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Beyrouth: les USA au cœur des événements sanglants d'al-Tayouneh

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les affrontements dans les rues de Beyrouth, le 14 octobre 2021. ©AFP

Les événements du jeudi 14 octobre dans la région d’al-Tayouneh à Beyrouth coïncident avec un incident inhabituel qui a eu lieu sur le terrain en Syrie, des sources syriennes ayant rapporté que des chasseurs israéliens avaient ciblé jeudi matin la région de Tadmor dans la banlieue est de Homs depuis al-Tanf.

Mais cette récente frappe aérienne du régime israélien contre Tadmor en Syrie ne s’est pas déroulée comme les précédentes agressions sionistes et ses conséquences n’ont pas été non plus les mêmes que celles des attaques lancées en juillet, août et septembre. Il y a environ une semaine, l’agence de presse SANA a rapporté que la DCA syrienne avait intercepté plusieurs cibles hostiles essayant d’atteindre des positions autour de l’aéroport T-4.

Quelques heures après l’agression sioniste contre la Syrie, la salle des opérations conjointes des alliés de Damas a publié une déclaration annonçant qu’elle avait décidé de se venger sévèrement des sionistes pour la prise pour cible des centres de services syriens dans la région. Saluée immédiatement par les groupes de résistance en Palestine, la déclaration semble être un avertissement contre des événements imminents qui vont changer les règles du conflit.

Par ailleurs, la sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, Victoria Nuland, qui se trouve à Beyrouth depuis mercredi, a rencontré des responsables libanais ainsi que des représentants d’organisations de la société civile à la suite des événements suspects au Liban et en Syrie. Reste à savoir si la visite est liée à la frappe contre la Syrie et à l’incident meurtrier dans la zone d’al-Tayouneh à Beyrouth.

Force est de constater que les événements s’inscrivent tous dans le cadre général de l’affrontement stratégique exposant l’axe de la Résistance à l’axe USA-Israël et de leurs alliés. Cette confrontation est continue et les projets américains et israéliens ont tous fini par échouer de diverses manières ; le non-effondrement économique et politique du Liban est la preuve que rien ne s’est passé comme le souhaitaient les Américains et les sionistes.

À vrai dire, la confrontation entre l’axe de Résistance et l’axe américano-sioniste s’est déroulé ces dernières années à différents niveaux. En plus des dispositifs militaires et sécuritaires, comme en témoignent les développements dans le monde arabe, connus sous le nom de « Printemps arabe » et l’émergence du groupe terroriste Daech, des outils tels que les guerres économiques, politiques, culturelles et leurs impacts sur l’opinion publique sont aujourd’hui entrés dans l’arène de ces confrontations ; les événements au Liban en sont une preuve évidente.

Depuis le début des manifestations libanaises le 17 octobre 2019, le pays est entré dans une nouvelle phase conformément au plan de l’axe USA-Israël qui, intitulé « Aider le Liban à sortir de la crise économique », prévoyait l’affaiblissement de la Résistance et de ses alliés à travers une série d’actions menées par des moyens dont disposaient les États-Unis à l’intérieur du Liban.

Cependant, les plans américano-sionistes n’ont apporté les résultats escomptés qu’après que le Hezbollah a pris des mesures pour importer du carburant de la République islamique d’Iran et sauver le peuple libanais de la crise du carburant ; quoique la démarche n’écarte pas les dangers de l’action militaire américaine à l’intérieur du Liban et des cartes entre les mains de Washington et de ses alliés.

Lors de sa rencontre avec le président libanais Michel Aoun, jeudi 14 octobre, quelques heures avant la survenue de l’incident meurtrier d’al-Tayouneh, Victoria Nuland a annoncé que Washington espérait mettre en place un nouveau gouvernement au Liban. « Réforme » et « élections parlementaires », qui ont été les mots d’ordre dans les propos de la responsable américaine, expriment clairement ce que pourraient être les positions de la Maison-Blanche à l’égard du Liban.

Quant à la « réforme », elle ne signifie rien de plus qu’une tentative de louer le Liban à des institutions mondiales influencées par les États-Unis dont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Pour ce qui est de « l’élection législative libanaise », Washington y compte pour changer fondamentalement le Parlement libanais et le remplacer par un qui l’aiderait à délégitimer la Résistance et compléter ainsi le siège qu’il impose au Liban.

Sans doute, divers partis libanais, dont la Résistance, sont conscients du jeu américain : la récente enquête judiciaire sur l’explosion du port de Beyrouth montre des signes qui laissent croire que l’affaire est manipulée dans le but de lier le Hezbollah à la double explosion au port de Beyrouth et d’affaiblir la position de la Résistance auprès de l’opinion publique libanaise à l’approche des élections législatives. L’affaiblissement du Hezbollah permettra aux Américains qui cherchent à s’emparer du pays d’y réaliser plus facilement leurs projets.

À noter que l’incident meurtrier du jeudi dans le quartier d’al-Tayouneh à Beyrouth était très similaire à celui survenu à Khalde dans le sud de Beyrouth il y a quelques mois. Pour le ministre libanais de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, « le martyre de six personnes met en garde contre des événements dangereux, et les tirs dans la tête sont un nouveau problème dangereux qui ne peut être toléré ».

En apparence, les récentes remarques du secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, au sujet de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth et les intentions de certaines parties de manipuler le processus suffisent à indiquer que la situation est dangereuse. Les observateurs vont plus loin et pointent du doigt les informations qui montrent que l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth est loin d’être factuelle et a été déviée de sa direction initiale pour s’aligner sur la politique que poursuivent les États-Unis et Israël au Liban parallèlement à la pression politique et économique sur le pays.

Un regard plus large sur les événements au Liban montre que le rôle déclinant des États-Unis dans la région conduit le pays à rechercher des alternatives à la guerre directe alors que son allié israélien est particulièrement préoccupé par la progression de la Résistance. À rappeler que lors de la visite du ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, à Washington, la partie américaine a refusé d’entendre parler de l’option militaire contre l’Iran et rejeté la demande de Lapid de fixer une date limite pour que Téhéran revienne à la table des négociations pour la levée des sanctions.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV