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Ankara face au choix entre l’OTAN et la Russie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Erdogan devrait choisir entre l'OTAN et la Russie. (Illustration)

A un moment critique, le président turc se trouve au pied du mur : sa nouvelle prise de position par rapport à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN laisse deviner qu'il entend tenir tête aux dirigeants de l'OTAN et arracher des concessions à l'Occident.

« Nous suivons cette question de près », a déclaré hier, vendredi 13 mai, le président turc, Recep Tayyip Erdogan aux caméras de télévision au sujet de la demande d’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède. « Mais je dois dire que nous n'avons pas d'opinion positive à cet égard », a-t-il lancé.

En plus de s'opposer implicitement à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, Erdogan s’en est pris aux États-Unis en affirmant que c'était une erreur évidente d'exclure les territoires contrôlés par le PKK dans le nord de la Syrie des sanctions de la loi César et que la Turquie ne pouvait pas accepter une telle erreur de la part des États-Unis.

Cette prise de position survient alors que l’opération militaire russe contre l'Ukraine ne semble pas prendre fin et à un moment où l'OTAN a publié une déclaration annonçant que des exercices pré-planifiés seront organisés pour améliorer l'état de préparation et l'interopérabilité de ses forces sur une vaste zone allant de la mer du Nord aux Balkans.

Selon l'agence de presse turque Anadolu, 18 000 soldats participent aux exercices « Defender Europe » et « Swift Response » de l’OTAN qui se déroulent du 1er au 27 mai 2022 en Pologne et dans huit autres pays. A l’heure qu’il est, des troupes américaines, britanniques, estoniennes et lettones mènent l'exercice « Arrow 22 » en Finlande.

La Suède et la Finlande, dont l'adhésion à l'OTAN est à l'ordre du jour, participent également à ces exercices. Les deux pays, en tant que partenaires de l'OTAN, ont déjà pris part à de nombreuses activités de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord.

Bien qu’il soit connu comme étant un homme politique pragmatique qui a toujours cherché à profiter des opportunités, Erdogan n’a pas tort et les objections qu'il a formulées à l’encontre de l'Europe et au plan d’adhésion de la Suède et de la Finlande sont enracinées dans des faits tangibles.

Pour le président turc, les pays scandinaves sont devenus un terreau fertile pour les groupes terroristes. Reste à savoir dans quelle mesure sa critique est ancrée dans la réalité. La Scandinavie est une région du nord de l'Europe et, dans son sens étroit, elle comprend les trois pays que sont la Suède, la Norvège et le Danemark, tandis que dans son sens élargi, elle comprend également la Finlande, l'Islande, les îles Féroé et les îles Falkland.

Un regard sur certaines preuves objectives montre que le Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK) a étendu ses activités en Suède et en Norvège, et en partie au Danemark. Le PKK est également très actif en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et dans plusieurs autres pays européens. Outre le PKK, un nombre important de partisans de Fethullah Gulen, connus comme auteurs du coup d'État de 2016 en Turquie, sont actifs en Scandinavie.

L’opposition d’Erdogan à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN est directement liée à la géopolitique de la Turquie qui, dès son adhésion à l’OTAN, a été confrontée à de nombreux problèmes mais aussi à de petites et grandes conspirations. Cependant, de temps à autre le groupe militaire a offert des opportunités et Ankara a tout fait pour en tirer parti.

Aujourd’hui, la Turquie, qui au cours des soixante-dix dernières années, a subi à plusieurs reprises des coups d'État et des crises internes en raison des plans insidieux de l'OTAN, a trouvé une occasion pour se venger : à un an de la présidentielle turque de 2023, Erdogan peut s’opposer fermement à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN au profit de la Russie ou la soutenir en contrepartie des concessions occidentales.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV