La Turquie prépare le terrain pour la réouverture de la route M4. Est-ce le résultat de la catastrophique situation dans laquelle elle patauge en ce moment ? A vrai dire, l'attaque turque à l'artillerie lourde contre une station balnéaire dans le nord de l'Irak a largement déstabilisé les arrières bases turques en Syrie. Al-Akhbar y revient. C’est après la réunion tripartite entre l'Iran, la Russie et la Turquie à Téhéran qu’Ankara a prévu la réouverture de la route stratégique M4 en Syrie.
Selon al-Akhbar, à peine quelques heures après la fin de la réunion de Téhéran, dans laquelle le dossier syrien occupait une part majeure, la Turquie a entamé des mesures pour jeter les bases de la réouverture de la route d'Alep à Lattaquié afin de conclure un accord préliminaire ; un accord qui comprend la remise d'une partie de Manbij et de Tal Rifaat à l'armée syrienne.
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« Malgré l'insignifiance des mesures prises à cet égard, si l’accord aboutit et que les États-Unis n’arrivent pas à le bloquer, cela peut entraîner une ouverture limitée dans le dossier litigieux d'Idlib et la réutilisation de la route M4, en tant que l'une des routes stratégiques les plus importantes de Syrie», ajoute Al-Akhbar.
Selon le rapport d'Al-Akhbar, au lendemain du sommet de Téhéran, une délégation militaire et de sécurité turque s'est rendue dans plusieurs zones d'Idlib et a tenu plusieurs réunions, dont certaines avec les habitants des villages sur la ligne de contact de Jabal al-Zawiya, où passe la route d'Alep à Lattaquié.
Al-Akhbar, citant plusieurs sources, a écrit : « Tout en promettant d'empêcher la détérioration de la situation sécuritaire et militaire à l'avenir, ainsi que l'amélioration significative de la situation économique, la délégation a demandé aux habitants de se préparer à retourner dans leurs villages. On a également annoncé la réouverture de la route M4 et une série de points de passage économiques qui relient généralement Idlib aux zones contrôlées par le gouvernement [syrien]. »
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« Des garanties avaient été données concernant l’envoi des aides à ces villages plutôt qu'aux camps. Ainsi, la délégation a souligné à plusieurs reprises que l'affaire d'Idlib n'entrerait pas dans la phase militaire et que son sort était lié à une solution politique», ajoute Al-Akhbar.
Selon le rapport, la délégation turque a également eu des réunions à huis clos avec des membres du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham et des informations sur cette réunion ont été divulguées, ce qui indique que la Turquie a ordonné à ce groupe terroriste de contrôler la zone autour de la route et de ne pas permettre à d'autres groupes de bloquer la mise en œuvre de l'accord.
Al-Akhbar a souligné que le chef du Front Al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani a en effet tenté d'appliquer cet ordre en rassurant les villageois sur la sécurité, d'autre part, la Turquie a envoyé des troupes et du matériel militaire vers le lieu de déploiement de ses soldats à Jabal al-Zawiya. Mais il semble que la Turquie n'ait pas encore réussi à assurer la sécurité. Le cessez-le-feu a été violé à plusieurs reprises par les groupes armés et la base russe Hmeimim a été ciblée par deux drones suicides.
Rappelons que le président iranien Seyed Ebrahim Raïssi, le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan, ont tenu ce mardi 19 juillet 2022 une réunion tripartite à Téhéran sur le processus de paix en Syrie.
Nasser Kanani, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a déclaré ce mercredi lors d'une réunion hebdomadaire avec des journalistes que « l'Iran joue un rôle décisif dans les équations régionales, y compris l'établissement de la stabilité et de la sécurité en Syrie ainsi que dans la crise ukrainienne. Le sort des mécanismes unilatéralistes recourant aux menaces et aux sanctions est voué à l'échec. Les propriétaires de la région n'ont pas besoin de l’intervention des puissances extra-régionales ».
Il convient de noter que ce mardi 19 juillet lors d’une audience accordée par le Leader de la Révolution islamique d'Iran au président turc, l’honorable Ayatollah Khamenei, a souligné la nécessité de préserver l’unité des territoires syriens précisant qu’une attaque militaire contre le nord de la Syrie nuira à la Turquie, à la Syrie et à toute la région et profitera aux terroristes.