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Le rêve énergétique anti russe de l'axe Israël-Turquie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La Turquie souhaite coopérer avec Israël et l'Égypte pour réaliser son expansionnisme maritime dans la Méditerranée orientale. (Illustration)

Les événements survenus dans la région de la Méditerranée orientale et la possibilité d’une plus grande influence israélienne dans cette région semblent inquiéter le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. La conversation téléphonique d’Erdogan avec le nouveau président d’Israël, Isaac Herzog, pour lui présenter ses félicitations pour sa nomination à ce poste, montre qu’Ankara a décidé de normaliser ses relations avec Tel-Aviv. Il y a une semaine, le conseiller culturel de l’ambassade de Turquie à Tel-Aviv a commencé ses activités en Palestine occupée. Selim Öztürk a annoncé sur Twitter qu’il organiserait bientôt une soirée de la musique turque à Jaffa. C’est la première fois depuis onze ans que la Turquie nomme un conseiller culturel en Palestine. Les experts estiment que la décision d’Ankara de normaliser ses relations avec le régime israélien a deux volets importants : l’un économique, l’autre sécuritaire. En effet, les événements survenus dans la région de la Méditerranée orientale et la possibilité d’une plus grande influence israélienne dans cette région semblent inquiéter le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.

Le journal turc Milli Gazete a critiqué le président Erdogan pour avoir félicité Isaac Herzog pour sa nomination au poste de président du régime israélien, en évoquant le martyre de 248 Palestiniens en plein mois de Ramadan, massacrés par l’armée israélienne. « Nous n’avons aucun intérêt commun avec Israël », écrit Abdussamet Karataş, analyste de Milli Gazete.

Récemment, le président Erdogan qui traitait son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi tantôt de « dictateur » tantôt d’« assassin » a proposé la normalisation des relations entre Ankara et Le Caire. Ce qui a motivé le président Erdogan de prendre une telle décision était la complicité du Caire avec Tel-Aviv au sujet des réserves de gaz naturel de la Méditerranée orientale pour mettre sur pied un projet pour transiter le gaz de cette zone maritime vers l’Europe. Dans ce sens, la Turquie essaie de s’approcher également d’Israël pour ne pas se laisser marginaliser à la fois par les Égyptiens et les Israéliens dans la Méditerranée orientale. Cela explique la proposition récemment faite par Cihat Yayci, ancien contre-amiral de la marine turque.

Yayci est connu surtout pour sa théorie de « Patrie bleue » (Mavi Vatan, en turc) relative à une expansion maritime turque dans la mer Noire, dans la mer d’Égée et surtout dans la Méditerranée orientale. À rappeler que c’était lui qui avait proposé au gouvernement d’Ankara de conclure un accord de sécurité maritime avec le gouvernement d'union nationale de Fayez el-Serraj en Libye.

Cihat Yayci a publié récemment des cartes et des photographies satellitaires pour prétendre que les Grecs ont trompé les Égyptiens pour accaparer les ressources de la Méditerranée orientale. Il a proposé au gouvernement d’Ankara de conclure un accord de sécurité maritime avec Israël et l'Égypte pour déterminer les détails relatifs à la circulation des navires ou l’exploration des ressources. En Palestine occupée, certains milieux accueillent favorablement les propositions de Cihat Yayci. Le journal Israel Hayom a publié une carte diffusée par Cihat Yayci et écrit : « La Turquie est la meilleure adresse pour transiter le gaz de la Méditerranée. »

Les échanges commerciaux entre la Turquie et le régime israélien sont gérés par un Comité économique mixte (KEK, en turc). En dépit de la rupture des relations diplomatiques, les échanges entre les deux parties ont progressivement augmenté ces dernières années pour arriver de 4,341 milliards de dollars en 2016 à 6,201 milliards de dollars en 2021. En tout état de cause, les experts soulignent que pendant toutes ces années, Recep Tayyip Erdogan est connu pour le pragmatisme de sa politique étrangère. Alors que son gouvernement décide de normaliser ses relations avec le régime israélien, Ankara se dit également désireux de renforcer ses relations avec les groupes de Résistance dans les territoires palestiniens. Cependant, des voix s’élèvent à l’intérieur de la Turquie pour critiquer cette nouvelle approche de la politique étrangère d’Erdogan.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV