En raison notamment de l’implication de l’Occident dans le conflit opposant la Russie et l'Ukraine, de l’absence d’un mécanisme international, du rôle marginal de l’ONU et de l’incapacité des Etats-Unis à imposer leurs conditions, la guerre en Ukraine risque de se transformer en une guerre à part entière.
La guerre en Ukraine entrera bientôt dans son sixième mois, alors que les lignes rouges que la Russie et l’Occident avaient fixées l’un pour l’autre ont toutes été violées, affirme le magazine américain Foreign Affairs, notant toutefois que les vraies lignes rouges définies par les deux parties, mais non sur papier, elles, n’ont pas encore été franchies.
Dans le cadre des règles non écrites, la Russie a accepté l’envoi d’armes lourdes et l’aide en termes de renseignement de la part de l’Occident à l’Ukraine mais s’est littéralement opposée à la présence directe des forces occidentales sur le champ de bataille en Ukraine. De leur côté les pays occidentaux qui veulent résolument la défaite de la Russie dans cette guerre, ont accepté, malgré eux, l’utilisation d’armes conventionnelles par la Russie à l’intérieur de l’Ukraine tant qu’elle n’aura pas recouru à l’usage d’armes de destruction massive.
Jusqu'à présent, les deux parties au conflit ont respecté ces règles non écrites. Cela montre que le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Joe Biden ne veulent pas élargir le champ de bataille. Cependant, la possibilité du déclenchement d'un conflit de grande ampleur n’est pas écartée : il n'existe aucun mécanisme international pour contrôler ce conflit, le rôle des Nations unies est devenu marginal, les Etats-Unis ne sont pas en mesure d’imposer leurs conditions pour y mettre fin et l'Union européenne, au lieu de faire preuve d’impartialité, soutient l’une des parties en conflit qui est l’Ukraine.
D’ailleurs, les négociations entre Kiev et Moscou se sont effondrées. Malgré les efforts continus pour arrêter la guerre, aucun acte diplomatique n'a été entrepris par les États-Unis et la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine. Les évènements précédents, l’ampleur du conflit, l’implication de l’Occident et l’utilisation de nouvelles technologies dans cette guerre sont une combinaison d’évènements qui n’annonce rien de prometteur mais les jours encore plus difficiles.
Même, la volonté conjointe de Poutine et de Biden d'empêcher l’élargissement de cette guerre à d’autres endroits du monde ne garantit en rien la contrôlabilité de ce conflit étant donné que toute guerre a le potentiel de devenir incontrôlable, même si aucune des parties ne veut aggraver la situation et ne choisit délibérément de recourir à l’arme nucléaire. Les circonstances sont telles que de nombreux experts et responsables officiels craignent que la portée du conflit entre la Russie et l'Ukraine ne s'élargisse et ne conduise à une catastrophe plus grave qui se traduirait par une guerre mondiale à part entière.
A commencer par le ministre des Affaires étrangères de la Finlande, Erkki Tuomioja, qui a récemment mis en garde contre la possibilité que la guerre se propage en Europe. Appelant à renforcer le soutien à l’Ukraine pour éviter que la guerre s’étende ailleurs en Europe, il a affirmé : « La structure de sécurité en Europe s'est effondrée à cause de la guerre en Ukraine. »
Lors de son discours prononcé au sommet de l’OTAN à Madrid, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a quant à lui, déclaré que cette alliance militaire est confrontée au plus grand défi depuis la Seconde Guerre mondiale. Le général Mark Milley, président des chefs d'état-major interarmées de l'armée américaine, a également averti il y a quelques jours que « nous sommes en danger d'une guerre entre les grandes puissances » bien que Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, ait annoncé que son pays ne permettrait pas que la troisième guerre mondiale se produise.
Medvedev qui a tenu ces propos lors d'une visite dans un centre nucléaire russe, a ajouté : « Cet arsenal d'armes modernes, efficaces et fiables réprime l'ambition de ceux qui sont prêts à déclencher eux-mêmes la Troisième Guerre mondiale, nous ne permettrons pas que cela se produise. »