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Le passage à l'arme suprême iranienne ne dépend désormais que d'une question politique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une image satellite montre, en janvier 2020, le site de Natanz et son usine d’enrichissement, situés au sud de Téhéran. ©AFP

Le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a déclaré le lundi 1er août que cette instance avait émis un ordre d'injecter du gaz dans des centaines de centrifugeuses. « Conformément à la mise en œuvre du plan d'action stratégique pour lever les sanctions et protéger les intérêts de la nation iranienne, l'injection de gaz dans des centaines de centrifugeuses a commencé », s’est-il félicité. « L'injection de gaz a été effectuée dans 500 machines IR-6 », a-t-il ajouté. Dix fois plus puissantes que les centrifugeuses de première génération, ces centrifugeuses, augmentent considérablement la capacité d'enrichissement de l'Iran. L’OIEA a injecté en juillet dernier du gaz dans des centrifugeuses IR-6 à la centrale nucléaire de Fordow. À quoi rime cette décision? En voici quelques idées qui reviennent à l'esprit des analystes.

Un certain nombre de centrifugeuses iraniennes de nouvelle génération sont exposées lors de la Journée nationale de l’énergie nucléaire iranienne à Téhéran, le 10 avril 2021. (Archives)

 

1- La capacité d’enrichissement de 500 centrifugeuses IR-6 équivaut à celle de 5 000 centrifugeuses IR-1.

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2- Ces centrifugeuses ont été installées dans les nouveaux tunnels souterrains du site d'enrichissement de Natanz, dans une profondeur de plus de 110 mètres, où elles seront hautement protégées face aux frappes aériennes.

3- Cette action montre que la République islamique d'Iran est campée sir sa position et qu’elle se dirigera vers l'enrichissement d'uranium le plus rapidement possible.

4- L’Iran détient 42 kg d'uranium enrichi à 60 % qui suffit pour fabriquer produire au moins une bombe atomique et l'installation de ces centrifugeuses augmente le niveau d'enrichissement de jour en jour.

5- La stratégie de l'Iran est de produire autant de matériel enrichi que possible afin de l'utiliser le cas échéant qui peut être des négociations nucléaires (bien qu'il n'y ait aucun espoir de revitaliser le PGAC) ou un éventuel changement de stratégie nucléaire par le Leader de la RII. 

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6- L'action de l'Iran dans l'installation et l’injection de gaz dans les nouvelles centrifugeuses est conforme au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en a été informée.

7- La dernière action a grandement effrayé les Etats-Unis, l'Europe et Israël car la quantité de matières nucléaires enrichies de la République islamique a un lien direct avec le renforcement du pouvoir de dissuasion du pays.

Un F-35 israélien. (Photo d'archives)

8- L'installation de centrifugeuses avancées dans des endroits sûrs et souterrains réduira le risque de l'action militaire contre le programme nucléaire iranien.

9- Le Leader de la RII, l’honorable Ayatollah Khamenei, a appelé en 2015 le gouvernement à élaborer un plan pour que l'industrie nucléaire du pays atteigne une capacité annuelle d'enrichissement d'uranium de 190 000 unités de travail de séparation (UTS) d'ici 15 ans.

Est-ce la fin de l'antienne israélienne "frappes aériennes contre les sites nucléaires iraniennes" tout comme la fin de la mascarade US autout des capacités nucléaires iraniennes? À peu près dans la mesure où deux des responsables iraniens ont déjà évoqué l'évasion nucléaire iranien et le fait que le passage à l'arme fatale pour l'Iran n'est qu'une question de décision politique. Alors qui est mis échec et mat? Iran ou USA?  Dans un article paru dans The Wall Street Journal, l’universitaire américain Walter Russel Mead a écrit que le contrôle du programme nucléaire iranien a échappé aux mains du monde et a été conduit sur une voie de non-retour.

Le site d'enrichissement de Natanz (Archives)

« Si les opposants au programme nucléaire iranien ont l'intention de l'arrêter, ils savent probablement bien qu'une telle volonté n'est plus d'actualité, et ce n'est qu'en faisant de nombreuses concessions à l'Iran, peut-être que les dirigeants au pouvoir à Téhéran décideront de le ralentir un peu, sinon les affaires comme la suspension de l'enrichissement ou le retrait de matières nucléaires à l'étranger ne viendront même pas à l'esprit des Occidentaux », a-t-il dit.

Alors que des missiles russes pleuvent sur Odessa et que la Chine menace de conséquences graves si la présidente de la Chambre Nancy Pelosi se rend à Taïwan, l'administration est déjà aux prises avec une situation internationale bien plus importante que tout ce à quoi elle s'attendait ou à laquelle elle s'était préparée. Quelles que soient leurs préoccupations à long terme concernant un Iran nucléaire, Xi Jinping et  Vladimir Poutine  semblent plus intéressés à renforcer l'engagement de l'Iran envers l'alliance anti-américaine qu'à faciliter un accord qui réduirait la pression sur un président américain.

Les préparatifs sont lancés le 13 avril 2021 pour enrichir de l’uranium à 60% dans le site nucléaire de Natanz. (Photo d'illustration)

Les Américains doivent voir la poussée nucléaire de l'Iran dans un contexte mondial. La crise avec Téhéran arrive à un moment extrêmement bénéfique pour la Russie et la Chine. Nos adversaires espèrent que des crises géopolitiques simultanées en Europe, au Moyen-Orient et en Asie de l'Est submergeront une Amérique étourdie et fatiguée. Alors que les conséquences économiques de ces crises se répercutent sur les économies américaine et mondiale, les révisionnistes espèrent que la cohésion des Etats-Unis à l’intérieur et les alliances à l'étranger s'affaibliront à mesure que les menaces grandiront. Pour éviter cela, l'équipe Biden doit redonner un sentiment de dissuasion et de prudence aux adversaires qui ont connu un long succès.

Si les États-Unis veulent développer une réponse efficace à cette combinaison de menaces stratégiques, nos dirigeants politiques devront aller au-delà des accusations et des jeux de blâme sur le sort du Plan global d’action commun. Les républicains peuvent dire à juste titre que la décision de Barack Obama de signer quelque chose d'aussi important et controversé que l'accord sur le nucléaire iranien sans le soutien bipartite nécessaire pour faire ratifier un traité au Sénat était une erreur historique. Les démocrates peuvent raisonnablement répliquer que le retrait unilatéral de Donald Trump a tout aggravé. Ces questions peuvent être laissées aux historiens. La question qui se pose à nous maintenant n'est pas de savoir qui avait raison en 2015 ou 2018. C'est ce que nous ferons ensuite.

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Biden a répété à plusieurs reprises que permettre à l'Iran de fabriquer des armes nucléaires n'était pas une option. Si son administration ne parvient pas à maintenir cette ligne, les conséquences pour la puissance américaine au Moyen-Orient et dans le monde seraient profondes et peut-être irréversibles. Si les Etats-Unis attaquent les installations nucléaires iraniennes et se retrouvent coincés dans un autre bourbier du Moyen-Orient, les effets sur son territoire et à l'étranger seront également désastreux. La Chine et la Russie profiteraient de la préoccupation américaine au Moyen-Orient pour semer le trouble ailleurs, et l'opinion publique américaine serait encore plus polarisée.

L'Iran installera-t-il des centrifugeuses plus avancées à Natanz ?

Peu de présidents ont été confrontés à des choix politiques aussi difficiles. Il est compréhensible, voire louable, que l'administration ait reporté le jour du jugement pendant si longtemps, mais alors que la puanteur du chat mort s'intensifie, Biden se rapproche de la plus grande épreuve de sa carrière.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV