TV

Comment un pétrole sanctionné se vend de plus en plus

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le gouvernement iranien a neutralisé l'embargo sur le pétrole iranien imposé par Washington. (Illustration)

Selon les prévisions de la loi de finances, les revenus pétroliers de l’Iran en 2022 seront de 36 milliards de dollars, ce qui est presque égal aux revenus pétroliers moyens de l’ancien gouvernement iranien.

Confrontés à l’embargo pétrolier, les gouvernements iraniens ont recouru à deux stratégies différentes. Mise en œuvre sous les 11e et 12e gouvernements, la première stratégie était basée sur une possible levée des sanctions à l’issue des négociations avec les États-Unis, a affirmé Fars News dans un rapport publié le 3 juillet.

La deuxième stratégie repose en revanche sur la création d’un marché pour le pétrole de l’Iran et le considère comme le seul moyen de vaincre les sanctions pétrolières et de mettre fin à la vente du pétrole brut.

Mais qu’ont-elles apporté au juste les négociations avec Washington à l’exportation du pétrole iranien ? Pratiquement rien. La stratégie du gouvernement de Hassan Rohani pour la vente du pétrole était principalement centrée sur l’accord avec les États-Unis. Il est vrai qu’après la mise en œuvre de l’accord sur le nucléaire iranien, connu sous le nom de Plan global d’action conjoint (PGAC), les exportations de pétrole de l’Iran ont atteint 2 millions de barils par jour. Cependant dès le retrait des États-Unis de l’accord sous l’administration Trump en mai 2018, le chiffre est tombé à 200 000 voire à 100 000 barils par jour au lieu de 1 million avant même la conclusion de l’accord de Vienne en juillet 2015.

C’est ainsi que l’exportation moyenne du pétrole iranien sous le gouvernement Rohani atteindra 1,1 million de barils par jour, une quantité pareille que celle vendue à présent sous le gouvernement d’Ebrahim Raïssi. Les analysent précisent que les revenus pétroliers moyens de l’Iran au cours des 8 années du gouvernement Rohani ont été de 37,5 milliards de dollars.

En effet, les négociations avec l’Amérique n’ont fait rien d’autre que de changer le graphique des exportations du pétrole de l’Iran d’un état linéaire à un état sinusoïdal alors qu’au bout du compte la moyenne est restée la même, équivalent à celle avant l’accord. Avec l’arrivée au pouvoir du 13e gouvernement au second semestre 2021 et l’augmentation des exportations pétrolières de l’Iran vers la Chine, les revenus pétroliers de l’Iran ont augmenté de 230 % par rapport à 2020 et ont atteint plus de 25 milliards de dollars.

Les prévisions montrent que le revenu pétrolier de l’Iran en 2022 sera de 36 milliards de dollars, ce qui est presque égal au revenu pétrolier moyen du gouvernement précédent. D’autant plus que la stratégie du gouvernement d’Ebrahim Raïssi pour la neutralisation de l’embargo pétrolier n’a pas encore été pleinement mise en œuvre, comme quoi, le revenu pétrolier de l’Iran se chiffrera à 50 milliards de dollars.

Mais la nouvelle intervient alors qu’à la suite des développements en Ukraine et de la hausse des prix de l’énergie, Bloomberg News, citant un haut responsable du groupe Vitol, la plus grande société de trading pétrolier au monde, a déclaré fin juin que les États-Unis pourraient fermer les yeux sur la violation des sanctions contre l’Iran pour un contrôle de prix mondiaux du pétrole.

De même, Mike Müller, chef de la division Asie du groupe Vitol, estime à l’approche des élections américaines de mi-mandat en novembre que l’administration Biden pourrait décider de fermer les yeux sur les exportations de pétrole iranien afin de contrer l’augmentation du cours de l’or noir. Selon lui, Biden pourrait aller plus loin en permettant à l’Iran de rajouter à ses exportations de pétrole, même sans accord nucléaire.

À cet égard, l’Iran et le Venezuela, deux grands pays producteurs de pétrole frappés par de lourdes sanctions américaines, ont signé, samedi 11 juin, un accord de coopération courant sur une période de 20 années. De nombreux secteurs, dont celui du pétrole, sont concernés par cette coopération.

Sur fond des nouveaux développements dans le marché pétrolier, non seulement le pétrole d’un pays tiers n’a pas remplacé le pétrole iranien, mais encore, le ministère iranien du Pétrole a su augmenter le volume des exportations en créant un nouveau marché pour le pétrole iranien. Contrairement aux allégations, un examen de l’évolution du marché pétrolier montre que les trois pays sanctionnés, l’Iran, la Russie et le Venezuela, sont loin d’être en concurrence sérieuse face aux sanctions, et mettent en œuvre plutôt une coopération stratégique pour maintenir leur position sur le marché du pétrole.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV