Les indications montrent que le Qatar tente de jouer un rôle plus efficace dans la politique régionale et internationale en réchauffant les relations avec Téhéran au détriment de l’influence du régime sioniste dans la région.
Le président iranien est parti lundi 21 février pour le Qatar, alors que la dernière visite de ce genre a été effectuée il y a dix ans. Néanmoins, des échanges diplomatiques ont eu lieu entre les deux pays dès le début de la prise de fonction du 13ème gouvernement iranien parmi lesquels figurent la visite du ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed bin Abdul Rahman Thani à Téhéran lors de l’investiture du 13e gouvernement et sa rencontre avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian à Téhéran.
Politique de désescalade avec les pays de la région
Ebrahim Raïssi, président iranien, tient à une désescalade des tensions avec les pays de la région et en a fait une des priorités de son mandat pour élargir les relations avec les pays voisins, envoyant dans ce sens lors de sa visite à Doha, le message selon lequel, l'Iran recherche des relations bonnes, étroites, amicales, fraternelles et coopératives avec les pays de la région.
Plus tard, le boycott du Qatar en 2017 par certains pays arabes dirigés par l'Arabie saoudite a réchauffé les relations Téhéran-Doha : l'Iran a empêché une crise alimentaire au Qatar en ouvrant au pays son espace aérien. Une mesure qui a également accru le volume des échanges économiques entre les deux pays et a été saluée par l’émir Qatari qui a remercié les responsables iraniens lors d’une visite officielle effectuée à Téhéran en janvier 2020.
Objectifs qataris
Le Qatar envisage de jouer un rôle plus sérieux dans la politique régionale et internationale en réchauffant les relations avec Téhéran. Doha a même tenté de jouer un rôle intermédiaire entre l’Iran et les États-Unis, rôle précédemment tenu par Oman. A cet égard, l'émir cheikh Tamim bin Hamad al-Thani s'est entretenu début février à Washington avec le président américain Joe Biden de l'accord sur le nucléaire iranien et de ses efforts pour forger une entente entre l'Iran et les États-Unis.
De plus, le ministre qatari des Affaires étrangères Mohammed bin Abdul Rahman Al Thani s'était déjà rendu à Téhéran le 27 janvier pour s'entretenir avec son homologue iranien. Au cours des réunions, les deux parties ont discuté des développements à Vienne et du possible retour de l'accord nucléaire de 2015, ainsi que des moyens de renforcer les relations entre Téhéran et le Conseil de coopération du golfe Persique.
En effet, le Qatar a su s'imposer comme un médiateur mondial, et l'Iran souhaite en bénéficier pour l'établissement de la paix, la sécurité, la stabilité et le développement des peuples et des nations de la région. Certains analystes ont suggéré que la visite pourrait être directement liée aux pourparlers de Vienne et à l'accord imminent pour relancer le PGAC. Le Qatar sait que les tensions entre Téhéran et Washington, causeront des dommages dévastateurs à son économie et à sa sécurité tandis qu’en cas de la conclusion d'accord, la coopération avec l'Iran pourrait encore profiter au pays.
Domaines de coopération économique entre les deux pays
Par ailleurs, Doha est intéressé par les opportunités d’investissement en Iran : la courte distance de 250 km de frontière maritime entre les deux pays d'une part et le positionnement de l'Iran dans différents corridors de transport d'autre part, offrent des conditions appropriées pour développement des échanges et surtout pour une exploitation plus importante de quatre champs pétroliers et gaziers communs. A cet effet, l'Iran pourra être le centre du transport de gaz nord-sud. Plus encore, l’envoi du gaz qatari en Méditerranée et de celui de l'Iran en Irak et en Syrie permettra aux deux pays d’exporter du gaz vers les pays occidentaux qui cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe.
En outre, la question de la connexion du réseau électrique des deux pays au moyen de la ligne de transmission maritime était à son tour abordée lors des réunions entre les responsables qataris et la délégation iranienne. Les parties ont discuté de la manière d'utiliser l'électricité excédentaire du Qatar par le biais d'échanges avec des pays comme le Pakistan ou l'Afghanistan et de connecter les réseaux électriques de l'Iran et du Qatar sous la mer afin d’améliorer leur fiabilité, un dossier à l’ordre du jour depuis un an dans les négociations Téhéran-Doha.
Mais face aux coopérations d’Israël avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, les experts estiment que le renforcement des relations Iran-Qatar réduira l'influence des forces sionistes dans les pays arabes du golfe Persique et établira un équilibre dans les relations régionales étant donné que Doha n’a aucun lien avec le régime sioniste.