Suite aux raids aériens menés par l’armée de l’air turque dans le cadre de l’opération « Griffe Épée » sur des positions kurdes (PKK et YPG) dans le nord de l’Irak et de la Syrie dimanche 20 novembre, Moscou a appelé Ankara à éviter l’escalade des tensions.
« Nous demanderons à nos collègues turcs de faire preuve d’une certaine retenue afin d’empêcher une escalade des tensions, non seulement dans les régions du nord et du nord-est de la Syrie, mais sur l’ensemble du territoire », a déclaré l’envoyé spécial du président russe Vladimir Poutine sur la Syrie, Alexandre Lavrentiev, à Astana, la capitale du Kazakhstan, où doit se tenir une réunion tripartite entre la Russie, la Turquie et l’Iran sur la Syrie.
L’envoyé spécial russe reproche à la Turquie d’avoir mené l’opération aérienne contre la Syrie et l’Irak sans prévenir Moscou ; la question sera discutée lors de la réunion sur la Syrie à Astana.
« Nous espérons convaincre nos partenaires turcs de s’abstenir d’utiliser une force excessive sur le territoire syrien », a-t-il poursuivi.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'Ankara ne resterait pas silencieux face au terrorisme.
« Comme nous l’avons déjà dit, si quelqu’un veut nuire à notre pays, nous lui ferons en payer le prix. Il y a des organisations terroristes dans le sud qui planifient ou lancent de nombreuses attaques terroristes, ce qui constitue une menace pour la Turquie », a-t-il dit.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé, lundi 21 novembre, de prolonger l’opération Griffe Épée par des attaques terrestres contre la Syrie. « Il n’est pas question que cette opération soit uniquement limitée à une opération aérienne », a averti le chef de l’État turc aux journalistes qui l’accompagnaient au retour du Qatar.
Par ailleurs, Erdogan a affirmé que les autorités turques « n’ont discuté de l’opération Griffe Épée ni avec M. [Président américain, Joe] Biden ni avec M. [Président russe, Vladimir] Poutine ».
« Les forces de sécurité turques ne demandent l’autorisation de personne, a insisté Erdogan, nous décidons et nous réalisons. Les États-Unis doivent le savoir maintenant », a-t-il déclaré.
Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a annoncé lundi, que l’opération Griffe Épée avait fait 184 morts dans le rang des terroristes, précisant que 89 cibles, dont des abris, des grottes, des tunnels et des entrepôts appartenant à des terroristes, ont été détruites lors de la première phase de l’opération.
L’opération aérienne Griffe Épée fait suite à l’attentat qui a fait six morts et plus de 80 blessés le 13 novembre dans une artère commerçante d’Istanbul. Les autorités turques accusent le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple (YPG), milice kurde basée en Syrie, qu’elles considèrent comme des organisations terroristes. Aucun groupe n'a revendiqué l'explosion tandis que le PKK et les YPG ont nié y avoir participé.
Soulignant l’accord de Sotchi de 2018 entre la Turquie et la Russie pour expulser les militants du PKK et des YPG du nord-est de la Syrie, Erdogan a déclaré : « Ils avaient la responsabilité d’éliminer les terroristes de la région. Malheureusement, bien que nous leur avions rappelé à maintes reprises, ils ne l’ont pas fait. »
Le dirigeant turc a ajouté : « Nous avons dit que nous ne resterions pas silencieux contre cela et que nous prendrions des mesures contre les terroristes là-bas, s’ils ne pouvaient pas le faire. »
La Turquie a déployé des forces en Syrie en violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.
Des militants soutenus par Ankara ont été déployés dans le nord-est de la Syrie en octobre 2019 après son invasion transfrontalière menacée de longue date dans une tentative déclarée d’éloigner les combattants des YPG des zones frontalières.
Le président syrien Bachar al-Assad et d’autres hauts responsables ont déclaré que Damas répondrait par tous les moyens légitimes à la disposition à l’offensive terrestre en cours de la Turquie.
Les propos du président turc interviennent alors qu’une frappe depuis le territoire syrien a tué, lundi 21 novembre, au mois trois personnes, dont un enfant dans une ville frontalière turque.
Le ministre turc de l’Intérieur, Suleyman Soylu, a déclaré que les décès avaient eu lieu après que cinq roquettes ont touché le district turc de Karkamis, près de la frontière syrienne, l’une d’entre elles ayant touché une école.
L’attaque à la roquette a également fait 10 blessés, dont deux grièvement.
Les médias turcs ont déclaré que des Kurdes étaient soupçonnés d’avoir tiré des roquettes depuis le nord de la Syrie.
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