La Russie a menacé l'Union européenne de lui intenter des poursuites judiciaires sur des décennies en cas d'utilisation des revenus de ses avoirs gelés au profit de l'Ukraine. Moscou parle de banditisme et de violation sans précédent des normes internationales fondamentales.
Bruxelles poursuit son projet d'utiliser les bénéfices générés par les milliards d'euros d'actifs russes gelés en Europe pour armer l'Ukraine, a déclaré mardi un haut responsable.
Le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, espère que les dirigeants européens approuveront le plan lors d'un sommet à Bruxelles qui débutera jeudi 21 mars.
Avant la réunion, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a averti que Moscou utiliserait tous les mécanismes juridiques à sa disposition si Bruxelles poursuivait le plan que Moscou a qualifié de « banditisme et de vol ».
« Naturellement, nous utiliserons tous les mécanismes judiciaires possibles, ceux qui sont disponibles aujourd’hui et tous ceux qui le seront à l’avenir. »
Et d’ajouter : « Sur la base de la réciprocité, nous ne riposterons pas de la même manière, mais choisirons des méthodes différentes d'une manière qui correspond à nos propres intérêts. »
L’UE détient environ 217 milliards de dollars d’actifs de la banque centrale russe dans le cadre des sanctions imposées à Moscou pour son « opération militaire spéciale » en Ukraine. La plupart des fonds sont détenus en Belgique.
Le bloc de 27 pays estime que les intérêts sur cet argent pourraient rapporter environ 3,3 milliards de dollars chaque année.
Selon ce plan, environ 90 % de l’argent serait versé dans un fonds spécial que de nombreux pays de l’UE utilisent déjà pour se faire rembourser les armes et munitions qu’ils envoient en Ukraine.
« Les Russes ne seront pas très satisfaits. Le montant d’argent, 3 milliards par an, n’est pas extraordinaire, mais il n’est pas négligeable », a déclaré Borrell aux journalistes.
Mardi, le président du Conseil européen, Charles Michel, a appelé l’UE à passer à une « économie de guerre » et à « apporter à l’Ukraine suffisamment de soutien pour arrêter la Russie ».
L’UE a fourni à l’Ukraine plus de 30 milliards de dollars d’aide militaire, allant des munitions aux systèmes de défense aérienne, en passant par les chars Leopard et les avions de combat – en plus des aides fournis directement sur une base bilatérale par les États membres du bloc.
Les banques chinoises sous la pression de l'UE et des États-Unis
Par ailleurs, le porte-parole du Kremlin a critiqué l’Occident pour avoir exercé une « pression sans précédent » sur les banques chinoises acceptant des paiements en provenance de Russie.
« La pression sans précédent des États-Unis et de l'Union européenne sur la Chine se poursuit... Cela crée certains problèmes », a noté Peskov.
Les médias russes ont rapporté jeudi que certains prêteurs chinois avaient cessé d'accepter les paiements en yuan chinois de la part d'entreprises russes.
Les responsables de Washington et de Bruxelles ciblent les entreprises et les banques de pays tiers qui, selon eux, aident la Russie à contourner les sanctions occidentales en négociant et en exécutant des paiements.
Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, la Chine est devenue le principal allié économique de la Russie. Selon les données officielles de Pékin, le commerce entre les deux puissances mondiales a atteint plus de 240 milliards de dollars, un chiffre record aussi bien pour Pékin que pour Moscou.