais et congolais, et établir une influence indéniable dans l’Est de la RDC.
Du côté de Tshisekedi, qui a absolument tout fait pour réconcilier Kinshasa avec Kigali, le président congolais doit composer avec ses propres concitoyens, qui ne comprennent pas l’implication du Rwanda dans l’offensive du M23. Un élan nationaliste s’est emparé des peuples congolais : une dizaine de partis et de mouvements ont d’ailleurs mis Tshisekedi en garde, l’exhortant « de ne pas engager la République dans des accords supplémentaires qui mettraient davantage en péril la souveraineté économique et territoriale du pays ». On peut également croire que l’armée congolaise est du même avis.
Mais Félix Tshisekedi sait aussi pertinemment que l’escalade ne joue pas en sa faveur. Le gouvernement congolais a déjà explicitement exigé une condamnation internationale du Rwanda. Sans grand succès : seuls les Etats-Unis et les Nations unies l’ont fait, et de manière très équivoque.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait, fin juin, reconduit son embargo sur les armes contre la RDC, avant de le lever partiellement le lendemain. Une position ambigüe alors que la France, les Etats-Unis et Londres sont en désaccord sur la question.
En effet, suite à la demande de Kinshasa, la Russie porte une attention particulière à la situation en RDC et ne cache pas son ambition de s’introduire dans cette affaire. Le 21 juin dernier, Moscou a reçu le nouvel ambassadeur congolais Ivan Vangu Ngimbi. Et depuis quelques jours, le chargé d’affaires russe à Kinshasa, Victor Tokmakov, multiplie les rencontres avec les officiels congolais.
Kinshasa sait pertinemment que la Russie est l’une des rares puissances mondiales à avoir tout à gagner à fournir la RDC en armes malgré l’embargo, et sans risque de fâcher Kagame outre mesure — le Rwanda et la Russie travaillent en parfaite harmonie en RCA. La RDC détient de bonnes réserves de devises occidentales, et Moscou a l’infrastructure nécessaire (depuis l’Angola, le Mozambique, la Centrafrique ou le Sud-Soudan) pour exporter du matériel aux FARDC.
Sur l’autre rive, les Occidentaux n’ont que très peu d’arguments pour convaincre Kinshasa. Aucune puissance occidentale ne risquerait de provoquer Kagame ou de s’ingérer dans une crise diplomatique concernant le Rwanda. Mais en plus, depuis la poussée chinoise et américaine dans le secteur minier en RDC, les Européens en particulier n’ont que peu d’intérêts au Congo car du coup, ils n’ont jamais réussi à se frayer une place.
Ainsi donc, João Lourenço aura fort à faire pour trouver un compromis entre Kagame et Tshisekedi. Pour les deux chefs d’Etat, cette crise ne les empêchera pas de discuter. On l’a vu lors du Sommet de l’EAC, les tensions existent, mais après plus de trois ans d’un mandat axé sur la diplomatie, Tshisekedi sait « danser sous la pluie ». Quant à Kagame, son approche hostile est confortée par son influence dans la région.
Néanmoins, le médiateur de l’UA a un atout dans sa manche. João Lourenço et son homologue mozambicain Filipe Nyusi, extrêmement proches, pourraient convaincre Kagame comme Tshisekedi de faire un accord officieux. Ce qui permettrait aux deux voisins de garder la face.
En effet, Nyusi sait que Kagame convoite grandement les ressources minières dans le nord du Mozambique dont il a accordé l’exploitation au Rwanda. Quant à João Lourenço, des frontières poreuses le séparent de la RDC, et la crise migratoire est prioritaire pour l’élite kinoise, même par rapport à la menace sécuritaire dans l’Est.
Ce sera donc entre backchanneling et intérêts stratégiques que se déroulera la rencontre de mercredi entre Kagame et Tshisekedi. João Lourenço, préoccupé par sa propre réélection en Angola le mois prochain, est susceptible d’y mettre les moyens.
3- L'essor des relations Iran-Ouganda
L'Iran et l'Ouganda conviennent de tenir une réunion conjointe de la Commission économique à Téhéran
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé de la diplomatie économique Mehdi Safari et le président ougandais Yoweri Museveni ont convenu de tenir une réunion de la commission économique conjointe à Téhéran.
M. Safari est arrivé à Kampala jeudi et s'est entretenu avec le président, le Premier ministre et le conseiller du ministère des Affaires étrangères de l'Ouganda sur le développement des relations bilatérales dans tous les domaines.
A son arrivée, il s'est entretenu avec le président Museveni. Ce dernier a fait savoir qu'il avait accueilli trois anciens présidents iraniens et qu'il serait ravi d'accueillir l'actuel président Ebrahim Raïssi à Kampala.
Les deux parties ont souligné la nécessité de renforcer la coopération politique et économique sur la scène internationale.
En outre, l'Iran et l'Ouganda ont convenu de tenir une réunion de la commission économique à Téhéran, d'exporter des médicaments, des équipements médicaux, des produits de nanotechnologie et de biotechnologie, des technologies de l'information et de l'équipement orthopédique vers l'Ouganda, de coopérer dans le secteur bancaire, d'envoyer un groupe de recherche médicale en Ouganda pour étudier les maladies du bétail, de négocier l'achat de produits agricoles, la coopération dans le domaine du pétrole et de l'énergie, la production de motos et de tracteurs électriques en Ouganda, et les projets d’investissements.
Les deux parties ont également parlé du renforcement de leur coopération dans les domaines de l'agriculture, de la santé, de la médecine, des matériaux de construction, de la médecine vétérinaire et des services bancaires.
En avril dernier, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue du Burkina Faso, Mme Olivia Rouamba, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a réitéré la détermination sérieuse de l’Iran à élargir les relations avec les pays africains.
« L'Afrique occupe une place importante dans la politique étrangère du pays », a-t-il souligné.