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Des mesures conjoncturelles, iraniennes et russes, vont vers une institutionnalisation de l'anti-sanctionisme face aux USA

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L’Iran et la Russie ont ligoté les mains des Etats-Unis au sujet des sanctions. (Photo d’Archives)

Il y a quelque chose de bien plus qu'une simple alliance anti-sanction, anti-dollar qui est sur le point de se former entre l'Iran et la Russie. Ces derniers jours des informations se sont succédés par parler non seulement de la réactivation des coopérations commerciales et économiques Téhéran-Moscou mais encore des liens financièrement renforcés au point que certaines sources ont parlé de la naissance d'un RIC-Russie/Iran/Chine nouveau contre cet ancien RIC-Russie/Inde/Chine. Il y en a eu des sources qui ont évoqué d'autres aspects de cette alliance, le fait que Moscou et Téhéran sont déjà entrés dans un système de troc et que la Russie en est en réaction aux sanctions occidentales à exporter des matières premières à l'Iran en échange de la technologie, fournissant de l'acier et se faisant restituer des turbines à gaz. Mais il semblerait que les deux parties ne comptent pas en rester là. La Russie et l'Iran parlent désormais de l'élaboration des législations contre le blanchiment d'argent ! Et pourtant ce genre de législation ce sont toujours les Occidentaux qui s'arrogent le droit d'en élaborer ! Il est vrai qu'au train où vont les événements rien n'étonne ni surprend. Une Russie qui apprend de l'Iran comment contourner les sanctions, un Iran qui fait vendre le pétrole de la Russie et une Chine qui en achète à la fois à l'Iran et à la Russie. 

Ainsi l'Iran et la Russie ont discuté de la manière dont ils peuvent travailler ensemble pour lutter contre le blanchiment d'argent dans le cadre d'efforts conjoints entre les deux pays pour minimiser les impacts des sanctions étrangères sur leurs secteurs bancaire et financier. Un rapport publié samedi par l'agence de presse officielle IRNA a indiqué que des responsables iraniens et russes s'étaient rencontrés en marge de la 36e réunion plénière du Groupe eurasien sur la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme à Tachkent en Ouzbékistan.

Au cours de la réunion, Yuri Chikhanchin, directeur du Service fédéral russe de surveillance financière, connu sous le nom de Rosfinmonitoring, a plaidé en faveur d'une coopération accrue avec l'Iran sur les questions de blanchiment d'argent, selon le rapport. Chikhanchin a insisté sur le fait qu'une telle coopération renforcera les efforts conjoints de l'Iran et de la Russie pour compenser les impacts économiques des sanctions qui leur sont imposées par les États-Unis et leurs alliés, selon le rapport de l'IRNA.

Mais comment l'Iran et la Russie établissent de nouvelles règles? Pour se préparer aux sanctions US, le gouvernement russe a créé un système national de cartes de paiement, connu sous le nom de Mir, permettant de traiter les paiements par carte.

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Le front russo-iranien est assez vif. Les deux parties accélèrent les règlements mutuels dans leurs monnaies nationales au niveau le plus élevé possible, comme l'a souligné le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak : « Nous avons discuté avec les banques centrales de la diffusion et du fonctionnement du système de messagerie financière, ainsi que de la connexion des cartes de paiement Mir et Shetab [iranienne] ».

La Turquie commence aussi à accepter les cartes Mir. Işbank est devenue la première banque en Turquie à accepter les cartes Mir dans ses guichets automatiques et ses terminaux de point de vente. Grâce à la coopération mutuelle, au début de la saison touristique, les cartes Mir seront acceptées dans plus de 10 000 magasins en ligne, ainsi que dans plus de 400 000 commerçants et plus de 6 500 guichets automatiques d'Işbank qui possède le plus vaste réseau d'acquisition en Turquie.

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Lors de son déplacement à Moscou en janviers de l’année en cours, le président iranien Ebrahim Raïssi a remis à son homologue russe, Vladimir Poutine, un projet d'accord de coopération stratégique de 20 ans entre les deux pays.

Le premier Forum économique eurasiatique, qui s'est tenu la semaine dernière à Bichkek, au Kirghizistan, doit être considéré comme une étape importante dans la définition des paramètres de l'intégration géo-économique au sein de l'Eurasie. Sergueï Glazyev, ministre russe chargé de l'intégration et de la macroéconomie de l'Union économique eurasienne (EAEU), coordonne les efforts visant à concevoir un système monétaire et financier alternatif - de facto post-Bretton Woods III - en coopération avec la Chine. La Conférence de Bretton Woods, officiellement connue sous le nom de Conférence monétaire et financière des Nations unies, était un rassemblement de délégués de 44 nations qui se sont réunis du 1er au 22 juillet 1944 à Bretton Woods, New Hampshire, pour convenir d'une série de nouvelles règles pour le système monétaire international de l'après-guerre. Selon Glazyev, le Forum « a discuté du modèle d'une nouvelle monnaie de règlement mondiale indexée sur des paniers de devises et de matières premières nationales. L'introduction de cet instrument monétaire en Eurasie entraînera l'effondrement du système du dollar et l'affaiblissement définitif de la puissance militaire et politique des États-Unis.

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Il est particulièrement pertinent de comprendre comment Glazyev interconnecte la dynamique de l'UEE avec le rôle géopolitique et géo-économique croissant de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui réunit à la même table les principales puissances eurasiennes : la Chine, la Russie, l'Inde, le Pakistan, le Kazakhstan et l'Iran.

Sur le même volet, l'Iran a proposé une monnaie unique aux pays membres de l’OCS afin de faciliter les échanges commerciaux entre eux. L'assistant du ministère iranien des Affaires étrangères pour la diplomatie économique, Mahdi Safari, a annoncé que l'Iran avait officiellement proposé à l'OCS d'adopter une monnaie unifiée pour faciliter les échanges commerciaux entre les États membres. « Nous, en tant que membre observateur, avons proposé il y a un mois et demi via une lettre que nous avons envoyée à l'OCS, d'adopter une monnaie unique entre les États membres », a déclaré Safari avant d'ajouter : « Nous suivons la proposition, et si elle est mise en œuvre, elle peut résoudre les problèmes commerciaux entre les États membres de l'OCS ».

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L'Union économique eurasienne se concentre sur les questions économiques, commerciales et régionales. L’Arménie, la Russie, Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan en font partie. Elle a un marché unique intégré de 184 millions de personnes et un produit intérieur brut de plus de 5 000 milliards de dollars. L'Égypte, l'Indonésie et les Émirats arabes unis envisagent également de conclure un accord avec l'Union économique eurasienne.

Mais comment l’Iran aide-t-il la Russie à contourner les sanctions bancaires US? 

Cela fait quatre décennies que l'Iran fait l’objet des sanctions américaines, surtout sur le plan économique. Étant contraint de contourner des sanctions en série au cours de ces quatre décennies, le pays peut faire profiter la Russie de ses expériences. Par ailleurs, les arrangements ont été forgés par la Chine et la Russie et l’Iran au cours des dernières années. Comme de nombreux autres accords, cela est le résultat des liens existants entre les trois pays et des convergences récentes qui proviennent de diverses tendances et évolutions, notamment une opposition croissante aux États-Unis.

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Le nouveau groupe RIC est un acronyme pour les pays de la Russie, de l'Iran et de la Chine. Cette instance fait de grands efforts pour intégrer le système financier. L'Iran, en tant que fournisseur d'énergie de la Chine et partenaire du projet « One Belt and One Road » au Moyen-Orient revêt également une importance stratégique pour la sécurité nationale de la Chine.

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La Russie et la Chine entretiennent cependant des liens plus complexes, et les banques chinoises évitent au moins d'augmenter leurs transactions avec Moscou par crainte des conséquences des sanctions américaines. Par ailleurs, environ 80 % des transactions transfrontalières des banques chinoises se font encore en dollars et en euros, et seulement 2 % en yuan, la Russie n'a donc aucune priorité pour la Chine à cet égard.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV