Le processus de normalisation des relations avec le régime sioniste implose ; Tel-Aviv devrait reconsidérer son soutien au coup d’État militaire au Soudan, a écrit le journal Haaretz dans un article intitulé « D’abord l’Arabie saoudite, maintenant le Soudan : pourquoi la stratégie de normalisation d’Israël implose ? »
Un an et deux jours après l’annonce festive selon laquelle le Soudan et Israël avaient convenu de normaliser leurs relations, Tel-Aviv se trouve face à un dilemme stratégique survenu à la suite de la prise de pouvoir par l’armée soudanaise à Khartoum, affirme le journal dans son numéro du vendredi 5 novembre.
Les spéculations sur la complicité – pour ne pas dire l’implication directe - des responsables israéliens dans le complot ont fait surface presque immédiatement après la publication d’un rapport indiquant qu’une délégation de sécurité soudanaise s’est secrètement rendue dans les territoires occupés, il y a quelques semaines, indique Haaretz.
À l’heure qu’il est, a poursuit le journal, on ignore qui a dirigé la partie israélienne. Mais du côté de Khartoum, c’est probablement Mohamed Hamdan Dagalo, le tristement célèbre commandant des Forces paramilitaires de soutien rapide et un allié clé du général Abdel Fattah al-Burhan, chef des Forces armées soudanaises et l’homme responsable du putsch, qui a présidé la délégation soudanaise.
Malheureusement, même s’il n’y a aucune raison de croire que l’armée israélienne et les responsables du renseignement ont été complices de la prise de contrôle militaire (une possibilité sur laquelle même certains journalistes israéliens ont ouvertement spéculé), Israël est loin d’être un spectateur innocent, a dénoncé Haaretz.
Israël est une partie prenante ayant des intérêts particuliers, formellement liés à la transition politique du Soudan, souligne Haaretz évoquant haut et fort la décision insensée de l’administration Trump l’année dernière de forcer Khartoum à accepter de normaliser les relations avec Tel-Aviv en échange d’un ensemble d’incitations financières vitales, y compris le retrait tant attendu du Soudan de la liste noire des États-Unis.
À une époque où le Soudan était gouverné par un accord de cohabitation fragile entre les parties prenantes militaires et civiles et subissait un délicat processus de « démocratisation », une décision aussi controversée que la reconnaissance d’Israël risquait de renforcer davantage les éléments qui constituaient le plus grand obstacle à une transition en douceur vers un gouvernement civil, a analysé Haaretz.
Cependant, il est trop tôt pour dire comment se déroulera le coup d’État militaire au Soudan, mais les récentes actions israéliennes montrent que Tel-Aviv n’a pas de véritable politique envers Khartoum. Les relations israélo-soudanaises ont besoin d’une perspective plus large et plus subtile, d’autant plus que les nouveaux chefs militaires au Soudan n’ont pas réussi à obtenir la légitimité de Washington et d’autres grandes puissances occidentales.
À cet égard, la forte condamnation de l’administration Biden, qui a déjà suspendu 700 millions de dollars d’aide financière au Soudan, devrait entraver le rapprochement entre Israël et les dirigeants soudanais plutôt qu’à le stimuler, comme Tel-Aviv semble déterminé à le montrer, ironise Haaretz.
Contrairement à l’acquiescement mondial au coup d’État contre-révolutionnaire en Égypte qui a renversé le gouvernement de Mohammed Morsi, il est peu probable que les puissances occidentales acceptent le putsch contre-révolutionnaire à Khartoum, a estimé le journal.
Renverser un leader musulman, même s’il a été élu démocratiquement, est une chose, détourner un processus politique qui promet une démocratie à l’occidentale en est complètement une autre, a conclu Haaretz avant d’appeler le nouveau Premier ministre israélien et son cabinet à reconsidérer leur approche par rapport à Khartoum.