Un second coup de taille en l'espace de dix jours après l'attaque contre le navire Moskova? Depuis le début de l'intervention russe l'armée de la Russie avait veillé à ce que les réservoirs pétroliers de Bryansk qui alimentent l'Europe soient préservés et ils l'ont été jusqu'à ce dimanche soir. Mais la Russie a été secouée ce dimanche par d’énormes explosions et un incendie massif à la suite d’une frappe présumée de l’Ukraine.
De grands incendies ont été signalés dans un dépôt pétrolier de la ville russe de Bryansk qui se trouve à peu près à mi-chemin entre Moscou et Kiev. De multiples explosions auraient été entendues, mais il n’y a aucune preuve d’une attaque de l’Ukraine sur le territoire russe. Les habitants ont été évacués de leurs maisons proches du brasier. La cause de l’incendie n’a pas été encore communiquée.
Alors que certaines sources se sont demandées si l’Ukraine était responsable, Reuters a rapporté qu’« aucune indication immédiate » ne dit que l’incendie était lié à la guerre. Les incendies ont été signalés dans la même région que les responsables russes ont déclaré avoir été touchées, la semaine dernière lors d’une attaque frappant des bâtiments résidentiels et blessant sept personnes.
Des vidéos des incendies de Bryansk ont largement circulé sur les réseaux sociaux, montrant des colonnes de fumée s’élevant des installations de la ville russe.
La région de Bryansk borde l’Ukraine et se trouve à environ 240 miles de Moscou. L’oléoduc Druzhba est le plus long oléoduc et l’un des plus grands réseaux d’oléoducs au monde.
Le média ukrainien Euromaidan Press a émis l’hypothèse que les incendies concernaient le pipeline Druzhba, qui relie la Russie à l’Europe.
Les incendies à Bryansk se sont produits après une rencontre dimanche 24 avril, à Kiev avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Ils devaient discuter des armes après que la Suisse ait bloqué l’exportation de ses munitions. Zelensky voulait parler des types d’armes qui pourraient être fournis à l’Ukraine pour l’aider dans sa lutte contre la Russie, selon Reuters.
Un conseiller du président ukrainien a déclaré dimanche que la rencontre, qui n’a pas été confirmée par les États-Unis, avait eu lieu, selon Le Washington Post. C’était la première fois que des responsables américains de haut niveau se rendaient en Ukraine depuis le début de la guerre. Et on se demande si le plan d'attaque y avait été préparé.
Au cours de la réunion, Blinken et Austin ont annoncé plus de 300 millions de dollars de financement militaire étranger et ont déclaré que la vente de 165 millions de dollars de munitions a été approuvée, selon la Presse associée. Ils ont également annoncé que le président Joe Biden devrait dévoiler son candidat au poste d’ambassadeur en Ukraine et que des diplomates américains reviendraient dans le pays cette semaine. À Kiev, l’ambassade américaine restera fermée, selon le rapport.
Mais une chose est sûre : Bryansk a été visée pour couper le pétrole à l'Europe. Les USA seraient-ils fâchés contre les Européens ? Évidemment et pour cause, le contournement des sanctions US par tout le monde y compris les Européens avec en toile de fond l'affaiblissement du dollar.
La Commission européenne a annoncé que les compagnies de l’UE peuvent payer en rouble, le gaz qu’ils achètent à la Russie, sans qu’ils violent les sanctions imposées à ce pays.
Moscou avait averti ses clients européens de son gaz, que s’ils ne paient pas en roubles, il stopperait leur approvisionnement en gaz. En effet, Vladimir Poutine a annoncé le jeudi 31 mars que les acheteurs de gaz russe de pays « inamicaux » devront à partir de vendredi 1er avril payer en roubles depuis des comptes en Russie sous peine d’être privé d’approvisionnements, mesure touchant surtout l’Union européenne. Mais les pays européens ont répondu qu’ils continueront de payer en euros et dollars comme cela est « écrit dans les contrats ».
Alors que le conflit s'enlise en Ukraine, l'Europe est en phase de plier devant les exigences russes. La Commission européenne a envoyé une lettre aux pays de l’Union européenne expliquant que les entreprises de l’UE pourront payer le gaz russe en roubles. Cette commission, qui régit les transactions commerciales des pays de l'Union, accepte donc les conditions russes même si elle émet des réserves. Des réserves qui conditionnent le payement de ces hydrocarbures en roubles sans toutefois violer les sanctions imposées à Moscou.
Pour la Commission européenne, le paiement du gaz en roubles « pourrait inclure la Banque centrale russe dans le schéma de transaction, ce qui violerait les sanctions de l’UE ». Cependant la commission indique dans son document qu’il est « possible d’effectuer des paiements en dollars ou en euros (sur un compte dans une banque russe pour une conversion ultérieure en roubles) dans le cadre des contrats existants ».
Elle explique que l’un des schémas possibles pour payer le gaz en roubles consiste à faire ouvrir des comptes en dollars ou en euros dans une banque russe par les sociétés recevant le gaz, sur lesquels la société européenne recevant le gaz transfère les devises, les convertit en roubles et effectue le paiement. Ce système empêche les pays occidentaux de bloquer les paiements.
Ainsi, la pression russe commence à donner ses fruits dans un contexte énergétique difficile pour l’Europe. Il s’avère que les sanctions européennes ne peuvent résister à leurs besoins en hydrocarbures. Cette dépendance énergétique à la Russie a été signalée par plusieurs experts dans le domaine. L'Amérique pouvait-elle rogner les freins et assister à l'effondrement de son régime de sanctions sans rien faire?