Avouons que le coup était monumental pour que l'axe US/Israël et leurs accointances libanaises puissent l'encaisser aussi facilement : ces pétroliers iraniens qui ayant quitté le golfe Persique ont traversé la mer Rouge puis le Canal de Suez pour atteindre Baniyas en Syrie pour arriver ensuite par la voie terrestre au Liban sans que les États-Unis d'Amérique, dont l'ambassade travaille nuit et jour depuis plus de trois ans et moyennant des millions de dollars dépensés (une dépense qui a pour but de diaboliser le Hezbollah, lui faire endosser la responsabilité du blocus bancaire, économique, énergétique qu'elle impose) puissent lever le petit doigt !
Pire encore, ce coup de maître de Nasrallah avait été si magistralement forgé qu'il a fait de l'Amérique et ce malgré elle, un de ses principaux acteurs. Et comment?
À travers cette reprise jordano-égypto-syrienne, une reprise sur fond de la relance du pipeline arabe qui ridiculise non seulement César et ses sanctions mais discrédite encore l'Amérique et sa présence militaire sur la rive est de l'Euphrate où cette dernière détourne depuis des années la richesse pétro-gazière syrienne. Côté libanais, cette reprise aurait d'ailleurs des impacts encore plus grands si on pense que le pipeline arabe que la Banque mondiale devra financer et que Shea devra dé-sanctionner au mépris du Congrès, traverserait forcément le sud de Liban soit le fief du Hezbollah et que partant de là, c'est à la Résistance d'en assurer la sécurité.
À vrai dire cette guerre "civile" dont les images nous parviennent depuis Beyrouth ces dernières heures et que la milice de l'agent Sioniste Samir Geagea a déclenchée, à coup de roupettes anti char B-7 tirés sur la foule des Libanais hostiles au juge pro-US Tarek Bittar, les Américains l'avaient cherchée au lendemain de la double explosion de Beyrouth. Mais leur scénario a lamentablement échoué rien que par ses contrevérités, ses contradictions et ses grotesques inexactitudes. Les roquettes B-7 de Geagea tirées sur la foule, les six morts et les 60 blessés qu'elles ont causés pour l'heure, et on dit que cela continue encore, c'est le prix à faire payer aux Libanais qui ne se sont pas laissés faire, c'est la vengeance US/Israël d'avoir été forcés à déclarer forfait et de la pire des manières, c'est leur tentative totalement absurde à faire arrêter la saignée.
Et quelle saignée? Le corridor maritime énergétique Iran-Syrie-Liban qui est né avec en perspective l'indépendance énergétique du Liban, car Américains et Israéliens le savent, Nasrallah et les Libanais n'en resteront pas là et que d'une manière ou d'une autre, ils impliqueront l'Iran dans leur secteur énergétique, ils feront en sorte que les Iraniens leur construisent des centrales électriques au mépris des sanctions US, qu'ils iront sous le nez et la barbe d’Israël, exploiter leurs richesses offshore, quitte à devenir un pays gazier et là, l'entité ne sera leur voler leur bloc 9. Cette semaine, le MAE iranien est arrivé à Beyrouth où il a offert aide et assistance iranienne pour reconstruire Beyrouth. Il y a là de quoi effrayer US/Israël qui à défaut de la volonté d'aider le Liban ne pourrait lui interdire que les autres volent à son secours.
Les roquettes tirées contre les Libanais l'ont visé en effet ce Liban là qui est sur le point d’émerger en pleine Méditerranée. Car que soit dit en passant, au Moyen-Orient, il n'y jamais un retour à la case départ là où il y a la Résistance. L’ambassade US et l'agent Geagea ne sauront plonger le Liban dans la guerre civile via Bittar, comme ils n'ont pas pu le faire en faisant sauter Beyrouth.
Arnaud Develay et André Chamy, tous deux juristes en droit international, s'expriment sur le sujet.